Si le général a triomphé, c'est, disent ses adversaires, parce qu'il a bénéficié de puissants concours extérieurs, dont celui de la France, avec laquelle il a toujours entretenu d'excellentes relations, et celui aussi de la Libye, avec laquelle ce chef d'État musulman (il a le titre d'El Hadj) a noué des rapports qui sont allés en se renforçant au cours des années. L'aristocratie traditionnelle, conservant une rancune tenace à l'égard des anciens dirigeants civils qui ont démantelé ses privilèges, lui a été également d'un précieux secours.

Abstentions

Enfin, il ne faut pas sous-estimer l'insuffisante audience de ses trois concurrents. Leader syndicaliste, Joseph Ouedraogo n'a pas mobilisé sur son nom un nombre d'électeurs suffisant pour prétendre se présenter au second tour. Ce fut également le cas pour Joseph Ki Zerbo, enseignant, figure très connue dans les couloirs des organisations internationales, mais visiblement moins populaire dans son pays.

La division des Mossi (qui représentent les deux tiers de la population de Haute-Volta) constitue un intéressant élément d'explication du scrutin. En effet, l'ancien Premier ministre, Gérard Kango Ouedraogo, très populaire dans la région de Ouahigouya, a, comme les chefs traditionnels eux-mêmes, appelé à voter en faveur du général Lamizana. Même si ce dernier n'est pas réellement populaire, sa bonhomie et sa tolérance, reconnues par tous, ont incité beaucoup de Voltaïques à se prononcer en sa faveur. Cependant, le nombre important d'abstentionnistes témoigne d'un curieux désintéressement pour l'exercice du droit de vote, pourtant de plus en plus chichement mesuré à travers l'Afrique : moins de 35 % des inscrits ont voté au premier tour, et à peine 40 % au second tour.

Hostilités

Tenu à l'écart de l'élection présidentielle, l'ancien président Maurice Yameogo, déchu de ses droits civiques, retiré des affaires politiques dans son village natal de Koudougou, a directement influencé le déroulement du scrutin. Macaire Ouedraogo, jeune économiste, banquier, nouveau venu dans l'arène politique, était en fait son prête-nom. Il n'a été distancé que d'une courte longueur par le général Lamizana. Ce qui laisse supposer que la population voltaïque n'a pas entièrement oublié monsieur Maurice, qui conserve certaines chances pour une éventuelle rentrée politique. Ce qui indique aussi combien le président élu dispose d'une étroite marge de manœuvre. Si étroite même que certains jeunes militaires, hostiles à ce qu'ils appellent « le byzantinisme parlementaire », ne dissimulent ni leur impatience ni leur hostilité.

Kenya

Nairobi. 13 850 000. 24. 2,5 %.
Économie. PIB (75) : 234. Production (75) : G 124 + I (74) *137. Énerg. (*75) : 174. C. E. (75) : 15 %.
Transports. (74) : 130 900 + 23 800.
Information. (74) : 3 quotidiens ; tirage global : 97 000. (74) : *510 000. (74) : *37 000. (71) : 18 800 fauteuils. (75) : 122 000.
Santé. (73) : 766. Mté inf. (73) : 51.
Éducation. Prim. (75) : 2 881 155. Sec. et techn. (75) : *230 000. Sup. (71) : 2 009.
Institution. État indépendant le 12 décembre 1963. République proclamée le 12 décembre 1964. Constitution de 1963, révisée en 1964. Président de la République et Premier ministre : Jomo Kenyatta, réélu pour un 3e mandat le 20 septembre 1974.

Lesotho

Maseru. 1 040 000. 35. 2,2 %.
Économie. PIB (70) : 74.
Transports. (*75) : 4 600 + 3 200.
Information. (74) : 11 000. (71) : 800 fauteuils. (74) : 4 000.
Santé. (74) : 50.
Éducation. Prim. (75) : 221 922. Sec. et techn. (75) : 16 462. Sup. (74) : 577.
Institutions. Indépendant le 4 octobre 1966. Monarchie. Constitution de 1965 suspendue. Souverain : Moshoeshoe II. Premier ministre : Leabua Jonathan, qui exerce tous les pouvoirs.

Liberia

Monrovia. 1 750 000. 16. 2,3 %.
Économie. PIB (73) : 334. Production (73) : G 113. Énerg. (*75) : 404. C. E. (73) : 58 %.
Transports. (74) : 12 100 + 10 000.  : 73 477 000 tjb.
Information. (74) : 3 quotidiens ; tirage global : 11 000. (74) : *261 000. (73) : *8 500. (71) : 14 900 fauteuils ; fréquentation : 1 M. (74) 7 000.
Santé. (73) : 132. Mté inf. (71) : 159.
Éducation. Prim. (72) : 139 045. Sec. et techn. (72) : 22 624. Sup. (73) : 1 710.
Institutions. République présidentielle, indépendante depuis le 26 juillet 1847. Constitution de 1847. Président de la République et chef de l'exécutif : William Richard Tolbert ; succède, le 23 juillet 1971, à Tubman, décédé.

Libye

Tripoli. 2 440 000. 1. 4,2 %.
Économie. PIB (74) : 5 236. Production (75) : A 172. Énerg. (*75) : 1 299. C. E. (74) : 65 %.
Transports. (*75) : 263 100 + 131 300.  : 459 000 tjb. (75) : 346 M pass./km.
Information. (74) : 5 quotidiens. (74) : 105 000. (74) : 6 000. (70) : 41 000.
Santé. (74) : 2 063.
Éducation. (74). Prim. : 522 473. Sec. et techn. : 129 875. Sup. : 11 997.
Institutions. État indépendant le 24 décembre 1951. République proclamée par le coup d'État militaire du 1er septembre 1969, qui renverse la monarchie constitutionnelle du roi Idriss Ier. Devient République arabe populaire libyenne, le 22 novembre 1976. Président de la République et président du conseil du commandement de la révolution colonel Moammer el-Kadhafi. Président du Conseil : commandant Abdel Salam Jalloud.

Kadhafi durcit sa politique

Les relations se détériorent avec l'Égypte au début de juillet 1977, à la suite de la multiplication des incidents de frontière entre les deux pays. De plus, l'Égypte, qui se présente comme le champion de l'Afrique modérée, accuse la Libye d'être devenue l'instrument de la pénétration soviétique dans le continent noir, et met en cause le soutien que Tripoli accorde à l'opposition soudanaise et au Frolinat.

Guerre ouverte

Le 11 juillet, le vice-président égyptien, Hosny Moubarak, accompagné de son chef d'état-major, se rend à N'Djamena pour y étudier les moyens de combattre les « menaces du colonel Kadhafi contre le Tchad ». Les incidents de frontière dégénèrent en guerre ouverte le 21 juillet. Les troupes égyptiennes attaquent la localité frontalière d'Al Mossaed, tandis que l'aviation pilonne le village de Bardaya. Le lendemain, le président Sadate explique que le but de l'opération est de « donner à Kadhafi une leçon qu'il n'oubliera jamais ». Les Mig 21 égyptiens bombardent la base aérienne d'El Adem, près de Tobrouk, ainsi que plusieurs villages qui, selon Le Caire, abritent des « camps d'entraînement de saboteurs ». Le 23 juillet, les Égyptiens lancent une opération aéroportée contre la localité de Ghaboub et bombardent l'oasis de Koufra. Les combats prennent fin dans la soirée du 24 juillet, à la suite de la double médiation de Y. Arafat et H. Boumediene, sans qu'aucune des parties n'ait remporté une victoire décisive.