Les votes sont-ils pour autant absolument libres ? Aux trois stades électoraux, mais surtout lors des législatives, les partis protesteront violemment contre des irrégularités flagrantes. Mais ils participeront jusqu'au bout, trop engagés pour faire machine arrière. Les résultats des différentes consultations dessinent la même répartition des voix : la majorité va aux indépendants (sous ce vocable se regroupent beaucoup de partisans du pouvoir). Vient ensuite l'Istiqlal, puis le Mouvement populaire de Ahardane, puis l'USFP, enfin les autres formations. Le 12 novembre, aux élections municipales, les indépendants gagnent environ deux tiers des sièges, l'Istiqlal a 2 000 conseillers, le Mouvement populaire 1 000, l'USFP 875. Le 25 janvier, les indépendants obtiennent encore la majorité (359 sur 513), lors du renouvellement des assemblées préfectorales et provinciales.

Pour donner satisfaction aux partis, qui contestent la régularité des différentes élections, le roi fait entrer au gouvernement, en mars, les principaux leaders de l'opposition : Bouabid (USFP), Boucetta (Istiqlal), Ahardane (Mouvement populaire), Khatib (Mouvement populaire constitutionnel et démocratique) sont ministres d'État sans portefeuille.

Les élections législatives, le 3 juin, marquent la dernière étape importante dans le rétablissement du pluralisme politique. Sur les 264 députés, seuls 173 sont élus au suffrage universel direct (les autres étant élus par un collège de conseillers municipaux et par les chambres professionnelles). Au terme d'une campagne agitée, les partisans du roi l'emportent largement. Vient ensuite l'Istiqlal, consacré parti le plus important, puis le Mouvement populaire et l'USFP. Deux échecs retentissants : celui du secrétaire d'État Mohamed Belkhayat et celui du leader de l'USFP, Abderrahim Bouabid. Une élection insolite : celle d'Ali Yata, leader du parti communiste marocain (PPS), qui sera le seul communiste à siéger. L'USFP et l'Istiqlal dénoncent pourtant des irrégularités flagrantes et menacent de quitter la scène politique.

Croisade

Mais, une fois de plus, le roi joue avec succès la carte de la politique étrangère. Il s'est rapproché de la Mauritanie et surtout (pendant sa visite à Paris, en novembre 1976) de la France. Une ombre aux relations : le 28 mai, 7 coopérants français sont accusés d'activités subversives et expulsés. L'alliance avec la France se révèle payante. En effet, le 8 avril, Hassan II décide de venir en aide au Zaïre « soumis à une agression extérieure ». Répondant à l'appel de Mobutu, il envoie d'urgence un contingent des forces marocaines pour soutenir sur le terrain l'armée zaïroise. La nouvelle fait sensation (c'est la première intervention d'un pays arabe en Afrique), d'autant plus que la France annonce en même temps qu'elle « prête » au Maroc 11 avions-cargos pour transporter les troupes marocaines de Rabat à Kinshasa. La croisade africaine franco-marocaine va-t-elle entraîner l'internationalisation du conflit zaïrois ? En URSS et dans le tiers monde, les critiques sont acerbes (surtout en Algérie). Mais l'opération se déroule avec l'approbation tacite des régimes arabes modérés. Le 22 mai, les troupes marocaines rentrent, mission terminée, succès assuré. Hassan II, pour la première fois, s'est posé en arbitre dans un conflit, et la victoire lui a donné raison. Mais la guérilla continue au Sahara occidental, et personne au Maroc ne peut l'oublier.

Maurice (île)

Port-Luis. 860 000. 420. 2 %.
Économie. PIB (74) : 641. Énerg. (*74) : 239. C.E. (74) : 57 %.
Transports. (*74) : 16 100 + 8 200.
Information. (73) : 16 quotidiens ; tirage global : 100 000. (72) : 107 000. (72) : 27 000. (72) : 52 000 fauteuils ; fréquentation : 8,3 M. (74) : 24 000.
Santé. (73) : 187. Mté inf. (74) : 45,3.
Éducation. Prim. (73) : 154 830. Sec. et techn. (73) : *58 000. Sup. (72) : 1 295.
Institutions. État indépendant le 12 mars 1968. Constitution de 1967, amendée le 18 novembre 1969. Gouverneur général représentant la Couronne britannique : sir Abdul Raman Osman. Premier ministre : sir Seewoosagur Ramgoolam.

La gauche frustrée de sa victoire

Sir Seewoosagur Ramgoolam ayant dissous le Parlement le 21 octobre 1976, des élections générales ont lieu le 20 décembre. C'est la première consultation organisée dans l'ancienne colonie britannique depuis son accession à l'indépendance ; elle se solde par une victoire de la gauche. Le Mouvement militant mauricien (MMM) de Paul Berenger s'assure 34 des 70 sièges de la nouvelle assemblée.

Coalition

Le programme du MMM prévoit « la nationalisation avec compensation et autonomie de gestion » de cinq des vingt et une usines à sucre de l'île, des terres qui leur appartiennent, des docks de Port-Louis, des transports en commun, des compagnies d'assurances et des plantations de thé. En accord avec les centrales syndicales, le MMM envisage également la nationalisation de certaines entreprises de construction et la mise en route d'une réforme fiscale. Sur le plan politique. P. Berenger préconise le retrait de l'île Maurice du Commonwealth, la démilitarisation totale de l'océan Indien et l'arrêt des relations commerciales et touristiques avec l'Afrique du Sud.