Tel qu'il est, cet ensemble institutionnel consacre l'autorité du chef de l'État, dont elle étend notablement les attributions : Boumediene, président de la République, est également président du Conseil de la révolution, chef du gouvernement, président du FLN, chef des forces armées et ministre de la Défense. Les affaires religieuses, la fonction publique, la gendarmerie et la sûreté lui sont personnellement rattachées.

Comme pour marquer ce surcroît de puissance, le premier geste du nouveau président sera de remanier son gouvernement. Douze nouveaux ministres, gestionnaires plutôt que politiques, sont promus. Le ministère de l'Industrie et de l'Énergie, dirigé par Belaïd Abdesselam, éclate en trois ministères distincts : Industrie légère, Industrie lourde, Énergie et pétrochimie. Belaïd Abdesselam ne garde que l'Industrie légère, ce qui ne manque pas d'être interprété comme une remise dans le rang d'un ministre devenu trop puissant. Houari Boumediene assume la responsabilité de faire redémarrer la politique intérieure (notamment la réforme agraire, qui marque le pas) et de mener une politique extérieure lourde de menaces.

Brouille franco-algérienne

La politique extérieure algérienne continue à être dominée par le problème toujours irritant du Sahara occidental. La médiation entreprise par l'Arabie Saoudite entre Alger, Rabat et Nouakchott échoue en décembre. Chaque pays reste sur ses positions. Alger réclamant toujours la reconnaissance de la République sahraouie, alors que le Maroc et la Mauritanie s'en tiennent à l'accord de Madrid qui entérine le partage de l'ex-Sahara espagnol entre ses deux voisins.

L'affaire prend une tournure dramatique lorsque, le 1er mai, un commando du Polisario entre dans la ville minière de Zouérate, en Mauritanie, pour une opération éclair. Les assaillants tuent deux coopérants français et enlèvent six otages, également français. Ils se replient ensuite vers leurs bases, probablement situées en territoire algérien.

Aussitôt, la France réagit très vivement. Le ministre des Affaires étrangères, Louis de Guiringaud, dénonce l'attaque menée par des « forces venues d'un pays voisin » et convoque l'ambassadeur d'Algérie à Paris pour lui demander d'user de son influence auprès du Polisario, afin que les otages français soient rapidement libérés. La presse et les responsables politiques français flétrissent cette prise d'otages et n'hésitent pas à en rendre l'Algérie responsable.

À Alger, le gouvernement prend très mal ces remontrances. La presse, là aussi, se déchaîne contre la France. Le ministre algérien des Affaires étrangères dénonce les « contradictions » de la politique française dans l'affaire du Sahara occidental : en mars 1976, le président Giscard d'Estaing n'avait-il pas assuré qu'il était prêt à se « joindre aux efforts de conciliations » sur le problème sahraoui ? Or, au lieu de proposer ses bons offices, la France avait, déclare l'Algérie, affirmé son soutien au Maroc et à la Mauritanie. En apportant une assistance militaire ponctuelle, mais décisive, à l'intervention marocaine au Zaïre, Paris choisissait son camp... et ce n'était pas celui des pays progressistes (ou se disant tels), rassemblés sous la houlette algérienne.

Dans ce climat franco-algérien qui se situe aux limites de la brouille arrive, le 6 mai, une mauvaise nouvelle : le président de l'OUA ajourne, une fois de plus, le sommet africain qui devait, dix jours plus tard, trancher du problème du Sahara occidental. C'est, pour Alger, une défaite diplomatique.

Six Français détenus en Algérie sont libérés le 21 juin. Cette mesure de clémence favorisera-t-elle la détente entre Paris et Alger ?

Angola

Luanda. 5 800 000. 5. 2 %.
Économie. PIB (70) : 297. Énerg. (*74) : 191. C.E. (70) : 24 %.
Transports. (*74) : 403 M pass./km, 5 460 M t/km. (73) : 127 300 + 35 700.
Information. (73) : 4 quotidiens ; tirage global : 87 000. (73) : 115 000. (72) : 35 700 fauteuils ; fréquentation : 3,7 M. (73) : 38 000.
Santé. (73) : 383.
Éducation. (71). Prim. : 485 955. Sec. et techn. : 67 230. Sup. : 2 660.
Institutions. État indépendant le 11 novembre 1975 (ancienne colonie portugaise). République populaire. Président de la République : Agostinho Neto. Premier ministre : Lopo do Nascimento.

Le régime de Agostinho Neto en péril

La capitale angolaise est le cadre d'une tentative de coup d'État le 27 mai 1977, et le régime d'Agostinho Neto échappe de justesse à une élimination brutale. L'affaire est grave, puisqu'on n'hésite pas à admettre officiellement que plus de 200 personnes ont été tuées au cours de ce putsch manqué, dont le fer de lance semble avoir été le 9e escadron blindé, pourtant considéré comme le régiment d'élite angolais.

Troubles

La tension entretenue par le drame est très lente à se dissiper. A. Neto annonce d'ailleurs personnellement l'arrestation de plusieurs centaines de fractionnistes qui, au sein du Mouvement populaire de libération de l'Angola (MPLA), se heurtent fréquemment à la direction du parti. Le chef de l'État reconnaît même que les troubles de Luanda ont eu un prolongement dans l'est du pays, notamment dans la région de Malange, où les fractionnistes disposaient d'un réseau d'amitiés.