Les causes de friction entre les trois membres de la Fédération ne manquent pas. La Syrie reproche à l'Égypte l'expulsion des conseillers militaires soviétiques. La Libye, au contraire, se félicite du fossé qui se creuse entre Le Caire et Moscou, et critique la Syrie de raffermir ses liens avec l'URSS.

Le colonel Kadhafi réprouve l'ensemble du système politique en vigueur à Damas. Il insiste auprès du président Hafez Assad afin que le parti Baas, au pouvoir, soit dissous ainsi que toutes les autres formations, et l'incite à former un parti unique islamisant et à chasser les ministres communistes du gouvernement. Le président libyen s'offusque, en outre, du fait que la nouvelle Constitution syrienne n'érige pas l'islam en religion d'État. Les autorités de Damas sont persuadées que les émeutes confessionnelles qui éclatent dans le pays en février ont été suscitées par des agents du colonel Kadhafi.

Un accord est conclu le 2 août 1972 entre le colonel Kadhafi et le président Sadate, en vue de réaliser la fusion de la Libye et de l'Égypte avant le 1er septembre 1973. Le projet, salué à Tripoli comme le couronnement des efforts déployés personnellement par le colonel Kadhafi, est accueilli avec peu d'enthousiasme dans la presse égyptienne. Les conceptions idéologiques et politiques du président libyen, considérées comme d'un autre âge, sont loin de correspondre aux opinions des dirigeants du Caire et encore moins au niveau culturel de la société égyptienne. Le colonel Kadhafi admet d'ailleurs que même Nasser avait, de son vivant, manifesté quelque tiédeur à l'égard de ses propositions d'union.

La population libyenne ne dissimule pas ses réserves à l'égard du projet de fusion. L'afflux massif d'Égyptiens en quête d'un emploi – quelque 200 000 – les irrite et les inquiète. Les Égyptiens sont, certes, utiles dans un pays sous-peuplé qui manque de main-d'œuvre et de cadres, mais ils occupent le plus souvent des postes de responsabilité, sont aussi mieux rémunérés que les autochtones. Beaucoup de Libyens, enfin, conscients de la richesse de leurs ressources pétrolières, redoutent que l'Égypte en absorbe une bonne partie.

Le 26 février, les ressentiments de la population éclatent au grand jour. Aux obsèques des victimes du Boeing libyen, la foule, à Benghazi, scande des slogans contre l'Égypte et saccage les bâtiments publics ou privés égyptiens.

Entre-temps, les présidents libyen et égyptien, diverses commissions multiplient les séances de travail pour jeter les bases de l'union, ériger les institutions communes. Rien ne transpire sur les résultats de ces conciliabules. La presse libanaise fait état de nombreuses divergences qui auraient empêché les travaux de progresser.

En juin, le déclenchement de la « révolution culturelle » en Libye paraît inquiéter les dirigeants du Caire, qui veulent épargner à leur pays un bouleversement analogue. La presse égyptienne censure les passages des discours du chef de l'État libyen et passe sous silence les activités des « comités révolutionnaires ». En revanche, la nationalisation de la compagnie pétrolière américaine Bunker Hunt est saluée avec enthousiasme.

Éthiopie

Addis-Abeba. 25 250 000. 21. 1,9 %.
Économie. PNB (69) 65. Production : G (69) 134 + A (*70) 120. Énerg. (*70) : 32. C.E. (69) : 7 %.
Transports. (67) : 82 M pass./km, 216 M t/km. (*70) : 47 200 + 12 300. (*70) : 314 325 000 pass./km.
Information. (70) : 8 quotidiens ; tirage global : *28 000. (70) : *160 000. (69) : *8 000. (70) : 46 000.
Santé. (69) : 345. Mté inf. (63) : *84.
Éducation. (69). Prim. : 590 445. Sec. et techn. : 114 443. Sup. : 5 831.
Institutions. Monarchie constitutionnelle. Constitution octroyée en 1955. Souverain : empereur Haïlé Sélassié Ier (2 novembre 1930). Premier ministre : Tsahafi Tizaz Aklilou Habte-Wold.

Soutien

Georges Pompidou est l'hôte officiel du Roi des rois à Addis-Abeba, les 17, 18 et 19 janvier 1973. Cette visite revêt une importance capitale ; elle intéresse, d'une part, l'avenir des relations franco-éthiopiennes et, de l'autre, l'évolution politique de toute l'Afrique orientale et celle de l'ensemble des pays riverains de la mer Rouge.