L'agitation antigouvernementale, au début de juin, semble marquer un temps d'arrêt que le pouvoir met à profit pour tenter de diviser le front des religieux et de l'opposition libérale. Le limogeage du chef de la Savak, le général Nassiri, et la démission de deux des dirigeants de Rastakhiz, le parti unique, sont présentés comme l'amorce d'une nouvelle libéralisation du régime et la volonté des autorités d'élargir leur audience en ouvrant le parti aux intellectuels et universitaires modérés, appelés à s'intégrer dans un système qui, dans son essence, demeurerait inchangé.

Iraq

Bagdad. 11 510 000. 26. 3,3 %.
Économie. PIB (71) : 429. Production : G (74) : 139 + A (75) : 132. Énerg. (*75) : 713. C. E. (71) : 36 %.
Transports. (74) : 645 M pass./km, 1 871 Mt/km. (74) : 80 100 + 48 600.  : 749 000 tjb. (75) : 472 M pass./km.
Information. (74) : 5 quotidiens. (74) : *1 250 000. (73) : *520 000. (74) : *54 000 fauteuils. (75) : 185 000.
Santé. (74) : 4 545. Mté inf. (73) : 27.
Éducation. (74). Prim. : 1 523 955. Sec. et techn. : 479 885. Sup. : 78 784.
Institutions. État indépendant le 4 octobre 1932. République proclamée le 14 juillet 1958. Constitution provisoire du 16 juillet 1970, amendée le 13 juillet 1973 ; un Conseil national (Parlement) ainsi qu'un Conseil des ministres sont créés aux côtés du Conseil de commandement de la révolution (CCR). Président de la République et Premier ministre : Ahmed Hassan el-Bakr ; succède au général Aref après le coup d'État du 17 juillet 1968.

Refroidissement des rapports Bagdad-Moscou

Le vice-président Saddam Hussein, chef de file de la tendance radicale du Baas, renforce ses positions à l'égard des éléments de droite du parti et de certains officiers de l'armée opposés à l'orientation socialiste du régime. La Constitution provisoire est amendée, en septembre 1977, de manière à autoriser les membres de la direction régionale du Baas — où les partisans de Saddam Hussein sont majoritaires — à siéger au sein du Conseil de la révolution, qui devient l'instance politique suprême de l'État et du parti.

Intransigeance

Avec le Baas syrien, les relations demeurent tendues malgré les efforts des pays arabes progressistes qui, après la visite du président Sadate à Jérusalem, multiplient les démarches en vue de donner plus de cohésion au groupe des adversaires de l'initiative égyptienne. L'Iraq, qui, le 1er décembre 1977, envoie à la première Conférence du front de la fermeté de Tripoli, appelée également Front du refus (Syrie, Algérie, Yémen du Sud, Libye et l'OLP), une délégation d'un niveau modeste, pose des conditions draconiennes à une éventuelle réconciliation avec Damas. Elle demande notamment que la Syrie renonce formellement à la résolution 242 du Conseil de sécurité et s'engage à retirer ses troupes du territoire libanais.

Le délégué iraqien, qui accuse les Syriens de vouloir suivre l'Égypte sur « la voie de la trahison », refuse de signer la déclaration finale de la Conférence de Tripoli, qu'il estime « insuffisante ». Une nouvelle tentative en vue d'assouplir l'intransigeance iraqienne faite par le président Boumediene, qui se rend à Bagdad le 3 janvier 1978, demeure infructueuse et l'Iraq boycotte les travaux de la deuxième Conférence de la fermeté arabe, qui se tient, au début de février, à Alger.

Remous

Le conflit entre Bagdad et Damas provoque des remous au sein du Front national progressiste, qui groupe le Baas et le parti communiste iraqien. La presse officielle dénonce au début de mars l'« étrange attitude » des communistes, accusés de ne pas combattre avec suffisamment d'énergie le « régime capitulard de Damas ». En réalité, les divergences entre baasistes et communistes iraqiens ne se limitent pas au seul problème de la paix au Proche-Orient. Le parti communiste critique le fonctionnement du Front national, qui, estime-t-il, ne possède pas de pouvoir réel, et réclame une participation effective aux décisions gouvernementales. Les communistes critiquent, en outre, la politique du Baas au Kurdistan, où les autonomistes de Jalal Talabani ont repris leurs activités dans certains secteurs proches de la frontière turque.

Exécutions

Vingt et un militaires communistes sont exécutés fin mai, aux termes d'une loi qui interdit à tout Iraqien n'appartenant pas au parti Baas de se livrer à des activités politiques au sein de l'armée. L'organe gouvernemental Al Thawra adresse une sévère mise en garde aux communistes, affirmant que toute tentative de leur part de s'affirmer en tant que force concurrente au Baas sera sévèrement sanctionnée. La crise entre le gouvernement et le parti communiste entraîne une aggravation de la tension qui s'est manifestée entre l'Iraq et l'URSS à la suite de la guerre d'Ogaden, Bagdad ayant pris fait et cause pour les Somaliens dans le conflit qui oppose Mogadiscio à l'Éthiopie.