Disposant de 71 députés (contre seulement 68 au parti du Congrès), le Congrès Indira devient le représentant de l'opposition officielle au Lok Sabha, l'Assemblée fédérale (12 avril). La progression du Congrès Indira se poursuit lors de trois élections partielles dans l'État d'Uttar Pradesh, le plus peuplé de l'Inde (7 mai), au cours desquelles un de ses candidats est élu au Parlement fédéral et deux autres à l'Assemblée locale de cet État.

Excès

Les dirigeants indiens ont pourtant tout fait pour contrer la fille de Nehru, cherchant notamment à la faire condamner pour les excès commis par son gouvernement pendant la période de l'état d'urgence (juin 1975-mars 1977). Dès le 13 juillet 1977, le ministre de l'Intérieur, Charan Singh, vieil et farouche adversaire d'Indira Gandhi, révèle qu'elle a envisagé, durant ses fonctions de Premier ministre, d'éliminer « physiquement » les principaux dirigeants de l'opposition. Le 1er août, le gouvernement présente un Livre blanc, qui révèle les multiples violations de la liberté de la presse dont elle s'est rendue coupable.

Bien plus : le 3 octobre, Indira Gandhi est arrêtée pour « abus de pouvoir » et placée en garde à vue à son domicile. On l'accuse d'avoir acquis une centaine de véhicules tout-terrain en abusant de ses titres officiels. Elle prie les policiers de lui passer les menottes, mais ceux-ci refusent. Dès le lendemain, elle est remise en liberté sans condition. Sans doute les dirigeants indiens se sont-ils rapidement rendu compte qu'un tel personnage (fervent admirateur de Jeanne d'Arc) eût été plus encombrant en prison qu'en liberté.

Il n'empêche qu'Indira Gandhi n'est pas entièrement tirée d'affaire. Le 15 mai 1978, le gouvernement annonce qu'il va entamer contre elle des poursuites judiciaires. Cette décision fait suite à la présentation devant le Parlement des deux premiers rapports de la commission chargée d'enquêter sur les abus de l'état d'urgence. Selon ces rapports, l'ancien Premier ministre a notamment imposé l'état d'urgence sans consulter son cabinet, bafoué les libertés individuelles, accordé à son fils Sanjay (incarcéré le 5 mai pour une durée d'un mois) des « pouvoirs sans limites ».

Manière forte

Pourtant, le gouvernement de Morarji Desai n'hésite pas, lui aussi, à user de la manière forte. Le 14 avril, un millier environ d'ouvriers agricoles de l'Institut agronomique de Pantnagar (au nord-ouest de l'Uttar Pradesh) manifestent pacifiquement. Ils demandent une augmentation de salaire, de meilleures conditions de travail et la sauvegarde de leur emploi. La police tire : 150 morts. Indira Gandhi ira aussitôt proclamer sa sympathie aux familles des victimes de cette tuerie, qui demeure un des plus graves incidents parmi les brutalités des forces de l'ordre face aux moindres rassemblements populaires au cours des mois écoulés. Jamais le mythe de la non-violence indienne n'a semblé si chimérique.

Trois autres événements politiques valent d'être relevés : l'élection, le 21 juillet 1977, de Neelam Sanjiva Reddy, comme président de la République, fonction purement protocolaire ; la dissolution, le 14 avril 1978, de l'agence de presse officielle Samachar, remplacée par quatre agences indépendantes qui avaient été contraintes de fusionner en 1976 ; la crise du Janata, devenue publique avec la démission de C. Singh et de R. Narain respectivement ministre de l'Intérieur et ministre de la Santé, qui jugent insuffisantes les poursuites engagées contre I. Ghandi.

Sur le plan diplomatique, un fait majeur : la visite, le 2 janvier, du président Carter à New Delhi. Dans un hommage remarqué, il déclare : « L'exemple indien prouve que la démocratie n'est pas un jouet pour l'homme riche. » Le 2 février, le chah d'Iran se rend en Inde, consacrant le resserrement des liens entre Téhéran et New Delhi. Morarji Desai fait deux voyages officiels, l'un à Moscou le 21 octobre 1977 et l'autre à Washington en juin 1978.

En dépit de graves divergences sur la non-prolifération nucléaire, Washington annonce la livraison à l'Inde de 7,7 t d'uranium enrichi, mais une nouvelle loi américaine renforçant les pouvoirs de contrôle du pays fournisseur d'uranium laisse planer une menace sur les accords passés avec le Premier ministre Desai. Cependant, deux grandes firmes américaines, Coca-Cola et IBM, cessent toute activité en Inde, refusant de réduire à 40 % le montant de leur participation dans leur filiale indienne. Enfin, deux catastrophes frappent l'Inde : un typhon ravage l'Andhra Pradesh, faisant 20 000 morts (19 novembre) et un Boeing d'Air India s'écrase au large de Bombay le 1er janvier 1978 avec 213 personnes à bord. Il n'y a aucun survivant.

Indonésie

Djakarta. 139 620 000. 93. 2,6 %.
Économie. PIB (73) : 126. Production (75) : G 148 + A 150. Énerg. (*75) : 178. C. E. (73) : 20 %.
Transport. (*75) : 3 525 M pass./km, 966 Mt/km. (*75) : 383 100 + 231 500.  : 1 046 000 tjb. (75) : 916 M pass./km.
Information. (74) : 170 quotidiens ; tirage global : 2 035 000. (74) : 5 000 000. (70) : *90 000. (75) : 305 000.
Santé. (74) : *7 000.
Éducation. Prim. (75) : 14 280 157. Sec. et techn. (75) : 2 565 053. Sup. (72) : *240 000.
Institution. République indépendante proclamée le 17 août 1945 sous le nom d'État unitaire de la république d'Indonésie. Constitution de 1945. Président de la République et président du Conseil : général Suharto, élu pour un troisième mandat le 22 mars 1978.

Un profond malaise s'installe après la réélection de Suharto

Une nouvelle fois, la tradition du musjawarah — le consensus — est scrupuleusement honorée. Cette coutume veut que les décisions politiques soient approuvées sans vote et à l'unanimité. Le général Suharto est donc reconduit par acclamation pour cinq ans à la présidence de la République le 22 mars 1978. Il est seul candidat. Ce rituel parlementaire dissimule mal le malaise politique qui règne depuis de longues semaines.

Mise en garde

Bastions de l'opposition au régime, les campus universitaires sont le théâtre d'une agitation sporadique. En janvier et février 1978, la troupe occupe l'Institut de technologie de Bandoung, foyer intellectuel de Java. En mars, les étudiants de Djakarta manifestent, en dénonçant, en vrac, corruption, pauvreté et analphabétisme. Ils vont même jusqu'à mettre en garde le gouvernement contre le risque d'une insurrection communiste dans le cas où celui-ci demeurerait inactif. La lutte des étudiants trouve un écho favorable dans les milieux musulmans, regroupés autour du sultan Hamengku Buwono IX, dernier descendant de la dynastie royale javanaise.