Les nouveaux dirigeants entendent mettre fin à la suprématie — demeurée intacte sous le règne de Daoud — des vieilles familles aristocrates. Ils s'affirment beaucoup plus laïques que le régime précédent, mais restent imprécis quant à l'exercice des libertés publiques. Des élections générales auront lieu « lorsque les conditions le permettront ».

Le souci, ouvertement affiché, d'ébranler une société particulièrement rétrograde est accueilli favorablement parmi les couches les plus pauvres de la population. Au lendemain du putsch, des centaines de milliers d'Afghans sont venus visiter le palais présidentiel, symbole du régime déchu.

Nouvelle donnée

La révolution afghane introduit une nouvelle donnée dans le sous-continent, au bénéfice exclusif de l'Union soviétique. Saluant l'arrivée au pouvoir à Kaboul d'un « révolutionnaire national éminent », Moscou s'empresse de reconnaître le nouveau régime. La coopération soviéto-afghane, déjà intense, est appelée à se renforcer. Dès le 16 mai, Kaboul signe avec Moscou et Prague une série d'accords d'assistance technique. L'U.R.S.S. fournira à son voisin méridional une aide technologique et des machines dans le domaine énergétique.

En revanche, le nouveau régime afghan suscite une méfiance tant en Iran qu'au Pakistan. Le chah annule son projet de voyage à Kaboul ; sa politique de rapprochement avec l'Afghanistan qui visait à détacher Kaboul de la zone d'influence soviétique semble définitivement compromise. Le nouveau pouvoir, soucieux d'apaiser les craintes de ses voisins, et conscient de sa dépendance envers l'aide étrangère, réaffirme à plusieurs reprises son attachement à une politique de non-alignement.

Arabie Saoudite

Riyad. 9 240 000. 4. 3 %.
Économie. PIB (74) : 3 220. Production (74) : G 183. Énerg. (*75) : 1 398. C. E. (74) : *95 %.
Transports. (74) : 72 M pass./km, 66 Mt/km. (74) : 59 400 + 52 600.  : 589 000 tjb. (75) : 1 650 M pass./km.
Information. (74) : 11 quotidiens ; tirage global : 96 000. (70) : *85 000. (74) : *122 000. (73) : 85 000.
Santé. (73) : *2 000.
Éducation. (74). Prim. : 625 773. Sec. et techn. : 179 187. Sup. : 19 773.
Institutions. État indépendant depuis 1927. Monarchie. Souverain et chef de l'exécutif : Khaled ben Abdel Aziz ; succède à son frère Faycal ben Abdel Aziz, assassiné le 25 mars 1975.

Riyad réajuste ses positions

La diplomatie du pétrodollar, exercée depuis 1974 par l'Arabie Saoudite en vue de contrecarrer l'influence de l'URSS et des forces révolutionnaires au Proche-Orient et en Afrique, essuie de graves revers avec l'initiative de paix du président Sadate, qui brise le front des pays arabes modérés, et la défaite militaire dans l'Ogaden de la Somalie, financée et armée par Riyad.

Modération

Le voyage du chef de l'État égyptien à Jérusalem, le 19 novembre 1977, surprend et embarrasse les dirigeants saoudiens, qui se trouvent confrontés à une situation qui échappe totalement à leur contrôle. Leur réaction est d'autant plus amère que le rais avait eu d'importants entretiens avec le roi Khaled quelques jours avant de révéler son intention de se rendre à Jérusalem. Riyad désapprouve publiquement l'initiative égyptienne, parce qu'elle a brisé la solidarité des pays arabes dont il s'estime être le garant, mais ne se joint pas à la campagne contre le chef d'État égyptien, se cantonnant dans une prudente réserve pour ne pas aggraver les divisions interarabes.

Les Saoudiens appréhendent, en effet, une paix séparée égypto-israélienne qui aurait pour conséquence de pousser davantage Damas et l'OLP dans les bras de Moscou. Ils réclament du président Carter, en visite officielle le 3 janvier 1978 à Riyad, des « pressions décisives » sur Jérusalem, qui permettraient, selon eux, de sauver l'initiative de Sadate en y associant les modérés du monde arabe, y compris les dirigeants palestiniens, considérés comme « récupérables ». Le chef de l'exécutif américain ne prend aucun engagement précis sur ce point, mais promet de tout mettre en œuvre pour faire avaliser par le Congrès américain son projet de vente des soixante chasseurs F-15 réclamés par les Saoudiens. En contrepartie, ces derniers excluent tout nouvel embargo « quelles que soient les circonstances » et s'engagent en principe à « maintenir le prix du pétrole gelé jusqu'à la fin de 1978 ».

Avertissement

L'état du marché pétrolier, caractérisé par une forte surproduction due au marasme économique international et au développement des gisements de la mer du Nord, de l'Alaska et du Mexique, ne se prête d'ailleurs pas à une augmentation du prix de l'or noir, alors que certains pays vendent leur brut au rabais. L'Arabie Saoudite, dont l'influence au sein de l'OPEP est déterminante, s'oppose à toute mesure susceptible de mettre en péril les économies du monde occidental et maintient sa production au rythme de 8,5 millions de barils par jour. À Stockholm, en juillet 1977, comme à Caracas, en décembre, et à Taïf, en mai 1978, elle impose ses thèses aux durs de l'Organisation, dont l'unité n'est sauvegardée que par l'absence d'une politique de rechange.