Depuis septembre 1977, Pol Pot, secrétaire général du PC khmer, est visiblement l'homme fort du régime, et semble éclipser le chef de l'État Khieu Samphan. Pour la première fois depuis sa démission de toutes ses fonctions en 1975, le prince Norodom Sihanouk adresse, le 29 septembre 1977, une lettre à Pol Pot pour « rendre hommage » au PCK. D'autres messages suivront, visant tous à justifier l'action du parti. Tout se passe comme si les dirigeants cambodgiens, dans la période de tension avec le Viêt-nam, avaient voulu remettre en scène l'homme qui, pendant des années, avait incarné le pays. Sihanouk reste cependant invisible aux rares visiteurs étrangers. Enfin, un accord avec la Thaïlande, en février 1978, met fin en principe aux multiples incidents qui, depuis deux ans, se multipliaient à la frontière entre les deux pays. La réconciliation entre Bangkok et Phnom Penh n'empêchera pas malgré tout de nouveaux et graves incidents.

Chine

Pékin. 852 130 000. 91. 1,7 %.
Économie. Énerg. (75) : 693.
Transports. (71) : *301 000 Mt/km.
Information. (70) : *12 000 000. (73) : *500 000.
Éducation. (72). Prim. : 479 616. Sec. et techn. : *105 000. Sup. : 9 988.
Institutions. République populaire proclamée le 1er octobre 1949. Nouvelle Constitution adoptée par l'Assemblée nationale populaire le 5 mars 1978. Président du comité permanent (rôle virtuel de chef de l'État) : maréchal Yeh Chien-Ying. Président du parti et Premier ministre : Hua Kuo-feng ; succède à Chou En-lai et Mao Tsé-toung, décédés.

Point final à onze ans de révolution culturelle

Après neuf mois de travaux intensifs, l'énorme mausolée de Mao Tsé-toung barre d'un cube de 33 m de haut la défunte perspective de la place Tien Anmen à Pékin. Il est terminé quelques jours avant le premier anniversaire de la mort du Grand Timonier, célébré le 9 septembre 1977 par son successeur Hua Kuo-feng, confirmé dès juillet comme président par le Comité central.

Réhabilitation

En même temps, le comité central exclut la bande des Quatre : la veuve Chiang Ching, Wang Hong-wen, Chang Chun-chiao et Yao Wen-yuan ; ils sont arrêtés depuis octobre 1976 (Journal de l'année 1976-77). À l'inverse, Hua fait réhabiliter leur adversaire technocrate antigauchiste, le vice-président et vice-premier ministre Teng Hsiao-ping, destitué au cours de la Révolution culturelle en 1966, réhabilité en 1973, à nouveau destitué en 1976, à nouveau réhabilité en 1977 au 3e rang de la hiérarchie. Dans la foulée, suit le 11e Congrès du parti communiste, qui siège à Pékin du 12 au 18 août 1977. Dès le 19, le Comité central fraîchement élu élit à son tour un bureau politique largement renouvelé où dominent techniciens et militaires. On évoque toujours Mao, lutte de classes, révolution continue et dictature du prolétariat, mais le communiqué final proclame « la fin victorieuse de la première grande révolution culturelle prolétarienne de notre pays qui a duré onze ans ». Et le camarade Teng conclut le discours de clôture en reprenant la dernière directive de celui qui l'avait choisi pour dauphin, Chou En-lai : « Faire de la Chine avant la fin du siècle un grand État socialiste puissant et moderne ».

Après ce congrès, qui en fait officiellement « le président Hua », chef du parti et de l'armée, successeur reconnu de Mao, Hua Kuo-feng annonce la prochaine convocation de l'Assemblée nationale du peuple, dont il espère obtenir une meilleure maîtrise d'un nouveau gouvernement. En attendant, se poursuit une chasse aux sorcières prenant pour gibier les chasseurs d'hier. Des milliers d'exécutions, affirme le Sunday Telegraph, aussitôt démenti bien que, dès le mois de novembre 1977, le Quotidien du peuple croie devoir recommander « prudence et modération » dans l'usage de la peine capitale, conseillant d'accorder, avant l'exécution, deux ans de mise à l'épreuve avec l'espoir d'une grâce si le repentir est sincère.

À l'inverse, des milliers de victimes de précédentes purges retrouvent une vie normale : 10 000 rien qu'à Changhai, fief de la bande des Quatre, d'après le Quotidien du peuple. Confucius lui-même, mis dans le même sac que Lin Piao, est blanchi en février 1978 par la revue Études historiques. Autre signe d'apaisement, la réunion, à la veille de celle de l'Assemblée, du Comité national de la conférence consultative du peuple chinois, tombé aux oubliettes depuis un quart de siècle et qui ressuscite le pluralisme des tendances de l'ancien Front uni.