Robaya Ali représentait une tendance modérée et n'était pas insensible aux efforts diplomatiques de la Chine dans cette région du monde. Il est remplacé par un partisan de l'URSS, le Premier ministre Ali Nasser Mohammed, qui semble disposer de l'appui de la majorité de l'armée et des milices populaires.

Le Sud-Yémen, devenu indépendant le 30 novembre 1967, après une guerre de libération dirigée contre l'occupation anglaise, a adopté une orientation qui se veut socialiste. D'abord aidée par les Chinois, la république populaire démocratique du Yémen leur a préféré les Soviétiques et les Cubains. Dix années de révolution ont mis fin à la domination des féodaux et des gros commerçants et apporté des transformations profondes — libération des femmes, scolarisation — dans un pays qui reste pauvre et en butte à l'hostilité de puissants voisins (Arabie Saoudite, Iran).

Le Front national, parti unique au pouvoir, a procédé à une collectivisation totale, organisé militairement la population et brisé toute velléité d'opposition. La réouverture du canal de Suez a redonné une certaine activité portuaire à Aden, et l'Arabie Saoudite participe au financement de quelques projets de développement. Malgré un effort d'industrialisation (textiles, conserveries, etc.), les importations demeurent 10 fois supérieures aux exportations ; la balance commerciale, en dépit des rentrées invisibles et des envois des travailleurs immigrés, est en déséquilibre.

Cette situation économique difficile explique la prudente politique diplomatique du Sud-Yémen. Aden soutient de près ou de loin divers fronts de libération (Oman, Dhofar, Érythrée), tout en s'efforçant de conserver de bonnes relations avec l'Éthiopie, la Somalie, l'Arabie Saoudite et de développer la coopération avec l'Occident, en particulier la RFA et la France.