Dans les mois qui suivent la consultation, le paysage politique continue de se transformer. Soucieux de tirer un trait sur les dramatiques événements d'avril 1971 (Journal de l'année 1970-71), le nouveau gouvernement fait un geste d'apaisement envers la jeunesse, en annonçant, le 2 novembre 1977, l'amnistie de toutes les personnes impliquées dans l'insurrection. Les 130 membres du Front de libération du peuple, encore détenus — dont son chef Rohan Wijewera —, sont libérés. Deux semaines plus tôt, le gouvernement a abrogé la législation répressive mise en place en 1971.

Autre décision essentielle : l'instauration d'un système présidentiel calqué sur le modèle français, remplaçant le régime parlementaire de type britannique. Le 4 février 1978, Junius Richard Jayawardene devient président de la République, à la place de William Gopallawa, qui n'avait qu'un rôle de second plan. Les fonctions de Premier ministre sont confiées à Ranasinche Pramadasa. Le nouveau président dispose de pouvoirs étendus. Chef de l'exécutif, il peut dissoudre l'Assemblée ; il nomme et révoque le chef et les membres du gouvernement, responsables devant lui. Il s'attribue les portefeuilles ministériels de son choix. Ses successeurs seront nommés par l'Assemblée tous les six ans. Mais leur désignation devra être ratifiée par le suffrage universel. Dernière modification constitutionnelle, purement formelle, semble-t-il : Sri Lanka devient une « République démocratique socialiste » (5 mars).

Tamoul

Comme ses prédécesseurs, le gouvernement conservateur est confronté d'emblée au difficile problème tamoul, qui, en s'aggravant depuis plusieurs années, porte les germes d'un conflit multiforme : ethnique, religieux, linguistique et socio-économique. Du 15 au 30 août 1977, de violents affrontements entre membres des communautés cinghalaise et tamoule font près de 200 morts. Le gouvernement rend responsable des heurts le Front de libération tamoul, qui, dopé par son succès électoral, réaffirme sa volonté de parvenir à la formation d'un État tamoul indépendant. En fait, le Front a été débordé par de jeunes extrémistes, tentés par la lutte armée. Ceux-ci multiplient les attentats contre les politiciens tamouls, hostiles à l'éclatement de l'île.

Enfin, le gouvernement se doit de résoudre les difficultés économiques qui ont causé la perte de Sirimavo Bandaranaike : inflation, chômage, production céréalière insuffisante, faiblesse des investissements étrangers, déficit de la balance commerciale.

Syrie

Damas. 7 600 000. 41. 3,3 %.
Économie. PIB (75) : 743. Production (75) : G 184 + A 135. Énerg. (*75) : 477. C. E. (75) : 17 %.
Transports. (*75) : 136 M pass./km, 125 Mt/km. (*75) : 50 200 + 34 400. (75) : 620 M pass./km.
Information. (74) : 6 quotidiens ; tirage global : *64 000. (72) *2 500 000. (74) : 224 000. (74) : 152 000.
Santé. (73) : 2 371. Mté inf. (72) : 22.
Éducation. (74). Prim. : 1 211 570. Sec. et techn. : 460 709. Sup. : 64 094.
Institutions. République indépendante le 1er janvier 1944. Constitution du 12 mars 1973. Président de la République : général Hafez el-Assad, réélu le 8 février 1978. Premier ministre : Mohamed Ali El Halabi.

Assad choisit la prudence dans les affaires du Proche-Orient

En apparence rien ne change dans la situation intérieure syrienne en 1977. Pourtant, les élections législatives (1er-2 août 1977) ont donné un avertissement au pouvoir : le parti gouvernemental Baas remporte 125 des 195 sièges du Conseil du peuple, mais l'abstentionnisme, particulièrement élevé (de 70 à 80 % selon des sources libanaises), traduit sans conteste un profond mécontentement populaire, dû sans doute à l'inflation et à la corruption qui gagnent du terrain.

Dès le mois d'août 1977, le président Assad déclenche lui-même une vaste campagne contre la corruption et l'« enrichissement illicite ». En quatre mois, 28 personnalités sont arrêtées. On compte parmi elles des directeurs d'offices publics, de hauts fonctionnaires, des hommes d'affaires importants. Deux d'entre eux, Osman Aïdi et Saeb Nahas — bien connus des milieux français —, seront relâchés au mois de novembre 1977 ; la campagne prend fin.

Attentats

Pourtant une certaine agitation politique continue à se manifester sous la forme d'attentats répétés. En juillet et août 1977, deux voitures piégées explosent à Damas. En octobre, à Abou Dhabi, un attentat manqué contre le ministre syrien des Affaires étrangères coûte la vie à son collègue, le ministre des Affaires étrangères des Émirats arabes unis. En novembre et décembre, deux personnalités proches du président Assad, un médecin et un universitaire, sont tuées.