En même temps que les dirigeants soudanais accusent la Libye et l'Union soviétique d'être à l'origine des complots ourdis contre eux, ils amorcent un rapprochement, qui ira en se précisant chaque jour davantage, avec les États-Unis, d'une part, avec l'Égypte et l'Arabie Saoudite, d'autre part.

Nemeiry rompt les relations diplomatiques avec Tripoli dès le 6 juillet 1976. En mai 1977, il exige que les Soviétiques réduisent les effectifs de leur ambassade à Khartoum ; la rupture formelle est évitée de justesse. Se faisant le champion d'une politique qui vise à ériger la mer Rouge en lac arabe, le chef de l'État soudanais accroît considérablement son soutien aux rebelles d'Érythrée.

Dans l'est du Soudan, la ville de Kassala devient l'une des grandes bases des nationalistes qui combattent dans les rangs des trois mouvements de libération érythréens. Par Port-Soudan arrivent armes, munitions et matériel destinés aux guérilleros, qui ne cessent de gagner du terrain sur l'armée éthiopienne.

Résolu à mener la vie dure aux dirigeants d'Addis-Abeba, qui ont abandonné l'alliance traditionnelle avec Washington pour se tourner vers Moscou, Nemeiry aide également l'Union démocratique éthiopienne (UDE), mouvement d'opposition, dont le siège se trouve à Londres mais qui entretient des maquis armés dans la partie occidentale de l'Éthiopie. À partir de Kassala également, où ils disposent d'une représentation permanente, les dirigeants de l'UDE mènent des opérations armées de grande envergure.

Influence

En juillet, le roi Khaled d'Arabie Saoudite, le président égyptien Sadate et le général Nemeiry décident, après s'être rencontrés à Djedda, de coopérer étroitement dans le domaine militaire. L'Égypte et le Soudan signent d'ailleurs un pacte de défense commune pour une durée de vingt-cinq ans. En février, le général Nemeiry adresse un avertissement solennel aux Éthiopiens, accusés de chercher à réveiller les aspirations séparatistes des minorités noires du Soudan du Sud. En effet, l'Éthiopie abritant près de 30 000 réfugiés soudanais, le gouvernement de Khartoum redoute qu'en représailles contre le soutien soudanais aux Érythréens les Éthiopiens n'arment de nouveau ces réfugiés et ne rallument la guerre civile au Soudan, en rouvrant le front sud.

En mars, Nemeiry réunit l'Égyptien Sadate et le Syrien Assad essayant de convaincre ce dernier de rejoindre le camp de ceux qui veulent faire contrepoids à l'influence des pays arabes progressistes, tant au Proche-Orient qu'à la Corne orientale de l'Afrique. Poursuivant son offensive diplomatique, le chef de l'État soudanais suscite, quelques jours plus tard, une réunion quadripartite à Taëz, au Yémen du Nord, entre les présidents de Somalie, des deux Yémens et lui-même, pour tenter d'isoler l'Éthiopie, qu'ils estiment tournée trop exclusivement vers l'Union soviétique.

Lorsque, le 1er mai 1977, le président Sadate rendra publique sa décision d'intervenir au Zaïre, aux côtés du général Mobutu, il expliquera d'ailleurs clairement que c'est parce qu'il estime que l'invasion du Shaba constitue une menace pour le Soudan et parce que la politique africaine de l'Égypte est dominée par le souci de faire obstacle à l'Union soviétique.

France

De son côté, reçu en visite officielle à Paris, du 16 au 19 mai, Nemeiry multipliera les déclarations d'hostilité à l'adresse de l'Éthiopie, affirmant que cette dernière est tombée dans l'orbite soviétique, et passera d'importantes commandes de matériel militaire en France. Le communiqué commun franco-soudanais insistera sur l'identité de vues en ce qui concerne l'évolution de l'Afrique orientale et de la mer Rouge. Ces diverses prises de position font que Nemeiry, qui, lors de son accession au pouvoir, était considéré comme un socialiste nassérien, passe de plus en plus pour un conservateur, allié des régimes arabes résolument anticommunistes. C'est d'ailleurs avec le concours des capitaux saoudiens que le président soudanais, dépourvu de ressources financières nationales importantes, s'apprête à transformer une partie de son pays en grenier à vivres du monde arabe.

Swaziland

Mbabane. 490 000. 27. 3 %.
Économie. PIB (72) : 322.
Transports. (73) : 6 500 + 4 000.
Information. (73) : *51 000. (71) : 2 100 fauteuils. (74) : 7 000.
Santé. (74) : 54.
Éducation. Prim. (74) : 86 110. Sec. et techn. (74) : *15 000. Sup. (71) : 215.
Institutions. État indépendant le 6 septembre 1968. Constitution de 1968, abrogée en 1973. Le roi Sobhuza II prend les pleins pouvoirs. Premier ministre : colonel Maphevu Dlamini.

Tanzanie

Dodoma. 15 310 000. 16. 2,5 %.
Économie. PIB (74) : 152. Production (74) : G 117. Énerg. (*74) : 72. C.E. (74) : 18 %.
Transports. (*74) : 39 100 + 42 300. (74) : 115 M pass./km.
Information. (73) : 3 quotidiens ; tirage global : *41 000. (73) : *230 000. (69) : *4 000. (71) : 13 500 fauteuils. (74) : 58 000.
Santé. (73) : *540.
Éducation. Prim. (73) : 1 126 125. Sec. et techn. (73) : 52 355. Sup. (72) : 2 683.
Institutions. République proclamée le 29 octobre 1964 (Tanganyika, indépendant le 9 décembre 1961, et Zanzibar, indépendant le 10 décembre 1963). Constitution de 1961, révisée en septembre 1965. Président de la République : Julius K. Nyerere, élu pour un quatrième mandat le 1er novembre 1975 ; premier vice-président : Aboud Jumbe ; second vice-président et Premier ministre : Édouard Moringe Sokoine.

Tchad

N'Djamena. 4 030 000. 3. 2,3 %.
Économie. PIB (70) : 74. Énerg. (*74) : 17. C.E. (70) : 13 %.
Transports. (73) : 5 800 + 6 300.
Information. (73) : 4 quotidiens ; tirage global : 2 000. (73) : *70 000. (68) : 5 900 fauteuils ; fréquentation : 1,3 M. (74) : 5 000.
Santé. (73) : 89.
Éducation. (73). Prim. : 198 030. Sec. et techn. : 12 918. Sup. : 605.
Institutions. État indépendant le 11 août 1960. République (26 octobre 1958). Constitution de 1964. Chef de l'État et président du Conseil supérieur militaire : général Félix Malloum. Succède au président Ngarta Tombalbaye, tué au cours du coup d'État du 13 avril 1975. Constitution suspendue. Assemblée nationale dissoute.

Fin du calvaire des époux Claustre

Vu de France, l'événement le plus important survenu au Tchad au cours de l'année, c'est la remise en liberté des époux Claustre. Avec la publication, le 30 janvier 1977, d'un communiqué de la présidence de la République française, prend fin la plus longue prise d'otages du siècle, tandis que se termine une situation qui avait amené les gouvernements de N'Djamena et de Paris au seuil de la rupture.