Le nombre et l'importance des personnalités impliquées dans l'affaire du 27 mai témoignent de la vigueur des oppositions auxquelles doit faire face Agostinho Neto. En effet, aux côtés de l'ancien ministre de l'Intérieur, Nino Alves, et de José Van Dunem, ancien commissaire politique de l'armée (tous deux en fuite, ce qui suppose de solides complicités), on trouve plusieurs membres du haut commandement militaire, des commissaires politiques, des membres des sections féminines de l'armée, des éléments appartenant aux jeunesses de l'armée et de la police.

Les mobiles des putschistes sont apparemment idéologiques. Ils se disent plus radicaux, plus intransigeants, en un mot plus à gauche que ceux qu'ils ont tenté de chasser du pouvoir. Selon certaines informations, ils seraient en désaccord avec A. Neto sur l'utilisation du corps expéditionnaire cubain stationné en Angola. Mais la présence de ces hommes suscite mille controverses, dont aucune ne permet de donner de réponse claire aux questions qu'ils provoquent. Les Cubains sont-ils intervenus en territoire angolais à la seule initiative de Fidel Castro ou sur la demande des dirigeants du Kremlin ? Leur rapatriement, annoncé à plusieurs reprises par La Havane, a-t-il ou non débuté ? La normalisation des rapports américano-cubains reste-t-elle vraiment liée à ce rapatriement ? Les troupes cubaines ont-elles permis à A. Neto de rétablir l'ordre à Luanda et de se perpétuer au pouvoir, comme cela avait été le cas, à Brazzaville, quelques années plus tôt, lorsque les prétoriens cubains (toujours en garnison au Congo) sauvèrent le régime de Marien Ngouabi, assassiné depuis lors ? Sur ce dernier point, le chef de l'État angolais est formel et nie tout concours des soldats cubains, affirmant avoir repris seul le contrôle de la situation.

Insécurité

Le putsch avorté du 27 mai 1977 doit inciter les dirigeants de Luanda à la plus grande vigilance, dans la mesure où il correspond à un malaise racial profond et dans la mesure où il doit être resitué dans un contexte d'insécurité générale. Comme au XIXe siècle, à Haïti au lendemain de la proclamation de l'indépendance. Noirs et mulâtres sont engagés dans une lutte impitoyable pour la conquête du pouvoir. C'est autour de Nino Alves, précisément, que se regroupe le sous-prolétariat noir des bidonvilles de la capitale angolaise, qui conteste l'autorité des métis. Ces derniers, après avoir joué un rôle essentiel dans la lutte armée qui aboutit à la décolonisation totale, gèrent à peu près seuls les affaires publiques.

En dépit de l'euphorie qui a présidé à l'accession du pays à la souveraineté internationale, celui-ci reste partiellement englué dans la guerre civile et mène un dur combat sur trois fronts : au Zaïre, dans la province du Shaba d'abord, aux côtés d'anciens gendarmes katangais ou au moins sur leurs arrières ; au Cabinda et aux abords des frontières namibienne et zambienne.

L'affaire du Shaba compromet sérieusement la reprise du dialogue franco-angolais, amorcé avec l'établissement, en janvier, de relations diplomatiques entre Paris et Luanda. Le gouvernement angolais ne dissimule pas son amertume devant l'intervention française au Zaïre.

Au Cabinda, enclave angolaise située entre le Zaïre et le Congo, les soldats du Front de libération de l'État de Cabinda (FLEC) affrontent l'armée régulière angolaise. Le principal enjeu est le contrôle des puits de pétrole, qui fournissent annuellement 10 millions de t de brut. Luanda affirme tenir en main la situation, ce qui est plausible, compte tenu des divisions internes qui affaiblissent l'efficacité du FLEC ; en mai, ce dernier annonce la constitution d'un gouvernement provisoire de la république de Cabinda, alors qu'il existe, théoriquement, un gouvernement cabindais déjà depuis juillet 1975.

Dans la partie méridionale du territoire angolais, les accrochages restent fréquents entre les guérilleros de l'Union nationale pour l'indépendance totale de l'Angola (UNITA) de Jonas Savimbi, d'une part, et les troupes angolaises appuyées par des soldats cubains et des maquisards de la South West Africa People's Organization (SWAPO), d'autre part. Par suite de la persistance de graves rivalités ethniques notamment, les forces du MPLA sont incapables de s'assurer la maîtrise totale du sud du pays.

Bénin

Porto-Novo. 3 110 000. 28. 2,5 %.
Économie. PIB (74) : 111. Énerg. (*74) : 42. C.E. (73) : 13 %.
Transports. (*74) : 101 M pass./km, 129 M t/km. (*74) : 14 000 + 8 600.
Information. (72) : 2 quotidiens ; tirage global : 2 000. (72) : 150 000. (72) : 100. (72) : 9 000 fauteuils ; fréquentation : 1,2 M. (74) : 8 000.
Santé. (74) : 84.
Éducation. (73). Prim. : 244 032. Sec et techn. : 40 768. Sup. : 1 911.
Institutions. État indépendant le 1er août 1960. République (4 décembre 1958). Constitution de 1977. Le Dahomey devient officiellement, le 30 novembre 1975, République populaire du Bénin. Président de la République : lieutenant-colonel Mathieu Kerekôu, auteur du coup d'État militaire du 26 octobre 1972 qui renverse le Conseil présidentiel dirigé par Hubert Maga ; l'Assemblée nationale est dissoute. Un Conseil national de la révolution est institué le 18 octobre 1973.

Botswana

Gaborone. 690 000. 1. 2,2 %.
Économie. PIB (71) : 242.
Transports. (*74) : 3 400 + 6 800.
Information. (71) : 2 quotidiens ; tirage global : 14 000. (71) : 117 000. (71) : *3 000 fauteuils ; fréquentation : 0,08 M. (74) : 7 000.
Santé. (73) : 44.
Éducation. Prim. (74) : 103 711. Sec. et techn. (74) : 12 245. Sup. (73) : 244.
Institutions. Ancien Bechuanaland. République indépendante proclamée le 30 septembre 1966. Constitution de 1965. Président de la République et chef de l'exécutif : sir Seretse Khama, réélu pour un second mandat le 26 octobre 1974.

Burundi

Bujumbura. 3 760 000. 134. 2,3 %.
Économie. PIB (70) : 71. Énerg. (*74) : 13. C.E. (71) : 14 %.
Transports. (*74) : 4 200 + 1 700.
Information. (70) : 1 quotidien ; tirage global : 300. (73) : *100 000. (70) : 1 000 fauteuils ; fréquentation : 0,1 M. (73) : 4 000.
Santé. (73) : 74.
Éducation. (71). Prim. : 179 286. Sec. et techn. : 9 586. Sup. : 490.
Institutions. État indépendant le 1er juillet 1962. République proclamée le 28 novembre 1966. Constitution de 1962, suspendue. Président de la République : lieutenant-colonel Jean-Baptiste Bagaza ; succède, le 9 novembre 1976, au lieutenant-général Michel Micombero, renversé par un coup d'État militaire, le 1er novembre 1976. Premier ministre : lieutenant-colonel Édouard Nzambimana.

Coup d'État

Après plus de dix années d'exercice sans partage du pouvoir, le général Michel Micombero qui, le 28 novembre 1966, avait destitué son souverain, le roi Ntare V (Journal de l'année 1966-67), est à son tour évincé, le jour de la Toussaint. Un groupe d'une trentaine d'officiers constitue un Conseil révolutionnaire suprême, place en résidence surveillée Michel Micombero, et porte, dix jours plus tard, le colonel Jean-Baptiste Bagaza à la tête de l'État.