Dictionnaire de l'économie 2000Éd. 2000
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Portefeuille (suite)

Si la détention directe d'actions n'est le fait que d'un ménage sur huit, en revanche la moitié des ménages français possèdent des valeurs mobilières, notamment par l'intermédiaire de sicav ou d'assurance-vie. Ce mouvement est allé de pair avec une plus grande diversification des placements. L'offre de plus en plus importante de produits financiers et le désir de constituer une « épargne de précaution », dans un contexte de chômage et d'inquiétude pour les retraites, ont conduit de nombreux ménages à se constituer un portefeuille, même modeste

D. G.

➙ OPCVM, patrimoine, placement

Post-keynésiens

Le courant post-keynésien regroupe les économistes qui cherchent à prolonger le message théorique de Keynes. Il se distingue des nouveaux keynésiens, qui acceptent une synthèse avec la théorie néoclassique.

Une première génération de post-keynésiens, regroupés à l'université de Cambridge, chercha durant les années 1950 à généraliser la théorie de J. M. Keynes et à y introduire une perspective de long terme. Ils s'inspirèrent pour cela de Ricardo, de Marx ou de Kalecki. Les principaux représentants de ce courant furent R. Harrod, N. Kaldor, R. Kahn et J. Robinson.

À partir des années 1970, une seconde génération, plus nord-américaine, répondit aux critiques monétaristes en réfléchissant à nouveau au problème du court terme, mais en renouvelant la démarche de Keynes, principalement sur les thèmes de la monnaie et du financement, de l'incertitude et du circuit économique. Le Journal of Post-Keynesian Economics regroupe les travaux    de    ces    économistes.    Citons,     entre        autres, P. Davidson, J. Kregel, M. Lavoie, H. Minsky et le Français A. Barrère.

Une approche tenant compte des institutions, des rapports de forceet du temps

Dans tous les cas, un état stable de plein-emploi ou une croissance équilibrée apparaissent comme des cas exceptionnels. Les anticipations des entrepreneurs en situation d'incertitude, l'absence de neutralité de la monnaie, les inégalités de pouvoir entre les différents types d'agents tiennent une place essentielle. Comparée à la théorie économique dominante postulant l'équilibre atemporel, l'approche est plus réaliste et plus historique. La place des institutions et des organisations est essentielle, contrairement à l'individualisme méthodologique des néoclassiques. Mais, surtout, l'élément central est l'analyse d'une économie monétaire de production et non celle d'une économie d'échange où la monnaie n'aurait aucun rôle actif.

Toutefois, les post-keynésiens passent en général plus de temps à attaquer l'orthodoxie qu'à essayer de construire des ponts entre eux. D'où une mosaïque d'interprétations qui nuit à la cohérence de ce courant de pensée

E. L. H.

➙ Circuit, Harrod-Domar, incertitude, préférence pour la liquidité

Pouvoir d'achat

Quantité de biens et de services que permet d'obtenir, pour une unité de base donnée (individu, famille, etc.), une somme d'argent déterminée.

En raisonnant à prix constants (l'inflation étant éliminée), on mesure le pouvoir d'achat d'un revenu. Si on prend un revenu nominal fixe, on mesure alors le pouvoir d'achat de la monnaie. On obtient ainsi la formule : indice du pouvoir d'achat = indice du revenu nominal/ indice des prix x 100.

Il est également possible de mesurer le pouvoir d'achat par rapport à un seul bien. Une bicyclette représentait ainsi près de 1 400 salaires horaires (heures) d'ouvrier à la fin du xixe siècle, 420 en 1910, 113 en 1950 et seulement 37 en 1980. Entre 1950 et 1980 (les Trente Glorieuses), le pouvoir d'achat du gain horaire ouvrier moyen français a été multiplié par 3,3, grâce essentiellement aux progrès de la productivité. Ce calcul donne pour chaque bien ou service un chiffre différent. Le choix des articles est donc central dans la construction des indices de prix. L'INSEE les construit à partir de 303 postes

E. L. H.

➙ Indexation, inflation, parité des pouvoirs d'achat

Prebisch (Raúl)

Économiste argentin (1901-1986), ayant #ordm;occupé divers postesde responsabilité dans des organismes internationaux (CEPAL, CNUCED).

Spécialiste du développement, il fut à l'origine du courant nommé l'« école de la dépendance », selon lequel le sous-développement ne relève pas d'un retard mais d'une soumission des pays de la « périphérie » à l'égard des intérêts de ceux du « centre », plus développés (Capitalismo periférico, 1981)

P. U.

Précarité

Formes d'emploi ne garantissant pasune présence à long terme ou permanente dans l'entreprise. Le terme est utilisé plus généralement pour décrire la situation de ménages dont les revenus ou le logement sont incertains et fluctuants.

Contrairement aux emplois statutaires et aux contrats à durée indéterminée (CDI), les emplois précaires constituent un volant de main-d'œuvre auquel on fait appel lorsque l'activité se développe et dont on se sépare facilement si les besoins de l'entreprise le réclament. Depuis le début des années 1980, les emplois précaires sont en constante augmentation.

La notion de précarité regroupe les contrats à durée déterminée (CDD), l'intérim, les stages (en formation alternée, par exemple) et les contrats aidés (contrats emploi-solidarité, notamment). En 1999, l'INSEE estimait que les emplois précaires représentaient au moins 10 % des effectifs salariés (soit un total de 1,7 million de personnes) contre 3 % en 1983, et le quart des créations d'emploi. Le terme « recruter » n'a plus tout à fait le sens qu'il avait auparavant : dorénavant, 90 % des recrutements concernent des contrats à durée déterminée et des contrats d'intérim.

La précarisation de l'emploi, liée à l'accroissement de la concurrence et aux politiques libérales destinées à lutter contre les « rigidités », a sensiblement modifié le marché du travail. De 1985 à 1999, le recours à ces formes d'emploi a été multiplié par 2,7 et ce sont, en premier chef, les jeunes qui sont concernés : 47 % des emplois des 15-24 ans sont considérés comme « précaires ». Cette réalité touche également les jeunes diplômés. Alors que l'intérim et les CDD doivent, en principe, permettre à l'entreprise de faire face à un besoin de personnel pour une durée limitée dans le temps, les entreprises tendent de facto à les utiliser comme des outils de gestion permanents. D'après les estimations, on considère qu'un peu moins d'un tiers des jeunes en stage finissent par être recrutés en contrat à durée indéterminée à l'issue d'un statut « précaire ».