D'autre part, l'homme fort de Dacca espère que le recours au suffrage universel fortifiera la légitimité d'un régime né d'un coup de force. En tout cas, des élections générales sont programmées pour décembre 1978.

Prudent, Ziaur Rahman s'en tient pourtant à des demi-mesures. La loi martiale n'est pas assouplie ; dix-neuf petits partis politiques ont pu reprendre leurs activités (24 avril), mais les trois principales formations du pays demeurent interdites : le parti socialiste nationaliste (JSD) — qui contribua pourtant au retour au pouvoir du général Ziaur —, la ligue démocratique de l'ancien président Moshtaque Ahmed (toujours emprisonné), et le parti communiste prosoviétique, dont le vieux chef, Moni Singh, a été libéré le 23 avril 1978 ; plusieurs centaines de prisonniers politiques ont été élargis, mais plus de 2000, en majorité marxistes-léninistes, restent détenus ; les rassemblements sont autorisés, mais pas les défilés.

Pour soutenir sa candidature, Ziaur Rahman a suscité la création d'un large front national regroupant notamment, outre une nouvelle formation — le Parti nationaliste et démocratique (Jagodal), qui passe pour le parti du président —, le parti national Awami (que dirigeait autrefois le vieux maulana Bashani), la ligue musulmane et le Parti de l'unité populaire (marxiste-léniniste influent en milieu ouvrier). Face à cette coalition hétéroclite, on retrouve la Ligue Awami, ancien parti unique du président assassiné (Journal de l'année 1975-76) sheikh Mujibur Rahman, le père de l'Indépendance.

Épreuve

Le régime a connu une très dure épreuve le 2 octobre 1977. Ce jour-là, des négociations se poursuivent sur l'aéroport de Dacca entre les autorités bangalaises et un groupe de terroristes japonais qui ont détourné le DC-8 Paris-Tōkyō des Japan Airlines. À la faveur de la confusion, une mutinerie éclate au sein de l'armée. Les révoltés tentent de prendre d'assaut la tour de contrôle de l'aéroport et parviennent à disposer, pendant quelques minutes, de la radio. Une tentative de rébellion se produit également à Bogra. La répression est féroce : environ 300 militaires sont exécutés.

Quelques légers progrès sont enregistrés dans le domaine économique. Le régime a réactivé plusieurs projets de développement rural. Le PNB augmente, en 1977, d'environ 10 %, mais cette croissance profite, pour l'essentiel, aux paysans riches.

Les rendements agricoles s'améliorent. La récolte de riz 1977-1978 s'est située autour de 11 millions de t, mais le déficit alimentaire (comblé par l'aide étrangère, notamment américaine) avoisine 3 millions de t. L'assistance extérieure continue de financer les trois quarts des dépenses de développement. Aussi les pays donateurs ont-ils fait comprendre aux dirigeants de Dacca que la poursuite de leurs programmes d'aide supposait une consolidation du régime.

Gange

Les relations avec l'Inde s'améliorent sensiblement après la chute d'Indira Gandhi. Le 5 novembre 1977, les deux pays signent — enfin — un accord mettant provisoirement un terme à leur querelle sur le partage des eaux du Gange pendant l'étiage du fleuve (de janvier à mai). Cet accord fixe pour cinq ans les quantités d'eau dont les deux pays pourront disposer. Ziaur Rahman effectue, en décembre, une tournée dans le sous-continent, qui se solde notamment par le resserrement des liens avec le Pakistan. En revanche, plus de 200 000 musulmans birmans se réfugient au Bangladesh pour échapper aux exactions de l'armée de Rangoun (fin avril, début mai 1978). Originaires de l'Arakan, ils ont été chassés de leurs villages. Rangoun prétend qu'il s'agit de Bengalais entrés illégalement en Birmanie.

Enfin, pour la petite histoire, le boxeur Mohamed Ali est fait citoyen d'honneur du Bangladesh (22 février), et devient consul général honoraire de ce pays à Chicago.

Bhoutan

Punākha et Thimphu. 1 035 000. 22. 2,1 %.
Économie. PIB (70) : 47.
Information. (71) : 1 500 fauteuils ; fréquentation : 0,5 M.
Institutions. Monarchie Souverain : Jigme Singhi Wangchuk ; succède, le 24 juillet 1972, à son père Jigme Dorji Wangchuk, décédé. Le roi exerce le pouvoir depuis 1954. Les relations internationales du Bhoutan sont assurées par l'Inde.

Birmanie

Rangoon. 30 830 000. 45. 2,5 %.
Économie. PIB (74) : 101. Production : G (74) 111 + A (75) 122. Énerg. (*75) : 51. C. E. (74) : 6 %.
Transports. (*75) : 3 360 M pass./km, 407 Mt/km. (76) : 36 300 + 39 300. (75) : 37 M pass./km.
Information. (74) : 7 quotidiens ; tirage global : 319 000. (74) : 659 000. (72) : 302 600 fauteuils ; fréquentation : 222,5 M. (75) : 31 000.
Santé. (73) : *4 280.
Éducation. (72). Prim. : 3 300 153. Sec. et techn. : 871 880. Sup. : 56 310.
Institutions. République indépendante proclamée le 4 janvier 1948. Constitution du 4 janvier 1974 ; remplace la Constitution de 1947 et fait du pays une République socialiste. Chef de l'État : général U Ne Win, réélu le 2 mars 1978. Premier ministre : U Maung Maung Kha.

Cambodge

Phnom Penh. 8 350 000. 46. 2,8 %.
Économie. PIB (70) : 125. Énerg. (*75) : 16. C. E. (70) : 4 %.
Transports. (73) : 54 M pass./km, 10 Mt/km. (72) : 27 200 + (73) : 11 000. (75) : 13 M pass./km.
Information. (74) : 17 quotidiens. (74) : *112 000. (75) : 71 000.
Santé. (71) : 438.
Institutions. État indépendant le 9 novembre 1953. République démocratique. Constitution du 3 janvier 1976. Chef de l'État : Khieu Samphan, élu le 14 avril 1976 ; succède au prince Norodom Sihanouk, démissionnaire le 2 avril 1976. Premier ministre : Pol Pot.

Secret

La guerre avec le Viêt-nam n'a pas levé le voile sur le secret du Cambodge. Désormais, depuis plus de trois ans, le pays reste quasiment fermé à tous les observateurs. Le seul document qui permette de se faire une idée des conditions d'existence de ses habitants est un film réalisé par une équipe yougoslave et diffusé au printemps 1978 par A2. Ce film, quoique tourné avec l'accord des autorités de Phnom Penh, confirme dans son ensemble le témoignage des réfugiés : une violation constante des droits de l'homme. Un colloque international, qui s'est tenu au mois d'avril 1978 à Oslo et qui rassemblait plusieurs experts, arrive à des conclusions analogues. Selon certains de ces experts, les Khmers rouges auraient tué 500 000 personnes depuis 1975.