Les premiers commentaires algériens sont favorables mais prudents. Un processus d'amélioration se met lentement en route. Il est pourtant évident que les problèmes de fond ne sont pas résolus : le déficit commercial est toujours en 1977 de 5 milliards de F au détriment de l'Algérie. Les Jaguar français sont toujours basés à Dakar, protégeant la Mauritanie. La reprise des combats dans le désert mauritanien et l'intervention décisive des avions français contre les colonnes sahraouies amènent, en mai 1978, une nouvelle tension franco-algérienne. Le président Boumediene déclare publiquement qu'« aucune négociation ne peut se développer sérieusement tant qu'une menace étrangère plane dans le ciel de cette partie d'Afrique ». L'intervention militaire française au Zaïre, puis au Tchad, gèle en effet pour un temps les efforts des diplomates.

Bureaucratie

Tous ces remous n'ont pu faire oublier pourtant les problèmes intérieurs, qui demeurent préoccupants. En juillet 1977, le président Boumediene a dressé un bilan critique de la situation : l'agriculture ne produit pas assez (l'Algérie consacre un tiers de ses bénéfices pétroliers à l'achat de produits alimentaires), la gestion est mauvaise, la bureaucratie est envahissante. Une « bataille de la production » est engagée en octobre ; des hausses de salaire sont décidées à deux reprises, en septembre 1977 et en mars 1978. Malgré cela, la préparation du Congrès de la centrale syndicale UGTA donne lieu à de très vifs débats.

Angola

Luanda. 5 800 000. 5.
Économie. PIB (70) : 294. Énerg. (*75) : 174. C. E. (70) : 24 %.
Transports. (74) : 418 M pass./km, 5 461 Mt/km. (73) : 127 300 + 35 700.
Information. (74) : 4 quotidiens ; tirage global : 78 000. (74) : 116 000. (72) : 35 700 fauteuils ; fréquentation : 3,7 M. (73) : 38 000.
Santé. (73) : 383.
Éducation. Prim. (72) : 516 131. Sec. et techn. (72) : 79 055. Sup. (71) : 2 660.
Institutions. État indépendant le 11 novembre 1975 (ancienne colonie portugaise). République populaire. Constitution de 1975 modifiée en août 1977 (pouvoirs présidentiels accrus). Président de la République Agostinho Neto. Premier ministre : Lopo do Nascimento.

L'opposition ne désarme pas malgré l'aide cubaine

Séquelles de la tentative de coup d'État du 27 mai 1977 (Journal de l'année 1976-77), développement de la guérilla par les opposants de l'Union nationale pour l'indépendance totale de l'Angola (UNITA), renforcement continu des liens entre Luanda et les pays de l'Est sont les éléments les plus marquants de l'année politique.

Conflits

Les unes après les autres, toutes les personnalités accusées d'avoir trempé dans le coup d'État manqué sont arrêtées ; les autorités de Luanda mettent en cause des complicités portugaises. L'ancien ministre Van Dunem est appréhendé, ainsi que son ancien collègue Nito Alvès. Entre-temps, plusieurs Portugais sont expulsés. Agostinho Neto annonce, en août, que les comploteurs ont été passés par les armes. Mais, en l'absence de précisions supplémentaires, on ignore quand et où les accusés ont été condamnés et exécutés.

La Constitution est modifiée en août 1977 par le Comité central du parti unique, le Mouvement populaire de libération de l'Angola (MPLA), pour permettre à Agostinho Neto de disposer des pleins pouvoirs. De fait, il peut désormais dissoudre comme il l'entend le gouvernement.

Le premier congrès du MPLA a lieu en décembre dans la capitale. L'élimination des dissidents et la tentative de coup d'État de mai figurent en bonne place à l'ordre du jour. Le mouvement se constitue en parti politique, reconduit Agostinho Neto à sa présidence, le proclame héros national et annonce le lancement immédiat d'une « campagne de rectification ». Le prochain congrès est fixé à 1985.

La première réunion du nouveau comité directeur définit les grandes options du mouvement du MPLA, rebaptisé Parti du travail ; elles se résument à la mise en œuvre de la planification, la socialisation des moyens de production (en août, la société diamantifère Diamang a été nationalisée), la fidélité à « l'internationalisme prolétarien », et la consolidation de l'unité nationale « sans compromis quelconque de type tribal, régional ou racial ».

UNITA

Une partie du territoire national continue malgré tout d'échapper au contrôle du gouvernement central. Certes, il faut faire la part de la propagande des dirigeants de l'UNITA, reconnue par le Sénégal, le Kenya et l'Empire centrafricain, et aidée de façon plus ou moins discrète par plusieurs autres États africains et occidentaux. Mais, en tout état de cause, le sud du pays semble bien être aux mains des combattants de l'UNITA.