Enlevée au Tibesti, dans l'oasis de Bardaï, dans la nuit du 21 au 22 avril 1974 (Journal de l'année 1974-75) par une bande de rebelles Toubbous, commandée alors par Hissene Habré, l'ethnologue française Françoise Claustre est rejointe en captivité par son mari, Pierre, retenu à son tour en otage alors qu'il tente d'obtenir la libération de son épouse. Tous les efforts entrepris pour convaincre le chef rebelle Hissene Habré avaient tourné court.

Tentatives

Aucun des négociateurs envoyés par la France au Tibesti n'était parvenu à amener à résipiscence le geôlier des époux Claustre, qui ne cessa d'exercer un odieux chantage, utilisant ses prisonniers pour se faire connaître du monde entier et pour faire monter les enchères exigées pour leur libération. Les discussions engagées avec Hissene Habré devaient notamment coûter la vie au commandant Galopin, torturé puis assassiné en avril 1975 par ceux qu'il entendait fléchir. Elles coûtèrent également 10 millions de francs en matériel, vivres et médicaments, acheminés sans aucune contrepartie, au cœur du Tibesti, par l'armée française à celui qui en exigeait la livraison en échange des otages qu'il continua de retenir prisonniers.

C'est la destitution, en octobre 1976, d'Hissene Habré par ses pairs et son remplacement, à la tête des rebelles Toubbous, par l'un de ses anciens lieutenants, dénommé Goukouny, qui a permis, en partie, de débloquer une situation qui paraissait condamnée définitivement à l'impasse. Il a fallu néanmoins trois mois pour que prenne fin le calvaire des époux Claustre.

Si, au terme de trente-trois mois de tractations, de va-et-vient incessants entre Paris, le Tibesti et diverses capitales africaines, d'espoirs constamment déçus, Pierre et Françoise Claustre ont pu revoir la France, c'est surtout grâce à la médiation personnelle du président libyen Khadafi, intervenu à la demande de Valéry Giscard d'Estaing auprès des rebelles Toubbous. C'est d'ailleurs le chef d'État libyen qui a lui-même annoncé la bonne nouvelle au président de la République, qui envoya à Tripoli un Mystère 20 chercher les deux otages libérés.

Après l'heureux dénouement de cette affaire, l'influence du chef de l'État libyen, auquel le président français a exprimé sa gratitude, est considérablement renforcée à l'étranger. En revanche, l'image de marque des dirigeants tchadiens, déjà sérieusement altérée, souffre encore de l'humiliation essuyée par le général Félix Malloum et son gouvernement. En dépit de leurs protestations répétées, de leurs menaces renouvelées, de leurs appels à l'opinion internationale prise à témoin des violations de la souveraineté du Tchad, les hommes qui ont confisqué le pouvoir aux civils ont administré la preuve de leur impuissance à se faire respecter. La présence des militaires au gouvernement n'a rien changé au fait que la rébellion tienne tête au pouvoir établi.

Indifférence

Apparemment, les rapports entre le Tchad et la Libye n'ont pas trop souffert du dénouement de l'affaire Claustre. Les deux pays participent, du 19 au 21 mars 1977, avec l'Algérie, le Mali et le Niger, à la conférence de Niamey organisée par les États riverains du Sahara. Mais les Tchadiens mettront sans doute longtemps à oublier la leçon sévère que leur ont infligée les Libyens. D'autant plus longtemps que la Libye a purement et simplement annexé une bande de territoire tchadien couvrant environ le cinquième de la superficie de la France. Il s'agit d'un territoire riche en dépôts miniers et recelant peut-être des ressources pétrolières. Cette rectification autoritaire (et unilatérale) des frontières héritées de la colonisation risque, d'autre part, de constituer un redoutable précédent.

Le 26 mars, dans un climat d'indifférence apparemment générale, la Cour de sûreté de l'État condamne à mort quatre personnes accusées d'avoir perpétré un attentat à la grenade contre le président Malloum en avril 1976.

Togo

Lomé. 2 220 000. 38. 2,5 %.
Économie. PIB (72) : 163. Énerg. (*74) : 70. C.E. (72) : 15 %.
Transports. (*74) : 65 M pass./km, 22 M t/km. (*74) : 13 000 + 7 000.
Information. (73) : 3 quotidiens ; tirage global : 13 000. (73) : *50 000. (74) : 8 000.
Santé. (73) : 100.
Éducation. Prim. (74) : 329 443. Sec. et techn. (74) : 48 415. Sup. (73) : 1 471.
Institutions. Indépendance le 27 avril 1960. République (30 août 1956). Président de la République et chef du gouvernement : général Ghansimgbe Eyadema, confirmé dans ses fonctions par référendum le 9 janvier 1972. Constitution de 1963 suspendue. Le gouvernement exerce l'ensemble des pouvoirs.

Transkei

Umtata. 1 750 000. 43.
Institutions. État indépendant le 26 octobre 1976 (ancien Bantoustan). Constitution adoptée par le Parlement le 26 octobre 1976. Président de la République : Botha Sigcau. Premier ministre : Kaiser Matanzima.

L'indépendance dans la solitude

À la date fixée par Pretoria, et en conformité totale avec les principes de la politique de développement séparé, le Transkei accède à l'indépendance le 26 octobre 1976. C'est le premier des foyers autonomes bantous ou bantoustans à devenir souverain. Quelques semaines plus tôt, le 25 septembre, des élections générales ont eu lieu dans le pays, à l'issue desquelles 71 des 75 sièges à pourvoir reviennent au parti du chef suprême Kaizer Matanzima, leader du parti de l'Indépendance. À la veille des fêtes destinées à marquer la proclamation de l'indépendance, les gouvernements d'Afrique du Sud et du Transkei concluent un accord de coopération militaire.