Quelques jours plus tôt, au moment où, à Londres, débutent à la fois les cérémonies du jubilé de la reine et les travaux de la conférence des pays membres du Commonwealth, le président ougandais avait déjà fait parler de lui. Prié par les Britanniques de s'abstenir de participer à la réunion du Commonwealth, il réussit, par un coup de bluff, à monopoliser l'attention et à éclipser ses détracteurs. Il fait annoncer par la radio ougandaise qu'il se rendra incognito à Londres, en transitant par une autre capitale européenne. Sa présence est signalée un peu partout, et les autorités l'attendent à Paris, à Ostende, à Dublin, alors que, en fait, il n'a pas quitté Kampala.

Ces deux séries d'extravagances contribuent à mobiliser l'opinion contre le dictateur ougandais, d'autant qu'elles s'accompagnent d'une sanglante répression qui entraîne la mort de milliers de personnes. La Commission internationale des juristes et Amnesty international estiment à plus de 100 000 les personnes tuées par le maréchal Idi Amin Dada, qui a érigé la terreur en système de gouvernement ; il fait massacrer les tribus des Acholi et des Langi, suspectes de désapprouver sa politique, multiplie les purges dans l'armée, la police, le clergé, l'université ; le 28 juillet 1976, il rompt les relations diplomatiques avec Londres et profère des menaces permanentes à l'égard du Kenya et de la Tanzanie. Seuls, les gouvernements soviétique, libyen et zaïrois le soutiennent encore.

Son prestige personnel, déjà très sérieusement entamé depuis de longs mois, a été ruiné par le meurtre de l'archevêque anglican Janini Luwum, le 16 février 1977. Alors que les autorités de Kampala affirment que le prélat anglican a été tué dans un accident de la route, il apparaît clairement qu'il a été assassiné, ce qui entraîne une protestation du Conseil œcuménique des Églises, puis celle de l'ensemble des évêques anglicans (réunis en assemblée en mars à Nairobi). Quelques semaines plus tard, le dictateur ougandais sera publiquement condamné par ses pairs du Commonwealth, puis par les États membres de la Communauté européenne.

Le raid de parachutistes israéliens effectué dans la nuit du 3 au 4 juillet 1976 sur Entebbe, opération décidée par le gouvernement Rabbin pour libérer les 102 derniers otages de l'appareil d'Air France Paris-Tel-Aviv, détourné par un commando palestinien après l'escale d'Athènes (27 juin), constitue une véritable humiliation pour le maréchal. Menée avec une maîtrise qui surprend la plupart des stratèges, cette action se solde par la mort d'une trentaine de personnes, dont un officier israélien et trois otages. Elle sème la consternation à Port-Louis, où sont réunis les chefs d'État membres de l'OUA, bien que rares soient ceux qui expriment ouvertement leur sympathie avec le président ougandais.

Rhodésie

Salisbury. 6 310 000. 16. 3,4 %.
Économie. PIB (74) : 532. Production : G(73) 128 + I(74) 132. Énerg. (*74) : 805. C.E. (73) : 25 %.
Transports. (*74) : 6 190 M t/km. (*74) : 180 000 + 70 000.
Information. (72) : 3 quotidiens ; tirage global : 84 000. (73) : *225 000. (72) : *57 000. (71) : 51 000 fauteuils. (74) : 172 000.
Santé. (71) : 836.
Institutions. État indépendant le 11 novembre 1965. République. Constitution promulguée le 2 mars 1970. Chef de l'État : John Wrathall, nommé par le gouvernement le 10 décembre 1975. Chef de l'exécutif : Ian Douglas Smith.

Des affrontements remplacent le dialogue

Toute l'année est dominée par l'échec de la conférence de Genève, convoquée à l'initiative de la Grande-Bretagne, ancienne puissance coloniale. Ouverte le 28 octobre 1976, la conférence a été ajournée le 5 novembre, reprise dix jours plus tard, de nouveau ajournée, sine die cette fois, le 14 décembre. Certes, après bien des hésitations, Ian Smith et les représentants des différentes tendances nationalistes avaient accepté de se rencontrer. Mais, de controverses, sur les places respectives des délégations, en polémiques, sur la procédure des négociations, puis en affrontements, sur les mesures à adopter, l'impasse semble vite inévitable, malgré les diverses tentatives faites par les Américains pour débloquer les conversations.

Obstination

Tandis que des tentatives de règlement négocié n'ont cessé de se développer, la situation s'est gravement détériorée sur le terrain, donnant le sentiment que seules les armes viendraient à bout de l'obstination de I. Smith et de ses amis. En septembre, à l'occasion des conversations de Zurich entre J. Vorster et H. Kissinger, presque exclusivement consacrées à la Rhodésie, le second fait savoir que les Américains seraient éventuellement disposés à participer à l'indemnisation des colons blancs de Rhodésie, après l'accession de la majorité noire au pouvoir.