L'armée refuse désormais de suivre inconditionnellement son chef. Ce dernier, pour déjouer les tentatives d'assassinat réelles ou supposées, engage jusqu'à six sosies, dont l'un sera d'ailleurs tué par erreur. C'est pour désorienter ceux qui veulent l'assassiner que le maréchal entretient périodiquement des campagnes de fausses rumeurs concernant son état de santé. Ainsi, en septembre 1977, on murmure à travers le pays qu'après avoir été opéré par un chirurgien soviétique le dictateur a été transféré momentanément dans une île du lac Victoria.

Fantasque

Afin de donner une teinture libérale à son comportement de plus en plus fantasque, Idi Amin Dada convoque, en janvier, un Forum national de 1 000 personnes, toutes désignées par lui. Puis il crée une Commission des droits de l'homme, organisme fantoche officiellement chargé de faire respecter les libertés publiques. En avril, visiblement de plus en plus inquiet, le maréchal remanie son cabinet ; à cette occasion, il s'attribue le poste de ministre de la Défense et de l'Intérieur, ce qui porte à cinq le nombre de ses portefeuilles.

Isolé dans son propre pays, Idi Amin Dada l'est plus encore sur le plan international. La Libye est à peu près le seul État qui consente à entretenir avec l'Ouganda des relations normales. En décembre, un accord de coopération économique, scientifique et technique est signé avec le gouvernement de Tripoli, qui procède à des achats réguliers de café et de coton ougandais. En février, après bien des hésitations, le Kenya consent à normaliser ses relations, gravement détériorées depuis plusieurs années.

Les USA, pour leur part, prennent de plus en plus leurs distances avec la dictature ougandaise.

Rhodésie

Salisbury 6 530 000. 17. 3,5 %.
Économie. PIB (74) : 555. Production (74) : G 139 + I (75) : 133. Énerg. (*75) : 764. C. E. (73) : 25 %.
Transports. (*75) : 6 141 Mt/km. (74) : *180 000 + *70 000.
Information. (74) : 2 quotidiens ; tirage global : 100 000. (74) : *225 000. (72) : *57 000. (71) : 51 000 fauteuils. (75) : 183 000.
Santé. (73) : 1 035.
Éducation. (74). Prim. : 835 887. Sec. et techn. : 72 994.
Institutions. État indépendant le 11 novembre 1965. République. Constitution promulguée le 2 mars 1970. Chef de l'État John Wrathall, nommé par le gouvernement le 10 décembre 1975. Chef de l'exécutif : Ian Douglas Smith.

Vers l'installation du pouvoir noir

L'affaire rhodésienne est toujours dans l'impasse ; les polémiques se poursuivent à propos de l'adoption du plan anglo-américain de règlement négocié et au sujet de l'accord de règlement interne décidé le 3 mars par Ian Smith. Les tueries se multiplient et la lutte armée s'intensifie ; tandis que les allées et venues des diplomates restent aussi vaines que la tenue de diverses conférences consacrées à la décolonisation de l'ancienne Rhodésie du Sud.

Accord

Ian Smith, ayant décidé de dissoudre le Parlement le 18 juillet 1977, organise des élections générales le 31 août. Ayant ainsi consolidé sa position personnelle, il passe, en mars 1978, un accord avec les représentants des trois mouvements nationalistes modérés : Chirau (Organisation des peuples unis du Zimbawe-Zupo), Muzorewa (Conseil national africain unifié-UANC), Sithole (aile modérée de l'Union nationale africaine du Zimbabwe-Zanu).

Au terme d'un document en cinq points, les signataires s'engagent à former un gouvernement de transition qui devra préparer une nouvelle constitution, statuer sur le sort des détenus politiques, examiner les conditions d'un cessez-le-feu, organiser les premières élections au suffrage universel, décider enfin de la composition de l'armée du futur État.

Les trois mouvements nationalistes se répartiront les neuf portefeuilles ministériels qui leur reviennent, tandis que Ian Smith qui, officiellement, a, dès février, admis la création d'un Parlement à majorité noire, s'est engagé à passer le pouvoir aux Africains avant le 31 décembre 1978.

Les leaders du Front patriotique — Nkomo (Union du peuple africain du Zimbabwe-Zapu) et Mugabe (aile intransigeante de la Zanu) parlent d'« accord de la honte » et se prononcent immédiatement pour la poursuite des combats Sur place, dès le 19 avril, Byron Howe, coministre noir de la Justice, démissionne pour marquer son désaccord avec la politique du gouvernement de transition. Par ailleurs, des manifestations d'opposition traduisent l'impopularité du compromis au sein de la population noire.

Isolement

À l'étranger, seul Vorster, le Premier ministre sud-africain, appuie l'initiative de Smith. Washington et Londres, qui restent attachés au plan de règlement négocié mis au point par leurs soins, condamnent le gouvernement de Salisbury. C'est également le cas de la France et celui de la quasi-totalité des pays d'Afrique, notamment des 5 États dits de « la ligne de front » (Angola, Botswana, Mozambique, Tanzanie et Zambie).