Afrique

Afrique du Sud

Le Cap. 26 130 000. 22. 2,5 %.
Économie. PIB (75) : 1 339. Production (75) : G 123 + A 145 + I *120. Énerg. (*75) : 2 953. C. E. (75) : 15 %.
Transports. (*75) : 65 061 Mt/km. (*75) : 2 117 000 + 800 300.  : 477 000 tjb. (75) : 3 993 M pass./km.
Information. (74) : 24 quotidiens ; tirage global : *1 738 000. (74) : *2 335 000. (71) : 498 000 fauteuils ; (75) : 1 936 000.
Santé. (73) : 12 060.
Éducation. Prim. (72) : 4 653 452. Sec. et techn. (*70) : 565 000. Sup. (73) : 98 577.
Institutions. État indépendant le 31 mai 1910. République proclamée le 31 mai 1961. Constitution de 1961. Président de la République : Nicolaas Diederichs, élu le 21 février 1975, succède à Jim Fouché. Le Premier ministre Balthazar Johannes Voster se succède à lui-même après les élections du 30 novembre 1977.

Pretoria de plus en plus isolée

Désagrégation extrêmement timide, modifications internes modestes, rien ne semble changer profondément dans le pays, où le souvenir du coup de tonnerre de Soweto de juin 1976 (Journal de l'année 1975-76) paraît pratiquement dissipé. En revanche, la police sud-africaine a progressivement repris en main une situation qu'elle contrôle étroitement grâce à une énergique répression.

Le 13 août 1977, les trois fédérations d'athlétisme (blanche, noire et métisse) sont unifiées. En avril 1978, le gouvernement s'engage à faciliter l'accession des Noirs à la propriété de leur logement. En juin, 26 théâtres sont déségrégés dans les villes de province (Pretoria reste entièrement ségrégée). Telles sont trois des principales entorses légalement apportées au système d'apartheid qui, cependant, reste solide sur ses bases.

Dissolution

Le parti réformiste-progressiste (PRP) de Colin Eglin est rejoint, en septembre 1977, par quelques dissidents du parti uni (UNP) de sir de Villiers Graaf. C'est pour former un nouveau parti (blanc) qui affirme être opposé à toute forme de ségrégation raciale, le Parti progressiste fédéral (PFP). Le 20 septembre, Johannes Vorster, Premier ministre, chef du parti nationaliste, leader de la majorité, dissout l'Assemblée nationale et les quatre conseils provinciaux (Transvaal, Natal, Le Cap, Orange). Il convoque ses compatriotes le 30 novembre pour des élections générales anticipées, destinées à faire plébisciter sa politique.

Ayant enlevé 135 des 165 sièges du Parlement — ce qui représente une progression de 18 sièges pour ses représentants du parti national — J. Vorster procède, le 25 janvier 1978, à un remaniement ministériel de caractère essentiellement technique. Cependant, bien que sa succession soit loin d'être ouverte, une vive compétition se dessine déjà au sein du parti entre ceux qui s'estiment être des dauphins potentiels. C'est le cas notamment de Pik Botha, ministre des Affaires étrangères, et de Connie Mulder, ministre de l'Information. Cependant, une mystérieuse affaire d'utilisation de fonds secrets pour l'achat de journalistes, jointe à des divergences de vues sur la politique à mener en matière d'information pour donner une meilleure image du pays à travers le monde, affaiblit sensiblement la position personnelle de Connie Mulder, dont l'un des proches collaborateurs, Eschel Rhoodie, est mis en accusation par ses propres amis.

Arrestations

Pour la première fois depuis quatre ans, en avril, le budget de la défense est en diminution (– 6,4 %). Pourtant, le gouvernement ne mesure pas à la police les moyens de lutte contre la subversion. Le 1er septembre 1977, Jimmy Krüger, ministre des Prisons, de la Police et de la Justice, indique que, depuis les événements de Soweto de 1976, 2 400 personnes ont été arrêtées. En février 1978, il affirme que la police a tué 144 personnes et en a blessé 403 au cours de l'année 1977.

Parmi les victimes les plus populaires figure Steve Biko, leader du mouvement de la Conscience noire, tué le 12 septembre dans des circonstances qui soulèvent un flot de protestations, sur place et à travers le monde. L'opposition sud-africaine ayant, à la suite de ce décès suspect survenu en prison, exigé la démission de Jimmy Krüger, les étudiants noirs multipliant les manifestations hostiles au régime, une commission d'enquête est constituée. Le 25 septembre, Steve Biko est inhumé dans son village natal du Ciskei, près de King William's Town, en présence de 15 000 personnes. En octobre (2 journaux et 18 organisations hostiles à l'apartheid sont interdits), le rapport final de la commission d'enquête indique que Biko est mort « des suites de blessures à la tête ». En novembre, un nouveau rapport parle de « bagarre entre Biko et ses gardiens », mais un non-lieu est prononcé le 2 décembre. En novembre 1977, une vague d'arrestations (plus de 600) s'abat sur les banlieues noires de la capitale. La femme du leader noir Nelson Mandela est condamnée à six mois de prison avec sursis le 9 février 1978. Une dizaine de personnalités noires, dont Percy Qoboza, rédacteur en chef du journal noir The World, arrêtées et détenues sans jugement depuis le 18 octobre, sont remises en liberté le 10 mars. En mai, ce sont les leaders du mouvement que dirigeait Steve Biko qui sont appréhendés. La communauté blanche est suffisamment inquiète pour qu'au cours de la seule année 1977 on enregistre le départ définitif du pays de plus de 26 000 Blancs. Il est vrai que, le 24 novembre, un attentat commis en plein centre de Johannesburg, au Carlton Center building, a fait 19 blessés et provoqué une psychose de peur parmi les Européens.

Tension

À travers tout le pays, les banlieues noires situées au cœur des zones blanches constituent autant de foyers de tension permanente. À Soweto, par exemple, bien que l'explosion brutale ait constamment pu être évitée, à aucun moment le calme n'a été totalement rétabli de façon sûre.