Dictionnaire de l'économie 2000Éd. 2000
C

Contrainte extérieure (suite)

La mondialisation rend la production du monde accessible alors même que les ressources de chaque pays sont limitées par sa production ou ses rentes (revenus pétroliers, revenus des placements, etc.). Certes, une nation peut financer un déficit extérieur par un prélèvement sur ses réserves en devises, mais celles-ci peuvent s'épuiser. Elle peut également recourir à l'endettement extérieur, mais, comme pour les particuliers, son montant est limité par des contraintes de solvabilité. La politique économique doit donc s'ajuster à la contrainte extérieure. Une politique budgétaire trop expansionniste stimule la demande, et donc les importations, au détriment des exportations. Une politique monétaire trop laxiste favorise l'inflation, et donc la dépréciation du taux de change.

L'intensité de la contrainte extérieure est d'abord liée au degré d'ouverture de l'économie (rapport du commerce extérieur au PNB). Si le taux de change est flexible, sa dépréciation permet de corriger les effets d'une politique expansionniste. La libre circulation des capitaux rend plus facile le financement des déséquilibres temporaires. Les États-Unis, qui émettent la monnaie internationale, peuvent ainsi s'affranchir de cette contrainte

J.-M. S.

➙ Balance commerciale, balance des paiements

Contrat

Accord entre différents agents stipulant leurs obligations respectives sur la cession, l'appropriation ou la (non-)réalisation de certaines choses.

La théorie des contrats, développée à partir des années 1960, présente ces accords comme le moyen choisi par les individus pour coordonner leurs actions, au-delà de l'ajustement de l'offre et de la demande par les prix. Chaque individu étant mû par son intérêt personnel et le futur étant imprévisible, il est nécessaire de stipuler les droits et les devoirs des cocontractants. Selon la possibilité de prévoir au contrat toutes les éventualités possibles ou non, on distingue une approche des contrats complets, développée autour du « modèle d'agence », et une approche des contrats incomplets, qui débouche sur une théorie des institutions.

• La théorie des contrats complets étudie les contrats bilatéraux entre un individu, le principal ou mandant, et un autre individu, l'agent ou mandataire, à qui le premier délègue certaines de ses ressources. Dans un univers d'asymétrie d'informations (le salarié connaît mieux sa productivité que l'employeur, le conducteur connaît mieux son risque d'accident que l'assureur), le contrat doit être rédigé pour inciter l'agent (le salarié, l'assuré) à agir au mieux des intérêts du principal (l'employeur, l'assureur). Celui-ci doit éviter l'antisélection (la rétention des plus mauvais assurés pour une assurance, ce qui est obtenu par une différenciation des primes via les clauses bonus-malus) et le risque moral (le comportement déviant de l'agent, d'où le système de franchise dans l'assurance pour réduire la prise de risques).

• Dans la théorie des contrats incomplets, il est matériellement impossible d'établir des contrats dont les clauses prévoient toutes les situations futures possibles, et le coût de surveillance de leur exécution est exorbitant. Cela explique l'émergence d'organisations comme les firmes, fondées sur des règles (le principe hiérarchique par exemple) qui permettent de résoudre à moindres frais les problèmes qui peuvent survenir (réorganisation de la production par les dirigeants)

P. L.

➙ (K.) Arrow, entreprise, libéralisme, main invisible, propriété, (O. E.) Williamson

Convention collective

Accord passé entre syndicats et patronat au niveau d'une branche d'activité et concernant les conditions de travail.

Ces accords, passés au niveau de la branche (par exemple, l'édition), s'imposent aux entreprises de cette branche. Ils doivent être signés par les syndicats représentatifs (c'est-à-dire répondant à un certain nombre de critères, comme le nombre de voix recueillies aux élections professionnelles). Ils peuvent être signés pour une durée déterminée (en général trois ans en Allemagne ou aux États-Unis) ou indéterminée (c'est le cas en France). Les conventions collectives ne peuvent contenir de dispositions moins favorables que celles du Code du travail. Elles constituent le plus souvent un document de référence sociale (grilles de salaires, avantages sociaux divers, etc.) essentiel pour les professions

S. G.

➙ Syndicat

Convertibilité

Caractéristique d'une monnaie qui peut être échangée contre n'importe quelle autre devise.

La convertibilité peut être assurée par les autorités monétaires d'un pays à une parité déterminée (régime de change fixe). Mais, aujourd'hui, la convertibilité est plus fréquemment assurée par le marché des changes.

Une convertibilité totale implique la levée des contrôles des changes. La convertibilité interne est réservée aux résidents et la convertibilité externe concerne les non-résidents. La convertibilité est partielle si elle est limitée à certains montants ou réservée à certaines opérations, par exemple les opérations commerciales.

Aujourd'hui, les grandes monnaies des pays industriels sont convertibles. Celles d'un certain nombre de pays en développement restent partiellement ou totalement inconvertibles. L'absence de convertibilité entrave les échanges. Elle contraint les opérateurs à recourir à des montages complexes, voire à des opérations de troc. Elle dissuade également l'entrée de capitaux car les investisseurs n'ont pas la garantie qu'ils pourront convertir leurs actifs libellés en monnaie nationale. Si l'inconvertibilité abrite la monnaie des attaques spéculatives (cas du yuan chinois lors de la crise financière asiatique de 1998), elle peut aussi conduire à maintenir des taux de change aberrants

J.-M. S.

➙ Convertibilité-or, devises, étalon-or

Convertibilité-or

Régime monétaire par lequel les autorités monétaires (Banque centrale, Trésor) s'engagent à convertir la monnaie nationale en or à une parité fixée à l'avance.

Ainsi, le taux de conversion du franc germinal (1803-1914) était de 290 mg d'or fin. Jusqu'en 1878, le franc était d'ailleurs également convertible en argent au taux de 4,5 g (régime de bimétallisme).