Au cours des discussions qui ont suivi, le président Sadate aurait consenti certaines concessions, dont les 3 suivantes :
– Démilitarisation du Sinaï, sauf la partie où l'armée égyptienne est déjà installée, en deçà des cols de Mitla et Giddi.
– Internationalisation du détroit de Tiran face à Charm el-Cheikh.
– Contrôle de l'ONU sur les parties du Sinaï où sont implantées des colonies israéliennes.

Sondage

90 % des habitants de l'agglomération du Caire pensent qu'« Israël est sérieux dans sa recherche de la paix ». C'est une indication donnée par un sondage effectué entre la visite de Sadate à Jérusalem et celle de Begin à Ismailia. 88 % croient que sera sûrement trouvée une formule de coexistence pacifique entre Juifs et Arabes à Jérusalem (3,50 % l'estiment « impossible »). 70 % « appuient sans réserve » la visite du raïs en Israël.

Front du refus

Tous les intéressés sont invités. Réplique immédiate de Kadhafi : quelques jours plus tard, le 1er décembre, il réunit à Tripoli un sommet du Front du refus (Algérie, Syrie, Yémen du Sud, OLP et Libye). Sont absents pour ne pas gêner Sadate : Soudan, Arabie Saoudite et Jordanie. Cette dernière également absente au Caire, bien qu'invitée, ainsi que Liban, Syrie, URSS et OLP (dont Israël ne veut pas entendre parler). Donc, beaucoup plus de places vides que de fauteuils occupés (Égypte, Israël, États-Unis, ONU, et un observateur du Vatican pour évoquer le problème des Lieux saints) autour d'une trop vaste table ronde, le 14 décembre, pour l'ouverture de cette conférence mort-née à l'hôtel Mena House, vieille gloire de l'époque monarchique, proche des pyramides.

Pour les Israéliens, les bains de foule du Caire sont aussi chaleureux que ceux de Jérusalem pour les Égyptiens, mais l'absence de ténors fait s'interrompre les négociations dans l'indifférence, douze jours plus tard, car tout se passe ailleurs. Notamment au Maroc où, après Bucarest, Téhéran ou les capitales d'Europe occidentale, les rumeurs situent des rencontres secrètes expliquant certaines disparitions momentanées de Menahem Begin ou de son ministre des Affaires étrangères Moshe Dayan. À Washington aussi où, le jour même de la conférence de Mena House, le Premier ministre israélien va proposer au président Carter un plan de paix qui contient des concessions nouvelles. Insuffisantes pour les Arabes, surtout les Palestiniens. Exagérées, au contraire, pour les faucons du propre parti de Begin, le Likoud ; ceux-ci le comparent au général de Gaulle, qui affirmait aux pieds-noirs : « Je vous ai compris ! » pour mieux abandonner l'Algérie aux Algériens. Son plan de paix est cependant approuvé à l'unanimité par le gouvernement et par une mince majorité de la Knesset.

Le plan Begin

Voici, tel qu'il l'a communiqué au président Carter, le 16 décembre 1977 à Washington, le plan de paix de Menahem Begin. En allant plus loin dans les concessions, il reprend les grandes lignes de son précédent plan de paix qu'il avait déjà soumis à Washington en juillet et qui avait « déçu » le président Carter :

– Sinaï : Évacuation, démilitarisation et retour à la souveraineté égyptienne de tout le Sinaï divisé en 3 secteurs : 1o le long du canal, la bande actuellement occupée par l'armée égyptienne reste telle ; 2o secteur presque totalement démilitarisé sauf, pour un temps, des bases utilisées à des fins civiles par Israël (Charm el-Cheikh, points de recherche et d'exploitation de pétrole, etc.) ; 3o secteurs d'implantation de colonies israéliennes (région de Rafah et route Eilath-Charm-el-Cheikh), sous juridiction civile israélienne avec propre dispositif de défense.

Les Égyptiens réclameraient eux-mêmes une bande frontalière démilitarisée du côté israélien.

– Cisjordanie : Pas de « patrie » (homeland), mais une autonomie, un autogouvernement (synonyme d'autodétermination, d'après Menahem Begin) dans un cadre évolutif, pour une période de vingt ans d'abord. Après élections au suffrage universel et droit réciproque d'installation pour Juifs en zones arabes et pour Arabes en zones juives. Pour Jérusalem, pas de partition mais également un autogouvernement des Lieux saints par les différentes autorités religieuses. Même si est maintenu, sans le dire trop clairement, un pouvoir israélien au-dessus de l'autogouvernement, c'est un pas vers les concessions fait par l'ultrasioniste Menahem Begin qui désignait hier encore Samarie et Judée (la Cisjordanie) comme des terres juives « libérées ».