Dictionnaire de l'économie 2000Éd. 2000
D

Défense (suite)

Une nouvelle donne pour les industries de défense

À partir de 1990, l'effondrement du bloc soviétique apporte ce qu'on a appelé les « dividendes de la paix » : tous les pays commencent à réduire leurs dépenses militaires, fermant des casernes, réduisant les effectifs, renonçant à des programmes jugés trop coûteux (en France, plus de 1 000 sites militaires auront été fermés et 10 0 000 emplois militaires supprimés en 2000). La baisse des crédits militaires totalise 22 % pour l'ensemble des pays européens entre 1992 et 1999.

La situation est toutefois en train de changer : la guerre du Golfe (1991) et celle du Kosovo (1999), deux opérations décidées et exécutées au nom de la communauté internationale contre des États jugés délinquants (l'Irak et la Serbie), ont montré à quel point les Européens dépendaient des Américains pour la logistique des opérations militaires modernes. L'écart risque de se creuser du fait que les États-Unis, eux, ont recommencé à accroître leur budget de la défense (267,8 milliards de dollars en 2000, soit 6,9 % de plus qu'en 1999).

Les Européens, à la fin de l'année 1999, ont décidé de jeter les bases d'une défense commune autonome, qui pourra s'appuyer sur des industries profondément restructurées. Faisant écho aux fusions américaines (Lockheed avec Martin Marietta puis Loral, Hughes avec Raytheon, Boeing avec McDonnell-Douglas), des regroupements européens massifs ont eu lieu dans les missiles, les satellites, l'aéronautique (Aerospatiale Matra plus Daimler Chrysler Aerospace), mais nul n'écarte les rapprochements ponctuels avec les puissantes industries de défense américaines

Le coût des interventions extérieures

En 1999, année marquée par la guerre au Kosovo, les interventions militaires hors de ses frontières ont coûté à la France 4,6 milliards de francs, plus de deux fois le montant de 1998. La présence de 3 980 soldats français en Bosnie (réduits à 2 600 en 2000), de 4 000 au Kosovo et de 850 en Macédoine coûte 2,9 milliards de francs. Le 1,7 milliard restant correspond pour une large part aux opérations menées sous l'égide de l'ONU (Timor-Oriental, Liban, Sahara occidental, Angola, Sierra Leone et Congo).

S. G.

➙ Aéronautique

Déficit

Excédent des dépenses sur les recettes.

Un agent économique enregistre un déficit s'il dépense plus qu'il ne gagne, si ses décaissements sont supérieurs à ses encaissements. Un pays a un déficit commercial vis-à-vis des autres pays du monde s'il importe plus qu'il n'exporte ; un État a un déficit public si ses recettes fiscales ne suffisent pas pour financer ses dépenses ; une entreprise est en déficit d'exploitation (en perte) si son chiffre d'affaires ne lui permet pas de couvrir l'ensemble de ses charges. Être en déficit se dit aussi « être dans le rouge ».

Le déficit est un solde, négatif, résultant d'un écart entre des flux d'argent ; il s'oppose au surplus, encore appelé excédent, le solde positif correspondant. Pour en apprécier l'importance, un déficit est souvent mis en relation avec d'autres indicateurs. On compare ainsi le déficit des adminis-trations publiques avec le produit intérieur brut (PIB). Pour financer un déficit, l'agent doit contracter une dette, un montant d'argent qui doit, à terme, être remboursé : il s'agit d'un stock. Un pays qui souffre d'un déficit d'épargne est, par extension, un pays dont les habitants ne mettent pas suffisamment d'argent de côté

É. I.

➙ Comptabilité nationale

Déficits sociaux

Après la forte dégradation du début des années 1990, le retour à la croissance de la fin de la décennie a assaini la situation des comptes sociaux en France. Il n'empêche que les problèmes de fond restent posés.

Les déficits sociaux désignent le solde (généralement négatif) des recettes et des dépenses des grands régimes de protection sociale : assurance-maladie,assurance-vieillesse, caisses de retraite complémentaire, caisses d'allocations familiales, UNEDIC (assurance-chômage).

Le « trou » de la Sécurité sociale est, depuis le milieu des années 1970, l'un des thèmes récurrents de l'actualité économique. Mais les déficits ont pris une ampleur inquiétante au cours des années 1990, avant de revenir, sous l'effet des plans de redressement et de la reprise économique, à une situation proche de l'équilibre : fin 1999, le déficit du régime général des salariés du privé (assurance-maladie et accidents du travail, assurance-vieillesse, allocations familiales) a été ramené à un peu plus de 4 milliards de francs, un quasi-équilibre au regard de l'importance de son budget (1 326 milliards de francs en 1999). L'assurance-maladie aura un solde négatif de 12 milliards de francs.

En revan-che, la Caisse nationale d'assurance-vieillesse (CNAV) affiche un excédent de 4,4 milliards de francs, et celle des allocations familiales (CNAF), de 3,2 milliards de francs. Quant à la sous-branche des accidents du travail, elle sera excédentaire de 500 millions de francs. L'UNEDIC (assurance-chômage) devrait enregistrer, en 1999, un déficit de 3 milliards de francs.

La situation des caisses de retraite complémentaire, créées par des accords passés entre le patronat et les syndicats, est plus contrastée. L'Association des régimes de retraite complémentaire (ARRCO), qui couvre les 15 millions de salariés du privé et 9 millions de retraités, affiche un excédent de 7 milliards de francs en 1999 et prévoit des excédents jusqu'en 2010. Les comptes du régime de retraite complémentaire des cadres, l'AGIRC (3 millions de cotisants, 1,7 million de retraités), sont plus dégradés : son déficit a atteint 4,7 milliards de francs en 1998 (après 6,1 milliards en 1997), puis a été ramené à 857 millions de francs grâce à des placements financiers. Les perspectives oscillent, en 2020, entre –  22 milliards et –  31 milliards de francs, suivant la situation de l'emploi.

La grande dégradation du début des années 1990

L'assurance-chômage comme le régime général de la « Sécu », qui pourrait être excédentaire de 5 milliards de francs à la fin de l'année 2000, reviennent de loin. Leurs ressources, largement assises sur les salaires, ont été amputées par la récession de 1992-1993. C'est notamment le cas pour l'UNEDIC, qui a vu ses recettes chuter (moins d'emplois, donc moins de salaires et de cotisations) et ses dépenses s'envoler (plus de chômeurs à indemniser). En 1993, elle est au bord de la faillite et doit souscrire auprès des banques un emprunt de 22 milliards de francs, garanti par l'État, pour pouvoir payer les chômeurs, ce qui lui a permis de sortir du rouge temporairement. Depuis 1997, son déficit oscille entre 2 et 3 milliards par an (sur un montant de 126 milliards de prestations versées en 1999).Le ralentissement économique du début des années 1990 a rendu la situation du régime général des salariés tout aussi critique. De 15,3 milliards de francs de besoins de financement en 1992, on est passé à 56,4 milliards en 1993, à 54,8 milliards en 1994, puis à 67,3 mil-liards en 1995, avant que le redressement s'amorce : – 53,2 milliards en 1996, – 33,8 mil-liards en 1997 et – 16,4 milliards en 1998. En 1995, dans le cadre de son plan de réforme de la Sécurité sociale, Alain Juppé a décidé la création d'une caisse spéciale (Caisse d'amortissement de la dette sociale) – alimentée par un prélèvement nouveau (la contribution au remboursement de la dette sociale) représentant 0,5 % de la quasi-totalité des revenus – afin de financer, entre 1996 et 2014, les déficits accumulés entre 1992 et 1998.La reprise de la croissance, en 1997, laisse espérer un retour à l'équilibre des comptes sociaux à la fin de l'année 2000. Mais la « Sécu » est un chantier permanent, tant l'équilibre financier reste fragile.