Une note discordante se fait entendre, le 19 juin ; le général Saadeddine Chazli, ancien chef de l'état-major, ambassadeur de Sadate à Lisbonne, prend publiquement parti contre le chef de l'État. Il accuse Sadate d'agir comme « Salazar et Franco ». Il affirme que l'on peut sans hésitation qualifier le régime égyptien de « régime autocratique ». Immédiatement suspendu de ses fonctions et rappelé au Caire, le général Chazli refuse. Le colonel Kadhafi lui propose d'intégrer les rangs de l'armée lybienne. Il refuse de nouveau et fait connaître son intention de changer de nationalité.

Empire centrafricain

Bangui. 2 610 000. 4.
Économie. PIB (71) : 126. Énerg. (*75) : 34. C. E. (71) : 15 %.
Transports. (74) : *9 100 + *3 900.
Information. (72) : 1 quotidien ; tirage global : 500. (74) : *70 000. (73) : 5 000.
Santé. (73) : 59.
Éducation. (74) Prim : 215 887. Sec. et techn. : *20 000. Sup. : 318.
Institutions. État indépendant le 13 août 1960. République jusqu'au 4 décembre 1976, date à laquelle une nouvelle Constitution instaure une monarchie parlementaire sous le nom de Empire centrafricain. Empereur : Bokassa Ier (déjà chef de l'État sous la République, nommé à vie en février 1972). Premier ministre : Ange Patasse.

Sacre

Le 4 décembre 1977, l'ancienne colonie française de l'Oubangui-Chari change pour la deuxième fois de nom. Devenue la République centrafricaine en 1960, au moment de son accession à la souveraineté internationale, elle prend alors le nom d'Empire centrafricain. Le maréchal Jean-Bedel Bokassa, qui se fait sacrer ce jour-là en la cathédrale de Bangui, ajoute aux innombrables titres dont il s'est déjà doté celui d'empereur. En dépit d'un déploiement d'un faste exceptionnel, et d'autant plus choquant que l'Empire centrafricain compte parmi les vingt-cinq États les plus pauvres du monde, les festivités du 4 décembre constituent un échec. Largement basé sur celui du sacre de Napoléon Ier, le cérémonial a pourtant fait l'objet d'une longue et minutieuse préparation. Aucun chef d'État d'Afrique n'a personnellement assisté au sacre.

Éthiopie

Addis-Abeba. 28 680 000. 23. 2,6 %.
Économie. PIB (74) : 98. Production (74) : G 115. Énerg. (*75) : 29. C. E. (74) : 9 %.
Transports. (*75) : 108 M pass./km., 244 Mt/km. (*72) : 41 000 + 12 700. (75) : 404 M pass./km.
Information. (74) : 7 quotidiens ; tirage global : 51 000. (74) : *200 000. (74) : *20 000. (74) : 25 600 fauteuils. (75) : 69 000.
Santé. (72) : 350.
Éducation. Prim. (74) : 959 272. Sec. et techn. (73) : 190 922. Sup. (73) : 6 474.
Institutions. Un coup d'État militaire (12 septembre 1974) abolit la monarchie et dépose l'empereur. Parlement dissous. Constitution de 1955 abrogée. Président du conseil militaire gouvernemental provisoire : lieutenant-colonel Mengistu Haïlé-Mariam, instigateur du coup d'État du 3 février 1977 au cours duquel le président Teferi Bante est tué.

Le régime militaire s'enfonce dans le chaos

La junte d'Addis-Abeba continue de faire face à des difficultés militaires et politiques d'une gravité exceptionnelle. Certes, la victoire remportée en Ogaden sur la République somalienne conforte sérieusement Mengistu et ses amis. Mais l'armée éthiopienne s'enlise dans une lutte sans issue en Érythrée. Dans la capitale se développe un climat de véritable terreur rouge. Au surplus, à la fin du mois de juin 1978, certains faits incitent à penser que la guerre peut, à tout moment, reprendre en Ogaden. En effet, après la prise de la ville éthiopienne de Gode par les maquisards du Front de libération de la Somalie occidentale (FLSO), l'aviation éthiopienne bombarde plusieurs villes somaliennes de la région d'Hargeisah.

Avant même leurs succès de mars 1978, qui leur permettent de retirer d'Ogaden une partie de leurs troupes pour les transférer en Érythrée, les dirigeants éthiopiens tentent de lancer de nouvelles offensives contre les nationalistes érythréens, aux mois de juillet et décembre 1977. En dépit de leur supériorité numérique écrasante, malgré la puissance de leur armement et l'aide considérable que leur apportent Cubains et Soviétiques, les forces éthiopiennes marquent le pas. Deux nouvelles offensives en avril et en mai restent aussi infructueuses, bien que Mengistu mène en personne l'assaut dans la région d'Asmara.

Palinodies

Il est vrai qu'au cours de l'année 1978 La Havane et Moscou ont progressivement été amenés à nuancer leur attitude à l'égard du problème érythréen. En avril, Mengistu s'est successivement rendu en Union soviétique pour y rencontrer Brejnev et à Cuba pour s'y entretenir avec Fidel Castro. À l'époque, on estime encore, tant du côté gouvernemental que du côté érythréen, à plus de 3 500 le nombre des soldats et techniciens cubains engagés au service de la junte, dans les combats d'Érythrée (il faut ajouter quelques centaines de Sud-Yéménites). En mai encore, le chef de l'État éthiopien affirme que des soldats soviétiques et cubains participent à la lutte contre ce qu'il appelle la « rébellion érythréenne ». Mais, un mois plus tard, il prétend le contraire, adoptant une attitude identique à celle des nationalistes érythréens eux-mêmes.