En février, Bamako a accueilli en visite officielle le président Giscard d'Estaing, qui a annoncé un renforcement de l'embargo sur les armes destinées à l'Afrique du Sud. Le seul résultat tangible de ce voyage semble avoir été la consolidation de la junte malienne, dont les assises apparaissent de plus en plus incertaines après neuf années d'exercice du pouvoir.

La création d'un parti unique, en septembre, l'Union démocratique du peuple malien, paraît annoncer un timide début de normalisation de la vie politique, mais la mise en place des structures du parti est très lente.

Maroc

Rabat. 17 310 000. 37. 3,3 %.
Économie. PIB (74) : 362. Production : G(73) 111 + A(74) 153 + I(74) 139. Énerg. (*74) : 257. C.E. (74) : 29 %.
Transports. (*74) : 776 M pass./km, 3 603 M t/km. (*74) : 298 500 + 110 900. : 80 000 tjb. (74) : 666 M pass./km.
Information. (72) : 11 quotidiens ; tirage global : *234 000. (72) : 1 500 000. (73) : 331 000. (72) : 147 000 fauteuils ; fréquentation : 23,7 M. (74) : 189 000.
Santé. (70) : 1 163.
Éducation. Prim. (75) : 1 506 500. Sec. et techn. (75) : 433 538. Sup. (73) : 25 525.
Institutions. État indépendant le 2 mars 1956 (le 8 avril 1956 pour l'ex-zone nord espagnole). Monarchie constitutionnelle. Nouvelle Constitution du 1er mars 1972, approuvée par référendum. Souverain : Hassan II ; succède le 3 mars 1961 à son père Mohamed V, décédé. Premier ministre : Ahmed Osman.

Hassan s'engage vers la libéralisation ; une préoccupation : le Sahara occidental

Le rattachement du Sahara occidental et l'élan de la marche verte ont, en juin 1976, rétabli à la fois l'unité nationale et le prestige du roi. Est-ce pour consolider l'un et l'autre ? Toujours est-il que Hassan II, après de multiples promesses, engage un processus de démocratisation qui suscite dans le pays beaucoup d'espoir. Le 8 juillet, le roi annonce l'ouverture politique attendue et propose une série de consultations électorales en trois temps :
– renouvellement des conseils communaux et municipaux ;
– élections aux chambres professionnelles et locales ;
– élections législatives pour désigner les membres du futur Parlement, qui devra siéger au printemps 1977.

Il confirme que les listes électorales seront révisées, que les campagnes et les consultations seront tout à fait libres et qu'enfin un conseil national où siégeront des représentants de tous les partis politiques sera chargé de superviser le déroulement des élections.

Raisons

Cette nouvelle politique d'abord étonne ou laisse sceptique. Pourtant, le 7 octobre paraissent les premiers décrets officiels relatifs aux élections, et l'opinion commence à croire à la réalité du processus engagé. Deux questions alors se posent. Pourquoi le roi, après les avoir si longtemps et si durement réprimés, ouvre-t-il la porte aux partis d'opposition ? Enfin, ces derniers ont-ils intérêt à jouer le jeu électoral ou doivent-ils, comme ils l'ont fait depuis treize ans, boycotter ce qui pourrait n'être qu'un faux-semblant de démocratie ?

Les vraies raisons du roi ne seront jamais officiellement exprimées, mais, de l'avis des observateurs, il s'agit pour Hassan II de prolonger sur le plan politique les succès diplomatiques et militaires de 1976. De plus, l'armée a joué et sera appelée à jouer encore un rôle important dans le Sahara occidental, où patrouillent toujours les commandos sahraouis. Dès lors, il importe de lui fournir un contrepoids politique : ce pourrait être le rôle d'un Parlement pluraliste librement élu. Enfin, une démocratisation réussie améliorerait l'image du Maroc et de son souverain, image quelque peu ternie par les attentats de 1971 et 1972 (Journal de l'année 1971-72, 1973-74).

Les partis d'opposition sont devant un choix plus difficile. Ils craignent de donner, sans contrepartie politique, une caution de gauche au régime. Pourtant, l'état d'esprit unitaire est tel après l'affaire saharienne que tous les partis, finalement (sauf l'UNFP d'Abdallah Ibrahim), acceptent de participer aux élections annoncées.

Irrégularités

Le processus démocratique s'engage en octobre. Le roi fait des gestes de bonne volonté : il donne des consignes de relative clémence dans les nombreux procès politiques en cours, sans aller toutefois jusqu'à accorder l'amnistie générale que les partis réclament. Les listes électorales sont augmentées de 400 000 nouveaux électeurs. Enfin, le conseil national de surveillance des élections est régionalisé. La campagne électorale se déroule de novembre à mai 1977 dans un climat nouveau ; des meetings se tiennent, la censure est levée en mars. Partout (pour la première fois depuis longtemps), on parle de tout et librement, sans pourtant mettre en cause la monarchie.