Dictionnaire de l'économie 2000Éd. 2000
C

Chômage (suite)

Les travailleurs développent une stratégie pour trouver un emploi. Celle-ci dépend du coût de la recherche d'emploi et des opportunités qui s'ouvrent à eux ainsi que des avantages et des inconvénients des différents emplois qu'ils trouvent. Une stratégie consistera alors à déterminer un salaire et des caractéristiques de l'emploi minimales (appelées « de réserve » par les économistes). Le travailleur acceptera le premier emploi qui satisfera ces exigences minimales : au cours de sa recherche, il pourra donc refuser quelques emplois. En ce sens, le chômage sera « volontaire ». Dans cette optique, une indemnisation généreuse du chômage peut avoir des effets pervers : en diminuant le coût de la recherche, elle a tendance à relever les exigences minimales du chômeur en quête d'emploi et donc à allonger sa recherche, ce qui augmente le taux de chômage.

M. S.

➙ Emploi, marché du travail, mobilité sociale, NAIRU, Quelles solutions contre le chômage ?

Chômage (taux naturel de)

Terme proposé par Milton Friedman pour désigner le chômage inévitable.

Selon Friedman, le chômage existe même dans une économie en équilibre, compte tenu des imperfections de marché (inadéquation entre les qualifications demandées par les employeurs et celles proposées par les employés, coût de la mobilité des travail-leurs...). Le plein-emploi absolu est impossible, sauf au prix d'une accélération de l'inflation. Friedman a utilisé ce terme dans sa critique de la courbe de Phillips pour plaider l'abandon du plein-emploi comme objectif de politique économique

P. L.

➙ Keynésianisme, NAIRU, synthèse néoclassique

Circuit

Flux monétaires entre des groupes d'agents économiques.

La théorie économique a le plus souvent pour objet un ensemble de marchés interdépendants, dans lesquels les individus agissent selon les informations véhiculées par les prix formés sur ces marchés. L'approche en termes de circuit met au contraire l'accent sur les relations monétaires existant entre des groupes d'agents mutuellement liés par des flux de dépenses ; par exemple, les salaires sont un coût pour les employeurs, mais aussi un pouvoir d'achat avec lequel les salariés achètent les biens produits

P. S.

➙ (J. M.) Keynes, marché, (F.) Quesnay, (J. A.) Schumpeter

Clark (Colin Grant)

Économiste anglais (né en 1905), qui rendit célèbre la distinction des trois grands secteurs d'activité économique (primaire, secondaire et tertiaire).

Colin Clark enseigna l'économie en Grande-Bretagne et en Australie durant l'entre-deux-guerres, et dirigea l'Institut de recherche en économie agricole d'Oxford. Il étudia, plus particulièrement sur le plan statistique, la répartition du revenu national et sa relation avec l'évolution des grands secteurs d'activité, qui occupent une place différente suivant le stade d'évolution des sociétés. Ainsi, quand la société se développe, la part du secteur primaire (agriculture, mines...) tend à diminuer au profit de celles du secteur secondaire (industrie et transformation des matières premières) et du secteur tertiaire (services, administrations), ce dernier représentant environ les trois quarts de l'activité dans les pays les plus avancés. Les principaux ouvrages de C. G. Clark sont The National Income (1924-1931) et The Conditions of Economic Progress (1940)

P. B.

➙ Secteur primaire, secteur secondaire, secteur tertiaire

Classe sociale

Regroupement d'individus ayant des intérêts économiques communs.

Pour les marxistes, toute société est constituée de classes sociales aux intérêts antagonistes, dont la lutte est le moteur de l'histoire. L'appartenance à une classe sociale est liée à l'existence d'un droit de propriété, qui détermine la place de chacun dans le système productif et l'importance de ses revenus. Ainsi, durant l'Antiquité, s'opposaient les maîtres (propriétaires du sol et des esclaves) et ces mêmes esclaves. À l'époque du féodalisme, les seigneurs imposaient aux serfs qui travaillaient dans leurs domaines un ensemble de redevances, en travail gratuit (les corvées), en nature (part des récoltes) ou en argent. Dans la société capitaliste, la classe bourgeoise (ou capitaliste), propriétaire des moyens de production (usines) et d'échange (entreprises commerciales), exploite la classe prolétarienne, constituée de l'ensemble des travailleurs, qui ne sont propriétaires que de leur force de travail et qui sont contraints, pour survivre, de la louer aux capitalistes moyennant le paiement d'un salaire.

Concept politique et réalité sociologique

Mais, selon Karl Marx, une classe « en soi », c'est-à-dire déterminée par ces conditions juridiques et matérielles, ne devient une classe « pour soi », jouant un rôle actif, que lorsque ses membres ont pris conscience de leur appartenance de classe. Ainsi, pour que la classe ouvrière devienne révolutionnaire, les ouvriers doivent d'abord comprendre que leurs intérêts ne seront vraiment pris en compte que s'ils s'approprient l'ensemble des pouvoirs.

Le concept de classe sociale est aussi utilisé par des économistes ou des sociologues dans un sens de classification non conflictuelle. C'est ainsi que F. Quesnay parle de « classe productrice » à propos des agriculteurs et de « classe stérile » à propos des artisans, ou que D. Ricardo distingue trois classes dans la société (les propriétaires fonciers, les capitalistes et les ouvriers), du fait que leurs revenus n'ont pas la même origine

P. B.

➙ Capitalisme, (K.) Marx

Clause de la nation la plus favorisée (NPF)

Clause relative aux accords commerciaux internationaux, par laquelle un pays s'engage à appliquer à l'ensemble des pays les modalités d'accès à son marché intérieur les plus favorables parmi celles qui sont proposées.

Ce traitement de la nation la plus favorisée (NPF) s'applique automatiquement aux pays membres de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) pour les biens et les services. Si, par exemple, le Japon décidait d'abolir les droits de douane au profit du blé importé d'Argentine, il devrait également libérer l'importation de blé français, américain, etc.

Cette clause, déjà stipulée dans les accords de libre-échange du xixe siècle, permet d'assurer aux pays exportateurs que les avantages dont ils bénéficient ne seront pas remis en cause par des concessions préférentielles en faveur de pays tiers.