Quant aux moyens d'action dont disposent les pouvoirs publics pour tenter d'infléchir les évolutions spontanées de la fécondité, il faut reconnaître que les expériences passées, tirées de l'histoire européenne des cinquante dernières années, conduisent à des conclusions assez modestes : il ne faut guère espérer relever les courbes de plus de 0,1 à 0,2 enfant par femme. Cela ne signifie pas que les efforts de la politique familiale soient inutiles : d'un côté, cette marge d'action possible n'est pas à dédaigner dans un contexte général de fécondité basse ; de l'autre, dans la mesure où les moyens de la politique démographique sont aussi ceux d'une meilleure justice sociale (pourquoi ceux qui concourent à la reproduction de la société et dont les enfants financeront les retraites de tous les adultes d'aujourd'hui devraient-ils supporter à eux seuls les charges de cette reproduction ?), une politique familiale dynamique fondée sur des préoccupations démographiques n'a rien à craindre d'une efficacité démographique réduite, car elle conservera en tout état de cause une grande efficacité sociale.

Jusqu'à maintenant, peu de gouvernements — comme peu d'opinions publiques — en Europe occidentale se sont émus des tendances démographiques apparues depuis 1965. D'aucuns ont même accueilli le début de la baisse avec une sorte de soulagement. Il est probable que, si les tendances actuelles persistent, on verra progressivement certains d'entre eux renforcer vigoureusement leur politique familiale.