En août, la tension rebondit à la suite d'une série d'attentats sanglants en Égypte dont la responsabilité est attribuée par le président Sadate au « fou de Tripoli ». « Cette fois, Kadhafi ne m'échappera pas » affirme le raïs, qui accuse la Libye d'entretenir sur son territoire quatre camps de mercenaires. En septembre, cependant, la tension s'apaise, et le colonel Kadhafi affirme qu'à la « demande du peuple libyen » il ne rompra pas les relations avec l'Égypte. Il se déclare prêt à rencontrer le président Sadate dans un pays neutre pour régler le contentieux opposant les deux pays.

Le colonel Kadhafi, qui a soutenu l'alliance palestino-progressiste au cours de la guerre civile libanaise, ne participe pas au sommet du Caire d'octobre. Il s'y fait toutefois représenter in extremis par son ministre des Affaires étrangères, qui vit depuis près d'un an en exil en Égypte. Pour marquer sa désapprobation à l'égard des résolutions adoptées par le sommet du Caire, la Libye retire ses unités de la Force arabe de dissuasion, à majorité syrienne, créée dans le but de pacifier le Liban.

Les relations soviéto-libyennes s'améliorent au fur et à mesure que se détériorent les rapports entre Le Caire et Tripoli. Le colonel Kadhafi, qui se rend à Moscou au début de décembre 1976 (pour la première fois depuis son accession au pouvoir), signe dans la capitale soviétique une série d'accords de coopération technique et économique entre les deux pays. Il maintient toutefois son hostilité à toute solution politique au Proche-Orient, et le communiqué final publié à l'issue de ses entretiens avec les dirigeants du Kremlin ne fait aucune allusion à la conférence de Genève, pourtant souhaitée par Moscou.

Troisième voie

Le colonel Kadhafi met en application, le 1er mars 1977, son projet de « démocratie directe » inspirée par sa fameuse théorie dite de la troisième voie. L'Union socialiste arabe, le parti unique, transformée en Congrès populaire général, proclame à Sebha, dans le Sud libyen, l'instauration du « pouvoir populaire direct », qui met désormais fin au système politique en vigueur. Le Conseil du commandement de la révolution, jusque-là la plus haute autorité de l'État, devient le secrétariat général du congrès, avec à sa tête le colonel Kadhafi, qui prend le titre de secrétaire général du Congrès populaire général. Un comité populaire général prend la place du Conseil des ministres, composé de secrétaires qui ne sont autres que les anciens ministres. En définitive, les changements introduits ne sont que de pure forme, et le pouvoir demeure entre les mains des cinq anciens membres du Conseil du commandement de la révolution : le colonel Kadhafi, le commandant Abdel Salam Jalloud (qui ne préside plus le gouvernement, mais est confirmé dans son rôle de numéro deux du régime), le major Abou Bakr Younès, le major Moustapha Kharoubi et le commandant Khouildi el Hamidi.

En outre, pour la troisième fois depuis la révolution de 1969, la Libye change de nom, le 22 novembre 1976, et devient la « Aljamahiriya arabe libyenne populaire socialiste ». (Aljamahiriya est un néologisme qui pourrait se traduire par l'État des masses populaires).

L'instauration du pouvoir populaire direct annonce une radicalisation du régime dans son attitude à l'égard de l'opposition. Pour la première fois depuis septembre 1969, cinq Libyens accusés d'attentats sont exécutés publiquement au début d'avril. Amnesty International signale vingt-deux autres exécutions au cours du même mois. La répression coïncide avec un regain de tension avec Le Caire, inquiet devant le rapprochement soviéto-libyen et la longue étape libyenne de la tournée africaine de Fidel Castro. Les relations se détériorent également avec la Tunisie à la suite du litige qui oppose les deux pays à propos de la délimitation du plateau continental dans le golfe de Gabès. En juin 1977, cependant, un début de réconciliation semble s'amorcer entre la Libye et ses deux voisins arabes.

Madagascar

Antananarivo. 7 930 000. 13. 2,1 %.
Économie. PIB (72) : 150. Énerg. (*74) : 71. C.E. (72) : 16 %.
Transports. (*74) : 254 M pass./km, 210 M t/km. (*74) : 55 000 + (71) 40 300. (74) : 207 M pass./km.
Information. (72) : 13 quotidiens ; tirage global : 103 000. (73) : *700 000. (73) : *7 500. (72) : 15 000 fauteuils. (74) : 30 000.
Santé. (73) : 687.
Éducation. Prim. (72) : 1 030 342. Sec. et techn. (71) : 114 487. Sup. (71) : 6 683.
Institutions. État indépendant le 26 juin 1960. République (14 octobre 1958). La nouvelle Constitution, approuvée par référendum le 21 décembre 1975, institue la République démocratique de Madagascar. Président de la République : capitaine de frégate Didier Ratsiraka. Premier ministre : Justin Rakotoniaina.

Majunga

Grave tension raciale à Majunga, mise en place des nouvelles institutions, distances de plus en plus accentuées avec l'ancienne métropole, tels sont les éléments qui auront dominé la vie politique.