Dictionnaire de l'économie 2000Éd. 2000
F

Fonds de roulement (suite)

La nécessité d'un fonds de roulement (abrégé de « fonds pour la couverture des actifs de roulement ») découle d'une règle de gestion évidente : dans la mesure où les actifs circulants, constamment renouvelés, correspondent, tout comme les immobilisations, à un besoin de financement stable, mieux vaut les financer, du point de vue du risque, par des capitaux permanents que par des crédits à court terme. Le ratio de fonds de roulement, Fonds de roulement/Actifs circulants, est donc un bon indicateur de la sécurité de l'entreprise

J. R.

Ford (Henry)

Industriel américain (1863-1947), fondateur de la firme automobile du même nom.

Réparateur de machines agricoles puis ingénieur à la Edison Illuminating Company, Henry Ford construisit d'une façon artisanale une automobile assez rudimentaire au début des années 1890. En 1903, il créa la Ford Motor Company afin de fabriquer en grande série un modèle de voiture proposé à un prix abordable pour le grand public : grâce à la standardisation de la production et à l'utilisation de nouvelles méthodes de travail (le taylorisme), la Ford T sera vendue 850 dollars, soit environ le salaire annuel d'un instituteur.

Dix ans plus tard, 75 000 véhicules étaient fabriqués par an, dont plusieurs milliers étaient exportés. En 1927, 15 millions de Ford T avaient été construites. L'entreprise Ford voyait cependant sa suprématie contestée par la General Motors (créée en 1908), qui prit la première place mondiale en 1926.

À la fin du xxe siècle, les deux firmes sont encore les deux premiers constructeurs du monde (avec une production annuelle de 7,5 millions de véhicules pour General Motors et 7,1 millions pour Ford)

P. B.

➙ Fordisme

Fordisme

Système productif reposant sur une production de masse et sur des salaires élevés permettant de créer une demande correspondante.

Henry Ford défendit l'idée de salaires élevés dans l'industrie (compensés par une forte productivité) afin de fournir des débouchés à une production massive. Lui-même institua en 1914 la participation de ses employés aux bénéfices de l'entreprise et le crédit à long terme qui permettait à chacun de ses ouvriers de posséder une automobile.

Par généralisation, le « fordisme » désigne la période du capitalisme industriel où l'essor de la production est lié à la hausse des revenus salariaux et où le profit provient de l'importance des quantités vendues sur le marché intérieur, même si la marge de profit unitaire demeure réduite

P. B.

➙ (H.) Ford

Fouquet (Nicolas)

Ministre de Louis XIV (1615-1680).

Le destin de Nicolas Fouquet illustre l'absence de barrière claire entre des fonctions privées et publiques au sein du système financier de l'Ancien Régime.

Protégé de Mazarin, Fouquet exerça seul la charge de surintendant général des Finances à partir de 1659. Sa tâche consistait à régler les dépenses royales, mais l'obligeait souvent à avancer des sommes que les collecteurs d'impôt ne lui versaient qu'avec retard. Il devait donc emprunter auprès de financiers, mais réalisait de gros bénéfices sur l'ensemble de ces mouvements de fonds. Cela lui permit de se faire construire un château somptueux à Vaux-le-Vicomte, mais suscita la jalousie de Colbert et de Louis XIV, qui l'accuseront de malversation. Fouquet fut condamné en 1664 au bannissement et à la confiscation de ses biens, peine aggravée par Louis XIV en réclusion à perpétuité.

Il semble pourtant s'être moins enrichi personnellement que Richelieu ou Mazarin : ses dettes personnelles liées à sa fonction étaient aussi importantes que ses biens, qui constituaient une sorte de patrimoine privé gageant une dette publique

P. B.

Franc

Appellation donnée officiellement depuis 1795 à l'unité monétaire de la France, et plus tard à celle d'autres pays comme la Belgique, la Suisse et les pays de l'Afrique francophone.

Au Moyen Âge, les monnaies d'or en circulation s'appelaient généralement deniers, puis écus, comme l'écu d'or introduit par le roi Saint Louis en 1266. À des périodes ultérieures, les pièces d'or ont été appelées louis par référence aux rois dont elles portaient l'effigie. C'est lors de la grande réforme monétaire de 1360 que fut créé le premier franc-or qui portait l'expression latine Franconium Rex (« roi des Francs »). Lorsque les adolescents français d'aujourd'hui se plaignent de ne pas avoir de « thune », ils ne se doutent pas qu'ils utilisent un argot du xviie siècle désignant des pièces de monnaie en argent.

Pendant la Révolution, des assignats ont été émis ; ils étaient inconvertibles et garantis par les ventes futures de biens nationalisés. Mais l'existence de cette forme de papier-monnaie, insuffisamment garantie, abondamment émise, a provoqué un phénomène d'hyperinflation. En 1803, Napoléon Bonaparte, alors Premier consul, a remplacé les assignats par des francs dits « germinal », convertibles en or ou en argent. L'appellation franc ne devait plus changer par la suite.

Franc faible, franc lourd, euro

La stabilité monétaire du xixe siècle ne résiste pas à la Première Guerre mondiale. Pour restaurer la confiance en la monnaie nationale Raymond Poincaré dévalue le franc-or de 80 % en 1928. La crise des années 1930 apporte de nouvelles turbulences et, en 1936, le gouvernement du Front populaire de Léon Blum sort la monnaie du système de l'étalon-or, comme l'ont fait la Grande-Bretagne et les États-Unis quelques années plus tôt. L'après-guerre est marqué par des périodes d'inflation qui entraînent plusieurs dévaluations du franc. Après le gouvernement de « défense du franc » d'Antoine Pinay (1952), le général de Gaulle parvient à rétablir la convertibilité externe du franc en 1958. Surtout, il crée en 1960 le « franc lourd », supprimant deux zéros aux anciens francs.

Le franc a continué à être la victime périodique de vagues de spéculation sur le marché des changes, en dépit de la création du SME en 1979. En 1982, Paris a même dû imposer un contrôle des changes (les particuliers ne pouvaient pas échanger plus de 2 000 francs en devises) pour limiter les sorties de capitaux.

Une nouvelle politique monétaire anti-inflationniste, dite du « franc fort », a été mise en œuvre à partir de mars 1983 (alors que la France avait failli quitter le SME) et n'a jamais été remise en cause depuis. D'autant que, pour être sélectionnée parmi les pays adhérant à la première vague de l'euro en 1999, la France a dû respecter des critères fixes, imposant une certaine stabilité de la monnaie dans le SME, limitant l'endettement de l'État et le déficit budgétaire.