Dictionnaire de l'économie 2000Éd. 2000
R

Ricardo (David) (suite)

Dès 1810, il se fait connaître du public par une série d'articles sur le haut prix des lingots d'or ; il y donne une formulation rigoureuse de la théorie quantitative de la monnaie, selon laquelle les niveaux de prix dépendent de la quantité de monnaie en circulation. Dans son ouvrage majeur, Des principes de l'économie politique et de l'impôt, il développe une théorie de la valeur travail dont s'inspirera K. Marx. Ce livre contient aussi des démonstrations originales sur la rente différentielle, les avantages offerts par l'échange international (la théorie des coûts comparatifs montre que deux pays ont intérêt à se spécialiser et à échanger même si l'un d'entre eux est plus productif que l'autre dans les deux biens produits) ou l'impact du machinisme sur le travail des ouvriers

P. S.

➙ École classique, (T. R.) Malthus, rente, (A.) Smith

Richesse

La richesse d'un individu ou d'un pays exprime, généralement en termes monétaires, ses revenus mais aussi l'accumulation de ceux-ci sous forme de patrimoine.

La richesse n'est pas seulement un état, c'est aussi un flux. Telle ou telle activité est « créatrice de richesses » lorsqu'elle contribue à la croissance économique, par exemple par le développement des exportations. Produire de la valeur ajoutée, c'est créer de la richesse. Le produit intérieur brut (PIB), qui exprime l'ensemble de la valeur ajoutée d'un pays (salaires, revenus du capital), est souvent synonyme de « richesse nationale ».

La richesse peut se mesurer de diverses manières. Selon les critères utilisés, les résultats peuvent être sensiblement différents. Ainsi, en 1998, l'INSEE a établi un classement des 196 régions d'Europe en se fondant sur leur produit intérieur brut. En tête de ce hit-parade figurait l'Île-de-France (2 178 milliards de francs) devant la Lombardie et le Grand Londres. Cependant, si l'on s'intéresse au PIB par tête, autrement dit à la richesse nationale rapportée au nombre d'habitants, l'Île-de-France apparaît en sixième position, loin derrière le Luxembourg, qui se place en tête. Pour faciliter les comparaisons entre ses membres, l'Union européenne a mis au point le SPA (standard de pouvoir d'achat), qui prend en considération les écarts de prix des biens et des services.

Des fourchettes de 1 à 85

L'origine des richesses a beaucoup évolué au cours de l'histoire économique. Dans les sociétés traditionnelles, celles-ci étaient largement fondées sur la terre et la production agricole, les échanges marchands et les savoir-faire artisanaux. Au début de la révolution industrielle, ce sont les gisements de matières premières qui sont apparus comme les fondements du développement économique. Aujourd'hui, ces « richesses naturelles » ne semblent plus jouer un rôle aussi essentiel. L'accumulation de capital, grâce à l'investissement, et le progrès technique contribuent très fortement à la création de richesse ; les échanges internationaux y participent aussi, de même que l'évolution continue du niveau de formation et d'éducation de la population. L'exemple du Japon, pays sans richesses naturelles devenu en trente ans la deuxième puissance économique du monde, illustre cette mutation.

La problématique de la richesse porte non seulement sur sa création mais aussi sur sa répartition. Elle est très inégalitaire au niveau mondial. Selon l'économiste Angus Maddison, l'écart entre le pays le plus riche et le pays le plus pauvre, qui était de 1 à 3 en 1820, se situe aujourd'hui dans une fourchette de 1 à 72. Si l'on s'intéresse aux ménages français, on constate que les écarts varient de 1 à 6 pour les revenus mais vont de 1 à 85 si l'on prend en compte le patrimoine.

Reste à savoir si la richesse d'un pays ou d'une communauté humaine doit forcement et uniquement s'exprimer en termes monétaires strictement mesurables. Depuis les années 1970, on essaie de mettre au point des indicateurs pour mesurer des dimensions plus qualitatives, comme la répartition des revenus, la participation des citoyens à la vie publique ou la qualité du lien social. La sociologie a mis en évidence que la richesse d'un individu est aussi constituée d'atouts immatériels comme la culture, l'accès à l'information et le réseau relationnel

J.-M. N.

➙ Inégalités, patrimoine, pauvreté, (A.) Smith

Rigidité

Caractéristique d'une variable ou d'une institution difficile à modifier.

Depuis la Seconde Guerre mondiale, les salaires monétaires sont dits « rigides à la baisse », car ils n'ont plus jamais diminué dans les pays industriels. Les économistes libéraux considèrent que cette rigidité explique les difficultés d'adaptation de ces pays aux nouvelles données de l'économie mondiale.

On parle aussi de rigidité à propos d'organisations défendant des avantages acquis (« rigidité syn-dicale »), ou de systèmes productifs à évolution lente en raison de leur complexité (« rigidité techno-logique »)

P. B.

Rigueur

Se dit d'une politique économique visant à défendre ou à rétablir les grands équilibres macroéconomiques.

Après avoir mené en 1981-1982 une politique de relance de l'activité pour lutter contre le chômage, le gouvernement français adopta à partir de 1983 une politique dite de rigueur : elle consista à limiter la hausse des salaires et la création monétaire pour réduire l'inflation, et à tenter de réduire le déficit budgétaire et celui du commerce extérieur. Quatre ans auparavant, Margaret Thatcher avait lancé, pour sa part, une politique encore plus rigoureuse en Grande-Bretagne

P. B.

➙ Carré magique, thatchérisme

Risque

Imprévu qui vient empêcher la poursuite normale de l'activité d'un ou de plusieurs agents économiques.

En économie, le risque est souvent confondu avec l'incertitude. La différence est que le risque est probabilisable et quantifiable (c'est à la base un concept qui vient de l'assurance), alors que l'incertitude ne l'est pas. La couverture des risques a d'abord concerné les biens (risque de vol, d'incendie), puis les personnes (assurances dommages corporels, décès, prestations de sécurité sociale liées aux risques comme la vieillesse, la maladie, le chômage). Dans le domaine financier, traditionnellement, le risque s'exprime par le taux d'intérêt : plus l'argent est immobilisé longtemps, plus le taux est élevé ; plus l'emprunteur est jugé solide et fiable, plus le taux est bas. Les opérateurs financiers ont trouvé, outre les différents types d'assurance, d'autres moyens de couvrir leurs risques : les contrats à terme (ou futures), les options et autres produits dérivés qui permettent d'équilibrer les risques de fluctuation à la hausse ou à la baisse des produits achetés, ou des devises utilisées.