Dictionnaire de l'économie 2000Éd. 2000
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Profit

Revenu provenant de la propriété industrielle ou d'une activité commerciale ou financière.

Le profit d'une entreprise, appelé bénéfice dans le langage courant, correspond à la part des recettes qui lui reste après avoir effectué toutes les dépenses liées à la production (achats de matières premières, paiement des salaires et des cotisations sociales...), et après avoir versé des intérêts à ses prêteurs. Une partie de ce profit est ensuite prélevée par l'État au titre de l'impôt sur les bénéfices.

Le profit net restant est lui-même en partie distribué aux propriétaires de l'entreprise (les actionnaires) sous forme de dividendes, et en partie conservé pour accroître la capacité de production (autofinancement).

Aujourd'hui, en France, le profit net des entreprises représente approximativement 15 % du produit intérieur brut, les salaires représentent 60 %, et les recettes fiscales de l'État, 25 %.

Les théories du profit

Le profit est envisagé différemment par les diverses théories économiques. Pour certains, il est une récompense normale du risque lié à toute avance ou immobilisation de capital ; aussi, plus le risque est grand, plus le temps est long entre le moment où l'investissement est effectué et celui où la mise de fonds est récupérée, plus le profit doit être élevé. Pour d'autres, le profit est un revenu éphémère, provenant d'un excès de la demande sur l'offre. Si la concurrence joue pleinement, le profit attire de nouveaux producteurs qui vont accroître l'offre ; cela tendra à faire baisser les prix jusqu'au niveau des coûts de production et éliminera le profit. Pour les marxistes, au contraire, le profit est nécessaire au bon fonctionnement du capitalisme puisqu'il constitue la finalité de tout investissement ; mais il provient de l'exploitation de la force de travail des prolétaires, qui créent une plus-value se transformant en profit lors de la vente des marchandises.

L'existence d'un profit élevé ne conduit pas nécessairement à des créations d'emplois ou à des investissements importants, comme le montre le comportement des entreprises durant les années 1990. En effet, après la réduction des profits durant les années 1980 (en raison de coûts de production élevés et d'une conjoncture mondiale défavorable), leur rétablissement  durant  la  décennie  suivante  s'est  fait en  grande  partie  grâce  à  la  baisse  du  nombre des employés. Depuis, les grandes entreprises ont adopté une stratégie visant à poursuivre la compression de leurs effectifs et du coût salarial, considéré par les marchés financiers comme une garantie de profits importants pour l'avenir.

Parallèlement, de nombreuses entreprises ont choisi de distribuer des dividendes importants à leurs actionnaires, plutôt que de privilégier l'autofinancement et l'accroissement de leur capacité de production : cela explique la hausse du cours des actions mais aussi la stagnation des investissements des entreprises industrielles (en France, en particulier durant les années 1990), qui peut menacer leur croissance à long terme

P. B.

➙ Capitalisme, plus-value

Progrès technique

Accroissement des connaissancesappliquées aux conditions de production.

Le progrès technique est une des principales sources de la croissance. Sans lui, celle-ci serait limitée car elle résulterait d'un simple accroissement quantitatif du travail et du capital.

Depuis l'essor du capitalisme industriel au milieu du xixe siècle, le progrès technique a surtout pris la forme de machines qui se substituent aux tâches effectuées par les hommes (progrès technique dit labour-saving) et accroissent la productivité de la main-d'œuvre employée. À leur tour, les machines sont remplacées par d'autres plus per- formantes : le progrès technique est dit « incor-poré » au capital. La fameuse « loi de Moore » (un des fondateurs d'Intel) en est une illustration spectaculaire : la puissance des microprocesseurs double en moyenne tous les 18 mois depuis leur apparition. Le progrès technique est aussi « incor-poré » au travail car il suppose une élévation générale du niveau de l'instruction.

Le progrès technique n'est pas linéaire : à des phases d'innovations mineures succèdent des périodes de rupture technologique qui recomposent les bases techniques du système productif. Les gains de productivité issus des révolutions technologiques n'apparaissent pas immédiatement car ils impliquent des réorganisations profondes du système productif. Ce fut le cas hier de l'électricité, c'est aujourd'hui le cas de l'ordinateur.

Le progrès technique a des effets controversés sur la qualification des emplois. Certains soutiennent qu'il tend  à  déqualifier  le  travail  en  le  polarisant  entre une minorité de qualifiés et une majorité de non-qualifiés ; d'autres pensent qu'il substitue du travail qualifié au travail déqualifié et engendre ainsi l'exclusion des non-qualifiés du marché du travail

A. R.

➙ Accumulation, automatisation, compétitivité, croissance endogène, innovation, qualification, recherche et développement, (J. A.) Schumpeter, technologie

Propension à consommer

Intensité du désir de consommer des ménages, mesurée par le rapport entre la consommation et le revenu.

Ce concept a été introduit par Keynes pour mesurer l'impact de l'augmentation du revenu sur la consommation globale, et l'effet de relance de celle-ci sur l'activité et l'emploi. Selon Keynes, la propension à consommer diminue quand le revenu augmente, car les besoins principaux peuvent être satisfaits avec une part plus faible du revenu. Pour relancer l'activité, il convient donc d'élever surtout les bas revenus, dont les détenteurs ont une propension à consommer plus forte

P. L.

➙ Budget des ménages, épargne, revenu permanent

Propriété (droits de)

Ensemble des règles juridiques spécifiant les relations entre les individus à propos de l'usage des biens.

La théorie économique des droits de propriété, issue des travaux de Ronald Coase, montre que les décisions des agents (achat de certains biens, techniques de production utilisées, etc.) dépendent du type de droits concédés aux individus. Ces droits déterminent en effet la répartition des coûts et bénéfices des actions possibles. Ainsi, selon qu'elle a ou non à supporter le coût de la pollution engendrée par ses procédés de production, une firme va faire des choix techniques différents ; selon que les voisins ont ou non le droit de passage sur un terrain, son propriétaire choisira ou non d'y construire sa résidence.