Dictionnaire de l'économie 2000Éd. 2000
T

Terme (suite)

« À long terme, nous serons tous morts », aimait à dire l'économiste britannique John Maynard Keynes pour indiquer son mépris pour la thésaurisation et l'esprit rentier. En macroéconomie, court terme est synonyme de conjoncture

F. L.

➙ Dette, marché des changes

Termes de l'échange

Rapport de l'indice des prix à l'exportation sur l'indice des prix à l'importation d'un pays ou d'un groupe de pays.

Lorsque TN (termes nets de l'échange, ou simplement termes de l'échange) augmente entre deux dates, l'évolution peut apparaître comme favorable puisque les produits exportés ont un prix relatif qui s'accroît par rapport aux biens importés. Mais le fait de vendre plus cher à l'étranger peut dégrader le solde commercial et engendrer du sous-emploi. La relation entre l'évolution de TN et le bien-être d'un pays est donc complexe. L'amélioration de TN aura des effets plus favorables pour un pays qui est spécialisé dans des biens pour lesquels il détient un monopole que pour un pays qui exporte des marchandises où la concurrence par les prix est élevée.

H. W. Singer et R. Prebisch affirment que, durant la première moitié du xxe siècle, les termes nets de l'échange des pays exportateurs de biens primaires se sont abaissés fortement. Pour ces auteurs, cette évolution correspond à un appauvrissement et repose sur des différences dans les effets du progrès technique selon le degré de développement du pays. Cette thèse a fait l'objet de nombreuses critiques, tant sur le plan statistique qu'analytique. Les recherches postérieures aboutissent à des résultats plus nuancés. Dans la période qui va de l'après-guerre au début des années 1980, les termes nets des pays en développement se dégradent, à condition d'exclure le pétrole. Sur le très long terme (1900-1982), on relève une tendance à la détérioration des termes des pays producteurs de biens primaires, mais l'ampleur de cette tendance dé- pend des auteurs et des méthodes : le résultat varie entre – 0,1 % et – 1,7 % par an

B. G.

➙ Commerce international, échange inégal,Nord-Sud

Textile-habillement

Ensemble d'activités industrielles concernant la fabrication des tissus (filature, tissage, production de fibres synthétiques) et celle des vêtements (confection, couture, prêt-à-porter).

L'industrie du textile et de l'habillement, l'une des plus anciennes du monde, a été, particulièrement à partir du Moyen Âge, un facteur d'intensification du commerce international. Les noms des étoffes que les négociants devaient se procurer pour les vendre à leurs riches clients évoquent souvent leur origine géographique (indienne, madras, mousseline de Mossoul en Irak, ottoman de Turquie, gaze de Palestine, organdi du Turkestan...). Ce commerce haut en couleur a aujourd'hui laissé place à une industrie mondialisée, où l'ensemble des producteurs de la planète sont en concurrence, la plupart des freins aux échanges (quotas, droits de douane élevés) ayant disparu. Cette compétition est avivée par la sensibilité des ventes de produits textiles à la conjoncture économique. Le secteur vit au rythme des crises et n'a, en ce qui concerne le marché français, renoué avec la croissance qu'en 1997, après six années consécutives de baisse du chiffre d'affaires.

Un secteur phare de la mondialisation

Le secteur du textile, bien qu'il ait connu des phases de mécanisation poussée (introduction de la machine à tisser, etc.) et des révolutions technologiques parfois inachevées (développement des fibres synthétiques), reste une industrie de main-d'œuvre. En Europe, les effectifs de la filière textile-habillement (2,2 millions de salariés) représentent encore 10 % de l'emploi dans les industries manufacturières. Les entreprises y sont, par conséquent, particulièrement sensibles à la concurrence des pays à bas salaires, tels que la Turquie, le Mexique, la Tunisie ou la Chine. Cette dernière est devenue le premier exportateur mondial d'habillement, devant l'Italie et Hongkong (la France occupant le septième rang).

Les importations massives en provenance de ces pays conduisent à une érosion continue de l'emploi en Europe, notamment en France, où la filière reste très émiettée (3 400 sociétés de plus de 20 personnes). À ce premier phénomène s'ajoute un mouvement de délocalisation des usines de la part des entreprises européennes, tentées, pour survivre, de transférer leur production dans les pays à bas salaires. Au total, en France, les industries du textile et de l'habillement perdraient actuellement 2 500 postes par mois (sur un total d'environ 278 000), tandis que, dans l'ensemble de l'Union européenne, 52 000 emplois auraient disparu au cours de la seule année 1998

A.-M. R.

➙ Coton, délocalisation

Thatchérisme

Politique économique néolibérale inspirée par celle suivie par Margaret Thatcher, Premier ministre de Grande-Bretagne de 1979 à 1990.

La politique mise en œuvre par M. Thatcher en Grande-Bretagne consista à réactiver les mécanismes de marché, en s'attaquant aux syndicats qui revendiquaient le maintien d'« avantages acquis » en matière de salaires et de garantie d'emploi, en privatisant des entreprises publiques et en réduisant les dépenses de l'État. Son objectif était de « moderniser » l'économie britannique en acceptant la disparition des secteurs d'activité déficitaires et en obligeant les entreprises publiques et privées à s'adapter aux nouvelles formes de la concurrence mondiale.

Cette politique est tout simplement conforme aux principes du libéralisme économique. Mais le nom de Margaret Thatcher lui est associé, car elle fut le premier chef de gouvernement à oser l'appliquer avec fermeté (d'où son surnom de « Dame de fer ») ; elle alla plus vite et plus loin que Raymond Barre en France (Premier ministre de 1976 à 1981) et que Ronald Reagan (président des États-Unis de 1981 à 1988), qui, pourtant, s'engagèrent eux aussi dans la voie du néolibéralisme économique

P. B.

➙ Grande-Bretagne, libéralisme économique

Thésaurisation

Mise hors du circuit économique d'une partie des revenus.

Conserver des pièces de monnaie dans un « bas de laine » ou les cacher sous son matelas constituaient les formes les plus courantes de la thésaurisation.