La junte accuse ceux qu'elle a fait incarcérer de « haute trahison », dénonçant « les exactions de la bande des quatre ». Ce mini-coup d'État met en évidence l'âpre compétition autour du pouvoir.

La ferme reprise en main de la conduite des affaires publiques par le président Moussa Traore est bien accueillie tant à Paris que dans l'ensemble des capitales africaines modérées ; elle est considérée comme une défaite des éléments prosoviétiques de la junte malienne.

Maroc

Rabat. 17 830 000. 38.
Économie. PIB (75) : 426. Production : G (74) 122 + A (75) 130 + I (75) 134. Énerg. (*75) : 274. C. E. (75) : 21 %.
Transports. (*75) : 85 M pass./km, 2 890 Mt/km. (*75) : 320 100 + 127 200.  : 137 000 tjb. (75) : 979 M pass./km.
Information. (74) : 6 quotidiens ; tirage global : 235 000. (74) *1 300 000. (74) : 382 000. (73) : 129 200 fauteuils ; fréquentation : 26,1 M. (75) : 168 000.
Santé. (74) : 1 223.
Éducation. Prim. (75) : 1 547 647. Sec. et techn. (75) : *475 000. Sup. (74) : 34 092.
Institutions. État indépendant le 2 mars 1956 (le 8 avril 1956 pour l'ex-zone nord espagnole). Monarchie constitutionnelle. Nouvelle Constitution du 1er mars 1972, approuvée par référendum. Souverain : Hassan II ; succède le 3 mars 1961 à son père Mohamed V, décédé Premier ministre : Ahmed Osman.

Le Sahara occidental : pivot de la politique de Rabat

La défense et le développement des nouvelles provinces sahariennes restent le pivot de toute la politique marocaine. Les projets de développement sont grandioses : les Étais généraux du royaume, réunis à Smara, au cœur du nouveau territoire, décident en priorité la création de nouvelles voies de communication reliant Tan-Tan à Smara par route, Marrakech à El-Aioun et à Smara par chemin de fer.

Sahraouis

La défense des provinces contre les attaques surprises du Polisario se révèle plus difficile, d'autant que le roi s'est engagé — il le confirme publiquement — à défendre aussi la Mauritanie (plus vulnérable) en vertu de l'accord de défense mutuelle Maroc-Mauritanie. Un comité maroco-mauritanien se réunit, le 25 juillet 1977, à Rabat, pour préciser les modalités d'application de l'accord.

La Mauritanie disposant de peu de moyens, l'essentiel de la défense est assuré par le Maroc : à la suite de l'attaque de la voie ferrée minéralière près de Zouérate, des renforts marocains sont acheminés vers la Mauritanie ; 600 parachutistes marocains resteront en garnison à Zouérate et plusieurs bataillons des forces royales stationnent en Mauritanie.

Mais il devient vite évident que ce dispositif militaire ne suffira pas à réduire la rébellion tant que les combattants sahraouis trouveront refuge en Algérie. Le 6 novembre se déroulent à Alger des négociations très dures entre Paris et le Polisario, au sujet de l'affaire des otages français. Le roi du Maroc profite de la dégradation des relations franco-algériennes pour hausser le ton. Il déclare, dans un discours à la nation, que les forces marocaines n'hésiteront pas à user de leur droit de poursuite en Algérie même, et il confirme, le 12 novembre, au cours d'une conférence de presse, que les troupes marocaines pourraient entrer en Algérie pour défendre non seulement le territoire marocain, mais également le territoire mauritanien.

Alger réagit très vivement, et renforce sa garnison de Tindouf. Jamais la tension entre l'Algérie et le Maroc n'a été aussi vive depuis la petite guerre du 27 janvier 1976 (Journal de l'année 1975-76). Puis cette escalade du bellicisme se calme. Une médiation arabe est tentée, par Hosni Moubarak, vice-président égyptien. Hassan II lance un appel à la Ligue arabe. En vain.

Moscou

Le Maroc enregistrera pourtant, au printemps 1978, deux succès diplomatiques importants :
– le sommet sur le Sahara occidental prévu à Libreville par l'OUA ne peut avoir lieu. Le ministre des Affaires étrangères du Gabon l'annule, 7 chefs d'États africains seulement, sur 49, ayant accepté de venir. Le Maroc ne se trouvera donc pas en position d'accusé devant ses pairs, comme l'avait espéré l'Algérie ;
– des accords de coopération très importants sont signés avec Moscou. L'un concerne l'exploitation des phosphates de Meskala — un des gisements les plus riches du monde, encore inexploité. Les Soviétiques y investiront 2 milliards de dollars et recevront en période de rendement 10 millions de t de phosphates par an (les Marocains se réjouissent d'avoir ainsi trouvé de nouveaux débouchés, au moment où les États-Unis, clients traditionnels, essaient de casser les prix du phosphate, que le Maroc avait brusquement augmentés en 1973-1974). Le second accord de troc de trente ans, portant sur plus de 9 millions de dollars, augmente considérablement le volume des échanges commerciaux entre les deux pays. Le Maroc devient le premier partenaire économique de l'URSS en Afrique, ce qui, pense le roi Hassan II, ne peut qu'inciter les Soviétiques à une grande prudence dans l'affaire saharienne.