Dictionnaire de l'économie 2000Éd. 2000
I

Italie (suite)

Le régime fasciste durera vingt ans. Sur le plan politique, il invente un totalitarisme de plus en plus oppressant, mais sa doctrine économique est fluc-tuante : libéralisme, orthodoxie financière et répression syndicale jusqu'à la crise de 1929 ; puis développement d'un modèle dirigiste. Les capitaux sont orientés vers des grands travaux (construction d'autoroutes, assèchement des marais Pontins), les secteurs menacés de faillite sont nationalisés, l'autarcie devient la règle et l'industrie est incitée à produire des armes. L'expansion coloniale est un échec et l'Italie fasciste se lance dans la Seconde Guerre mondiale aux côtés d'Hitler. La chute de Mussolini en 1943 entraîne un changement d'alliance.

Du premier au deuxième « miracle »

Après la guerre, la présence du plus grand parti communiste d'Occident va valoir à l'Italie une haute surveillance américaine. Le plan Marshall y sera généreux, permettant enfin le « décollage économique ». Un régime parlementaire dominé par la Démocratie chrétienne – mais associant les communistes aux décisions – met en place un État providence modernisateur. Jusqu'aux années 1970, la grande industrie absorbe la main-d'œuvre venue des campagnes du Sud, des transferts massifs permettent de combler une partie du fossé qui sépare les niveaux de vie entre Centre-Nord et Mezzogiorno. Les chocs pétroliers frappent durement ce pays sans ressources énergétiques (et qui renonce par référendum au nucléaire). L'inflation, la crise de compétitivité et des tensions sociales culminant dans un terrorisme sanglant marquent les années 1975-1985. Néanmoins, l'Italie a vite retrouvé un taux de croissance enviable. Son second « miracle » est porté par la demande intérieure – stimulée par un grand laxisme budgétaire – et par l'exportation, dopée par une lire « fondante ».    L'enrichissement    de    l'Italie    est   tel – grâce notamment à un fort taux d'épargne – que son PIB dépasse en 1985 celui de la Grande-Bretagne. L'Europe découvre alors les « nouveaux condottieres » – tels le patron d'Olivetti, Carlo De Benedetti – ou le créateur des télévisions libres, Silvio Berlusconi, qui investissent hors d'Italie.

Deux Italie, ou trois ?

Italie du Nord riche et industrielle, Italie du Sud sous-développée et mafieuse. Ce cliché garde une part de vérité, mais doit être nuancé. Si les grandes industries implantées à coups de subventions n'ont guère prospéré dans le Sud, des poches d'activités très dynamiques s'y développent depuis dix ans. Le leader mondial du canapé en cuir, Natuzzi, est installé à Bari, l'usine Fiat de Melfi est la plus productive du groupe, le port de Gioia Tauro est devenu l'un des plus grands de Méditerranée pour les porte-conteneurs. Reste que le chômage dépasse 20 % dans le Sud alors que certaines zones du Nord sont en plein-emploi.

Les « trois Italie » ont été décrites par le sociologue Arnaldo Bagnasco : la première est la grande industrie traditionnelle du Nord-Ouest ; la seconde est celle des « districts industriels » qui, dans la plaine du Pô et les vallées du Nord-Est, ont créé un modèle original fait au départ de réseaux de PME familiales spécialisées dans des productions traditionnelles (textile, cuir, meubles, carrelages) et qui ont gagné l'ensemble de la péninsule ; la troisième est cette Italie de la communication, de la mode, du design, qui a son centre à Milan. Le pays compte 2 millions de petites entreprises, mais trop peu de grosses.

Une difficile remise en ordre des finances publiques

Le troisième « miracle » est plus amer : l'Italie doit mettre en ordre ses finances et s'ouvrir à la concurrence si elle veut participer au projet de monnaie unique européenne. Elle le fait sur fond de cataclysme politique : des juges milanais ont mis au jour les mécanismes d'une corruption généralisée, alimentée par les fonds publics. Les anciens partis se sabordent, le Nord est tenté par le séparatisme, mais une classe politique renouvelée va s'atteler au redressement budgétaire. Syndicats, patronat et pouvoirs publics tirent dans le même sens. Et, en six ans, au prix d'un effort colossal, l'Italie se qualifie pour l'euro. Elle en est récompensée par une chute de ses taux d'intérêt, mais son économie a du mal à se remettre de la compression de la demande interne. Elle achève le siècle avec le taux de croissance le plus faible de la zone euro

Italie

Population : 57 298 000 hab.

PNB (1998) : 1 134,39 milliards de $

PNB/hab. : 20 170 $

Structure de la population active : agriculture 6,8 %, mines et industrie 32 %, services 61,2 %

Dette publique brute : 119,9 % du PIB

Taux de chômage : 12,2 %

S. G.

➙ Euro, Union européenne