Spyros Kyprianou, qui fut longtemps ministre des Affaires étrangères, n'a pas l'aura de son prédécesseur. Mais il a été l'un de ses plus fidèles amis et il entend poursuivre à la lettre sa politique. En particulier face à la Turquie. Un mois avant sa mort, Mgr Makarios, dans le discours qu'il avait prononcé à l'occasion du troisième anniversaire du débarquement turc, l'avait définie en des termes très nets. Ce sera son testament politique. Toute solution du problème de Chypre reposait, à ses yeux, sur deux préalables : le retrait des forces turques et l'abandon de toute idée de partage.

C'est à la communauté internationale, par le truchement de l'ONU, d'imposer ces deux conditions à la Turquie, puisqu'elle a elle-même condamné l'intervention d'Ankara. « Les conseils de faire des concessions mutuelles ne doivent pas s'adresser aux Chypriotes grecs ; seule la partie turque doit faire des concessions », avait dit l'ethnarque. Son successeur manifeste la même intransigeance.

Plan turc

Dès son arrivée au pouvoir, il introduit un recours devant le Conseil de sécurité pour « protester contre les violations par la Turquie des résolutions de l'ONU et contre la politique d'Ankara des faits accomplis dont le dernier en date a été la colonisation de la ville de Famagouste ». La résolution du Conseil de sécurité donne partiellement gain de cause à Nicosie. Mais les sollicitations en faveur d'un compromis n'en sont pas moins pressantes. D'autant que l'on attend de S. Kyprianou plus de souplesse que de son prédécesseur. Le président Carter charge Clark Cliffond d'une mission de bons offices. Kurt Waldheim, secrétaire général des Nations unies, tente de renouer les fils du dialogue intercommunautaire, interrompu l'année précédente.

Cette activité diplomatique correspond à un changement de gouvernement en Turquie. Certes, le nouveau Premier ministre, Bülent Ecevit, est celui-là même qui a ordonné le débarquement à Chypre en 1974. Mais la fermeté manifestée hier ne lui donne-t-elle pas l'autorité de faire des concessions aujourd'hui ? Les faucons se sont souvent mués en colombes.

Un de ses premiers gestes est, en tout cas, de confier à l'un de ses proches conseillers, le Pr Mumtaz Soysal, vice-président d'Amnesty International en Turquie, le soin d'élaborer de nouvelles propositions de règlement. Le plan turc est remis à K. Waldheim à Vienne, en mai 1978. Il reprend une concession déjà esquissée lors des entretiens de Mgr Makarios et de R. Denktash, chef de la communauté turque, en février 1977 : l'État chypriote restera « indépendant, souverain, non-aligné », c'est-à-dire unitaire et libre de ses options de politique étrangère. Mais ce qui est donné d'une main est partiellement repris de l'autre.

Suicide

Dans cet état bicommunautaire et birégional, les communautés grecque et turque auront leur autonomie régie par deux assemblées élues. Le gouvernement fédéral n'aura de pouvoir que dans les domaines strictement définis : défense, politique étrangère, monnaie, santé, information et tourisme. Enfin, et surtout, les concessions sont infimes sur le plan territorial : la zone occupée par les forces turques en 1974 resterait celle de la communauté turque à quelques « réajustements » près (d'après les experts, ceux-ci ne devraient pas dépasser 5 % du territoire conquis, or celui-ci représente environ 40 % du territoire national, alors que la communauté chypriote turque ne groupe que 18 % des habitants). La réponse de S. Kyprianou, malgré une visite éclair à Nicosie de K. Waldheim pour tenter de le convaincre, est catégorique : « Accepter ces propositions équivaudrait à un suicide » déclare-t-il. « Elles n'ont d'autre but que de légaliser le fait accompli », renchérit l'archevêque de Nicosie. L'impasse est de nouveau totale. Et ce ne sont pas les contacts qui ont lieu à l'ONU, à la faveur de la session spéciale sur le désarmement, en mai, qui permettent de renouer le dialogue. Lors de sa visite officielle à Paris, S. Kyprianou déclare, le 13 juin 1978, souhaiter la création d'un comité dirigé par la France, pour aider le secrétaire général des Nations unies, Kurt Waldheim, dans la recherche d'une solution aux problèmes de l'île.

Réfugiés

L'heure du retour des 200 000 Chypriotes grecs qui ont fui l'occupation turque ne semble pas proche. Grâce aux efforts du gouvernement et à l'aide internationale, cependant, la plupart d'entre eux sortent peu à peu de leur misère de réfugiés : 80 000 environ se sont intégrés aux communautés existantes, 50 000 ont été relogés dans de petites agglomérations nouvelles, 60 000 se sont vu attribuer des maisons préfabriquées ; 10 000 restent dans les camps, où les tentes ont été remplacées par des bâtiments en dur. La plaie néanmoins reste ouverte.

Corée du Nord

Pyongyang. 16 250 000. 135. 2,7 %.
Transports.  : 89 000 tjb.
Institutions. République démocratique et populaire, proclamée le 8 septembre 1948. Constitution de 1948, modifiée en 1972. Chef de l'État et secrétaire général du parti : Kim II Sung, réélu par l'Assemblée nationale le 15 décembre 1977. Premier ministre : Li Jong Ok.

Corée du Sud

Séoul. 35 860 000. 360. 2,1 %.
Économie. PIB (75) : 551. Production (75) : G 162 + A 149 + I 268. Énerg. (*75) : 1 038. C. E. (75) : 279.
Transports. (*75) : 13 125 000 M pass./km, 9 086 Mt/km. (*75) : 84 200 + 104 700.  : 1 796 000 tjb. (75) : 3 341 M pass./km.
Information. (74) : 44 quotidiens ; tirage global : 5 867 000. (74) : *4 812 000. (74) : 1 619 000. (74) : 429 200 fauteuils ; fréquentation : 99,9 M. (75) : 1 400 000.
Santé. (74) : 13 013.
Éducation. (75) Prim : 5 599 074. Sec. et techn. : 3 176 154. Sup. : 297 219.
Institutions. République, proclamée le 15 août 1948. Constitution du 21 novembre 1972 (remplace la Constitution de 1962). Régime présidentiel. Président de la République et chef de l'exécutif : Park Chung Hee, réélu pour la troisième fois le 23 décembre 1972. Premier ministre : Choi Kyu Ha

Émirats Arabes Unis

Dubaï. 230 000. 3. 3,2 %.
Économie. Énerg. (*75) : 13 699.
Transports.  : 143 000 tjb.
Information. (71) : 51 000. (75) : 44 000.
Santé. (73) : 211.
Éducation. (74). Prim. 52 821. Sec. et techn. : 11 931.
Institutions. État fédéral indépendant le 2 décembre 1971 (Membres : Abou Dhabi, Dubaï, Chardja, Foudjeira, Adjman, Om el-Kaywayn, Ras el-Kheima). Chef de l'État : cheikh Zayed ben Sultan al-Nahyane, souverain d'Abou Dhabi, réélu par le Conseil fédéral le 30 novembre 1976. Chef du gouvernement : cheikh Maktoum ben Rached al-Maktoum, prince héritier de Dubaï.

Différends

Une vive tension oppose Ras el-Kheima (l'une des sept composantes de l'État des Émirats arabes unis) au sultanat d'Oman, dès le mois d'août 1977, au sujet d'une bande côtière au large de laquelle Ras el-Kheima a entrepris des recherches pétrolières. Les incidents de frontière, mineurs à l'origine, s'aggravent vers la fin de l'année. Le 30 novembre, une patrouille navale omanaise somme les pétroliers de cesser les forages. L'épreuve de force n'est évitée que grâce à l'intervention du président des Emirats arabes unis, le cheikh Zayed, qui offre une aide financière substantielle au sultan Qabous d'Oman.