Le Frolinat annonce, le 18 mars, sa réunification, sous la houlette de Goukouny Oueddeï, sans doute à l'instigation des dirigeants libyens. Une nouvelle conférence a lieu à Sebha, réunissant cette fois dirigeants tchadiens et leaders du Frolinat. Quelques jours plus tôt, Louis de Guiringaud, en visite officielle à Lagos, a discuté avec ses interlocuteurs nigérians du sort de l'otage Christian Masse et obtenu le concours actif du président Obasanjo.

La conférence de Bengazi, le 27 mars, sanctionne la reconnaissance officielle du Frolinat par le gouvernement Malloum, à la suite de pressions exercées par les Libyens. Mais, dès que les deux parties se sont séparées, N'Djamena accuse ses adversaires de rupture unilatérale du cessez-le-feu. Le Frolinat dénonce à son tour, en mai, les accords de Bengazi.

Khadafi poursuit, malgré cette rupture, ses démonstrations officielles de pacifisme. À plusieurs reprises, il lance des appels au Front, l'invitant à déposer les armes. Attitude qui n'abuse pas notamment le président Bongo, président en exercice de l'OUA. Il n'hésite pas à lancer, en avril et en juin, de sévères avertissements contre l'ingérence libyenne au Tchad.

Togo

Lomé. 2 280 000. 39. 2,5 %.
Économie. PIB (73) : 197. Énerg. (*75) : 65. C. E. (73) : 14 %.
Transports. (74) : 65 M pass./km, 22 Mt/km. (74) : *13 000 + *7 000.
Information. (73) : 3 quotidiens ; tirage global : 13 000. (74) : *50 000. (74) : 8 000.
Santé. (73) : 100.
Éducation. (75). Prim. : 362 895. Sec. et techn. : 64 590. Sup. : 2 353.
Institutions. Indépendance le 27 avril 1960. République (30 août 1956). Président de la République et chef du gouvernement : général Ghansimgbe Eyadema, confirmé dans ses fonctions par référendum le 9 janvier 1972. Constitution de 1963 suspendue. Le gouvernement exerce l'ensemble des pouvoirs.

Tunisie

Tunis. 5 770 000. 34. 2,4 %.
Économie. PIB (74) : 626. Production : G (74) 145 + A (75) 187 + I (75) 134. Énergie. (*75) : 447. C. E. (74) : 26 %.
Transports. (*75) : 588 M pass./km, 1 283 Mt/km. (*75) : 102 600 + 67 000. (75) : 869 M pass./km.
Information. (74) : 4 quotidiens ; tirage global : 156 000. (74) : *277 000. (73) : *147 000. (73) : 49 800 fauteuils ; fréquentation : 12,5 M. (74) : 129 000.
Santé. (71) : 1 004.
Éducation. Prim. (75) : 932 787. Sec. et techn. (75) : 183 857. Sup. (72) : 17 540.
Institutions. État indépendant le 20 mars 1956. République proclamée le 25 juillet 1957. Constitution de 1959, amendée en 1969, 1975 et 1976. Président de la République : Habib Bourguiba, élu président à vie. Premier ministre : Hedi Nouira.

Des grèves à l'émeute

La longue crise qui oppose le gouvernement à la centrale syndicale UGTT rebondit en octobre 1977, lorsque de violents incidents opposent à Ksar Ehlal, dans le Sahel, des ouvriers du textile à la police tunisienne. La grève est brisée, les meneurs arrêtés, mais en novembre une seconde vague de troubles sociaux se manifeste à nouveau dans tout le pays : les grèves tournantes, puis la grève des 12 000 mineurs de phosphates de Gafsa risquent de désorganiser l'économie du pays.

Agitation

Mais il y a plus grave : les revendications sociales, manifestement, prennent un tour de plus en plus politique. Le secrétaire général de l'UGTT, Habib Achour, s'est rapproché de Mohammed Masmoudi, ex-ministre des Affaires étrangères, qui revient à Tunis le 12 décembre 1977, après quatre ans d'exil. Tous deux ne cachent pas leurs sympathies pour le régime unioniste arabe de Kadhafi.

Or le colonel Kadhafi continue d'être un partisan fervent de l'union tuniso-libyenne, que le président Bourguiba avait dénoncée, après y avoir un moment consenti (Journal de l'année 1973-74). L'agitation sociale peut-elle, de l'extérieur, être transformée en agitation politique ?

La crise politique éclate le 23 décembre 1977. Mais, contre toute attente, elle se produit au sein du gouvernement. Le ministre de l'Intérieur Tahar Belkodja est partisan d'une politique plus souple face à l'UGTT. Hedi Nouira, lui, prêche la fermeté. C'est le Premier ministre qui l'emporte. Tahar Belkodja est relevé de ses fonctions et remplacé par Abdallah Ferhat, ministre de la Défense, partisan d'une ligne dure. Le directeur de la Sûreté est limogé et c'est un colonel qui lui succède.