Parmi les ministres écartés figurent trois hommes dont l'action s'identifia pourtant au miracle économique ivoirien et qui occupaient leurs postes respectifs depuis une douzaine d'années : Henri Konan Bedie, ministre de l'Économie et des Finances, connu dans tous les milieux diplomatiques (il avait été auparavant ambassadeur aux États-Unis) et dans tous les cercles financiers internationaux, notamment au Fonds monétaire ; Mohamed Diawara, ministre du Plan, technocrate qui avait fait ses premières armes avec Raphaël Saller, lorsque ce Français d'origine antillaise détenait le portefeuille des Finances ; Abdoulaye Sawadogo, ministre de l'Agriculture, dont la compétence semblait n'avoir jamais été mise en cause.

Une quatrième personnalité mise à l'écart, Usher Assouan, démis des Affaires étrangères, a eu la tâche peu enviable de défendre, à travers le monde, les thèses ivoiriennes préconisant le dialogue avec le régime de Pretoria et, en d'autres temps, celles du soutien aux séparatistes biafrais.

Parmi les personnalités qui font leur entrée dans le gouvernement figurent notamment Bernard Dadie (Affaires culturelles), Simon Ake (Affaires étrangères) et Denis Bra Kanon (Agriculture). Brillant romancier et auteur de pièces de théâtre, Bernard Dadie a été membre du Conseil exécutif de l'Unesco et est le plus connu à l'étranger de tous les écrivains ivoiriens.

Parmi ceux qui reçoivent une importante promotion se trouvent Abdoulaye Kone, ancien ministre du Budget, qui succède à la fois à Bedie et Diawara, en devenant ministre de l'Économie, des Finances et du Plan, tout en conservant ses anciennes attributions, et Mathieu Ekra, compagnon de route du président Houphouët-Boigny depuis de longues années, qui devient ministre d'État.

Triomphe

Au cours de sa visite officielle en Côte-d'Ivoire, du 11 au 15 janvier 1978, V. Giscard d'Estaing reçoit un accueil triomphal, tant à Abidjan qu'à Yamoussoukro, village natal du président de la République ivoirienne. Celui-ci a conféré un éclat tout à fait exceptionnel au voyage du président français. Certes, les relations franco-ivoiriennes sont excellentes et en plein essor ; 40 % du capital industriel du pays, qui constitue une vitrine pour le libéralisme économique en Afrique de l'Ouest, est détenu par des intérêts français. Le nombre des ressortissants français installés dans le pays a pratiquement décuplé depuis son accession à l'indépendance. On l'estime à 50 000 environ, parmi lesquels 3 500 coopérants et assistants techniques. L'État ivoirien rembourse 80 % des frais d'entretien de ces derniers, ce qui montre que la prospérité économique ivoirienne est loin d'être une simple clause de style.

Mais ce qui est capital, c'est la communauté de vues que partagent V. Giscard d'Estaing et F. Houphouët-Boigny sur les grandes questions politiques. L'un et l'autre caressent un grand projet de pacte de solidarité réunissant l'Europe et l'Afrique. L'un et l'autre estiment que la mise au point d'un pacte de défense commune, complétant les accords bilatéraux de coopération militaire conclus entre la France et ses anciennes colonies africaines, constituerait une garantie contre les risques de déstabilisation du continent noir.

Officiellement il est beaucoup question des importantes commandes ivoiriennes que l'industrie française devrait recevoir après la visite officielle de V. Giscard d'Estaing. On reste en revanche très discret sur les aspects plus proprement politiques et militaires des entretiens entre les deux présidents. Cependant, les travaux de construction d'une piste pour Jumbo Jets à Bouake, deuxième ville de Côte-d'Ivoire, sont activement menés, tandis que l'implantation militaire française y est renforcée.

Détente

La rencontre de Monrovia, à laquelle participent les présidents Tolbert (Libéria), Eyadema (Togo), Jawara (Gambie), Senghor (Sénégal), Houphouët-Boigny et Sékou Touré (Guinée), apparaît comme l'une des manifestations de cette volonté acharnée de stabilité et de paix. En quelques heures, en effet, les cinq chefs d'État mettent un point final à la querelle qui opposait depuis de longues années le gouvernement de Conakry à celui d'Abidjan, d'une part, à celui de Dakar, d'autre part. Simultanément, la Guinée sort de l'isolement diplomatique dans lequel elle s'était confinée depuis le référendum de 1958. De sérieuses perspectives de détente se dessinent pour l'ensemble de l'Afrique occidentale, où la coopération régionale devrait enfin permettre d'accélérer le processus de mise en valeur que freinait la permanence des antagonismes entre États.

Djibouti

Djibouti. 125 000. 5. 2,2 %.
Économie. PIB (70) : 1 100. Énerg. (*75) : 450. C. E. (70) 10 %.
Information. (74) : *12 000. (73) : *2 300. (75) : 5 800 fauteuils ; fréquentation : 0,6 M. (75) : 4 000.
Santé. (74) : 52.
Éducation. (74). Prim : 9 306. Sec. et techn. : 2 158.
Institutions. Indépendance proclamée le 27 juin 1977, après le référendum du 8 mai 1977 (ancien Territoire français des Afars et des Issas). Constitution républicaine. Président de la République : Hassan Gouled Aptidon, élu le 24 juin 1977. Premier ministre : Abdallah Mohamed Kamil.

Un pays scindé en trois

Attentats terroristes, prises d'otages, tensions accrues entre les diverses communautés ethniques, difficultés économiques sans précédent, crise gouvernementale, cliquetis d'armes aux frontières, tout cela fait peser de lourdes menaces sur le sort de l'ancien territoire français des Afars et des Issas. La santé de la jeune république de Djibouti se révèle fragile.

Palmier en zinc

La terrasse du Palmier en zinc, un des restaurants les plus connus de Djibouti, est dévastée, le 15 décembre 1977, par l'éclatement de plusieurs grenades. Ce seul attentat fera six morts et une trentaine de blessés. Après un moment de stupéfaction, il créera surtout une psychose de peur dans les rangs de la communauté européenne locale, qui compte plus de 10 000 personnes, dont 4 500 militaires.