L'accès des mosquées est interdit aux fidèles. La foi coranique est systématiquement proscrite. Le port du fez est prohibé. Ceux qui s'opposaient, au nom de la fidélité à l'islam, à ces mesures sont dénudés publiquement, bastonnés ou fouettés, emprisonnés, parfois exécutés sommairement.

La découverte par Ali Soilih, le 14 janvier, d'un nouveau complot entraîne un durcissement. De nombreuses personnalités politiques arrêtées sont maintenues en détention sans jugement.

Pour fuir l'arbitraire, de nombreux Comoriens s'exilent volontairement, prenant la mer en pirogue pour gagner les côtes de Mayotte, seule île de l'archipel à avoir voté le maintien au sein de l'ensemble français, lors du référendum du 22 décembre 1974 (Journal de l'année 1974-75). Les évasions contribuent à accentuer la tension entre Moroni et Paris, accusé de favoriser ce courant clandestin d'émigration.

Directoire

En de rares circonstances, la population comorienne tente — sans succès d'ailleurs — de se dresser contre ceux qui l'oppriment. C'est ainsi que, le 17 mars, dans le village d'Iconi, situé en Grande Comore, une communauté de pêcheurs affronte des miliciens gouvernementaux, qui ouvrent le feu sur eux, faisant dix tués.

Ce n'est que grâce à l'intervention d'un groupe de militaires que la tyrannie des extrémistes connaît un terme. Un directoire, conduit par le nommé Saïd Atthoumani, confisque le pouvoir et charge Abdellah Mohammed d'assumer les fonctions de Premier ministre et de chef du gouvernement, tout en conviant l'ancien président Ahmed Abdallah, en exil à Paris, à regagner son pays. Ce dernier avait été évincé en août 1975 par Ali Soilih (Journal de l'année 1975-76).

Dans une déclaration de politique générale, les nouveaux dirigeants, après avoir aussitôt libéré tous les détenus et rétabli totalement la liberté de culte, dénoncent « l'irresponsabilité du régime anti-islamique » de leur prédécesseur et annoncent qu'un projet de Constitution sera élaboré par une assemblée nationale populaire de 35 membres, au plus tard quarante-cinq jours après sa mise en place.

Par ailleurs, de premiers contacts sont pris avec Mayotte pour favoriser le retour de l'île sœur au sein de l'État comorien, sur la base d'un système fédéral.

Congo

Brazzaville. 1 390 000. 4. 2,5 %.
Économie. PIB (70) : 238. Énerg. (*75) : 209. C. E. (70) : 14 %.
Transports. (*75) : 215 M pass./km, 461 Mt/km. (74) : 19 000 + 10 500.
Information. (74) : 3 quotidiens. (74) : *80 000. (73) : 5 100 fauteuils ; fréquentation : 0,9 M. (74) : 10 000.
Santé. (73) : 162.
Éducation. (74). Prim. : 307 194. Sec. et techn. : 87 968. Sup. : 3 007.
Institutions. État indépendant le 15 août 1960. Un acte fondamental (5 avril 1977) abroge la Constitution de juin 1973. Chef de l'État : colonel Joachim Yhombi-Opango ; succède, le 3 avril 1977, au commandant Marien N'Gouabi, assassiné le 18 mars 1977. Premier ministre : commandant Louis Sylvain Goma.
Le 7 février 1978, dix personnes qui avaient été condamnées à mort par un tribunal militaire d'exception sont passées par les armes à Brazzaville. Treize peines de mort avaient été prononcées par ce tribunal, et le gouvernement congolais avait annoncé que les sentences étaient sans appel. Quarante-quatre personnes étaient passées en jugement, accusées d'avoir participé à l'assassinat du président Marien Ngouabi, le 18 mars 1977, et leur procès, bien que public, s'était déroulé dans des conditions qui permettent de mettre en doute le respect des droits de l'homme au Congo.

Côte-d'Ivoire

Abidjan. 5 020 000. 16. 2,5 %.
Économie. PIB (74) : 644. Énerg. (*75) : 366. C. E. (74) : 42 %.
Transports. (74) : 918 M pass./km, 527 Mt/km. (72) : *90 500 + *57 400.  : 114 000 tjb.
Information. (74) : 3 quotidiens ; tirage global : *3 500. (70) : *7 500. (72) : *40 000. (72) : 80 000 fauteuils ; fréquentation : 11,5 M. (75) : 59 000.
Santé. (74) : 312.
Éducation. Prim. (74) : 641 369. Sec. et techn. (74) : 103 642. Sup. (73) : 6 148.
Institutions. État indépendant le 7 août 1960. République (4 décembre 1958). Constitution de 1960, amendée en 1975 ; régime présidentiel. Président de la République et chef du gouvernement : Félix Houphouët-Boigny, réélu le 16 novembre 1975.

Rôle charnière en Afrique occidentale

Trois événements ont dominé l'actualité politique : le remaniement ministériel du 20 juillet 1977, la visite officielle de Valéry Giscard d'Estaing du 11 au 15 janvier 1978 et la réconciliation guinéo-ivoirienne scellée le 16 mars.

Remaniement

Jamais encore le président Houphouët-Boigny n'avait procédé à d'aussi importants changements au sein de son cabinet. À l'issue de plusieurs semaines de consultation avec l'ensemble des personnalités politiques ivoiriennes, et après avis des plus hautes instances du parti unique, dont le conseil national, il démet neuf ministres. Aucun commentaire officiel n'accompagne l'annonce de cette décision, précédée quelques jours plus tôt de déclarations faisant le procès de la corruption.