Diplomate encore, dès août 1977, Arafat va du Caire à Moscou faire exiger par ses amis soviétiques une présence de l'OLP à l'éventuelle reprise de la conférence de Genève. Chacun proposant, au cours des mois suivants, une formule pour que cette présence soit acceptée par Israël ; soit des professeurs palestiniens naturalisés américains, proposés par Sadate, soit les deux solutions du secrétaire d'État américain Cyrus Vance : ou bien une délégation arabe unique où l'OLP serait noyée, ou bien une délégation pour chaque pays arabe, les Palestiniens représentés au sein de la délégation jordanienne. Un jour, à Washington, le ministre israélien des Affaires étrangères Moshe Dayan finit par lâcher : « Nous ne regarderons pas de trop près les accréditations. »

Genève

En fait, plutôt que l'OLP, Israël préférerait à Genève des notables de la Cisjordanie occupée, des maires par exemple. En attendant, l'OLP multiplie les contacts pour convaincre ses amis. Ainsi, son chef du département politique, Farouk Kaddoumi, est souvent à Paris et son observateur à l'ONU, Zehdi Labib Terzi, est invité par le Conseil de sécurité à participer à ses délibérations sur l'« exercice des droits inaliénables du peuple palestinien », tandis que l'Assemblée générale vote massivement pour une représentation de l'OLP à Genève.

Mais le voyage de Sadate à Jérusalem va modifier le jeu. Bien qu'il répugne à rompre, Arafat doit tenir compte, par exemple, du chef de la Saïka, branche armée de l'OLP au Liban soutenue par la Syrie, Zohair Mohsen, qui proclame : « Le sang du traître Sadate doit être répandu. » Arafat doit donc refuser l'invitation à la conférence du Caire et participer, au contraire, au sommet du refus de Tripoli, dès le 1er décembre, et, début février 1978, à Alger à la constitution du Front arabe de la résistance. D'autant que l'initiative de Sadate n'a pas seulement fait éclater le monde arabe en faucons et colombes. Elle a aussi obligé à se réunir (au moins pour un temps) les frères palestiniens séparés : les durs d'Habache et ceux d'Arafat obligés de se durcir. Ils publient même une plate-forme commune en 6 points, le 4 décembre 1977, à Tripoli.

Assassinats

Par la suite, les terroristes forceront plus encore la main d'Arafat. D'abord le 4 janvier 1978, en assassinant un Palestinien modéré, Saïd Hammani, représentant de l'OLP à Londres où il venait d'organiser un colloque israélo-arabe. Un mois plus tard, le 18 février, à l'hôtel Hilton de Nicosie, deux jeunes terroristes (un Jordanien et un Koweïtien, d'après leurs papiers) tuent, « parce qu'il œuvrait contre la cause palestinienne », le meilleur ami de Sadate, ancien ministre égyptien, patron du journal Al Ahram, Youssef Sebaï.

Avec 11 otages (dont des responsables de l'OLP), ils s'enfuient à bord d'un avion, mais sont obligés de revenir le lendemain dimanche à Chypre, sur l'aérodrome de Larnaca. Venus du Caire pour s'emparer d'eux, des soldats égyptiens ouvrent le feu. Les gardes chypriotes ripostent, appuyés, dit-on, par une douzaine de Palestiniens venus précipitamment de Beyrouth. Bilan : 7 blessés chypriotes et, chez les Égyptiens, 16 blessés et 15 morts enterrés au Caire aux cris de « À mort les Palestiniens ! », qui ponctuent un très violent discours de Sadate contre « ceux qui prétendent diriger le peuple palestinien ». Une prochaine loi va les dépouiller des privilèges dont ils jouissent en Égypte.

Impuissance

Sa relative impuissance mise à nu par cet attentat, Arafat retourne à Moscou au début de mars, après tous les autres chefs d'État arabes durs. Reçu par Brejnev lui-même, il part pour Berlin-Est, où il arrive juste la veille d'un autre attentat, beaucoup plus sanglant que tous les autres, manifestement fait pour enrayer tout mécanisme d'approche de la paix.

Le samedi 11 mars, jour du sabbat, d'activité en sommeil, 11 terroristes dont 2 femmes débarquent par mer en Israël et, dans la banlieue de Tel Aviv, s'emparent d'un autobus puis d'un autre, et, dans la confusion d'une résistance, mitraillent à la fois passants et passagers-otages. Bilan : 82 blessés et 45 morts dont 9 terroristes. Les deux autres (dont une femme) sont arrêtés. Attentat aussitôt revendiqué par le Fatah, branche terroriste de l'OLP, qui lance même un appel à encore plus de violence. Après quoi (malgré les adjurations de Paul VI et du président Carter) les représailles israéliennes commencent trois jours plus tard.