La même semaine, on apprenait que des négociations s'ouvriraient avec les trois plus grands producteurs d'hydrocarbures dans le pays – Oasis, Occidental et Amoseas –, en vue « d'assurer à l'État libyen une participation de 100 % à leur capital », euphémisme pour désigner leur nationalisation. Cependant, c'est une modeste société américaine – la Bunker Hunt – qui est nationalisée le 11 juin. La mesure, de toute évidence, constitue un avertissement adressé à Washington en représailles contre le soutien des États-Unis à Israël.

Selon certaines informations, l'exaspération du colonel Kadhafi aurait été provoquée par un projet israélien destiné à détruire au sol des Mirage libyens. Des commandos israéliens devaient débarquer en Libye avec le soutien logistique de la sixième flotte. Prévenus à temps, les Libyens auraient déjoué le plan en envoyant leurs avions en Égypte.

Épuration

Pour préparer le pays à toute éventualité, et sans doute aussi pour consolider sa position face à ceux qui lui reprochent son pouvoir personnel et sa fougueuse politique, le colonel Kadhafi déclenche, le 15 avril, ce qu'il désigne comme étant une « révolution culturelle » : il suspend l'application des lois en vigueur, il recommande l'épuration des « malades politiques », il décide la distribution d'armes à tous les citoyens, sauf aux « contre-révolutionnaires » ; il pousse à la rénovation de l'administration de l'État et décrète que désormais seuls les enseignements du Coran seront mis en application. Le lendemain, il invite le peuple libyen à « brûler les livres qui contiennent des idées importées de la réaction capitaliste ou du communisme juif ».

Des comités populaires, suscités à travers tout le pays, sont créés dans chaque quartier, chaque entreprise, chaque école ou faculté. Ils procèdent à des épurations, à l'arrestation d'éléments jugés tièdes ou hostiles à la révolution. Le 2 juin, des militants occupent Radio-Tripoli et lancent un appel afin que se poursuivre « le mouvement de prise du pouvoir par le peuple ». La même semaine, des groupes s'emparent de la plupart des écoles, des hôpitaux, des banques.

Le mouvement est, en réalité, loin d'être spontané. Les décisions des comités populaires sont soumises au Conseil de la révolution, qui juge de leur opportunité. Le colonel Kadhafi espère ainsi tout à la fois susciter un soutien populaire en sa faveur et rester maître de la situation.

Madagascar

Tananarive. 6 750 000. 12. 2,3 %.
Économie. PNB (70) 132. Énerg. (*70) : 67. C.E. (70) : 16 %.
Transports. (*70) : 183 M pass./km, 235 M t/km. (*70) : 45 500 + 42 300. (*70) : 242 112 000 pass./km.
Information. (70) : 13 quotidiens ; tirage global : 53 000. (70) : *540 000. (70) : *3 200. (69) : 16 700 fauteuils ; fréquentation : 4,5 M. (70) : 27 000.
Santé. (69) : 662. Mté inf. (66) : *102.
Éducation. (68). Prim. : 815 307. Sec. et techn. : 103 107. Sup. : 3 429.
Institutions. État indépendant le 26 juin 1960. République (14 octobre 1958). Exerçant les fonctions de chef de l'État : général Gabriel Ramanantsoa. Le référendum du 8 octobre 1972 écarte le président Tsiranana et abroge la Constitution de 1959 ; un Conseil national populaire de développement remplace le Parlement. L'ensemble de ces dispositions tient lieu de constitution provisoire.

La seconde indépendance

Les relations franco-malgaches prennent un nouveau départ avec la signature, le 4 juin 1973, des accords de coopération. Après cinq mois de difficiles négociations menées alternativement à Paris et à Tananarive par le capitaine de frégate Didier Ratsiraka et par Jean-François Deniau, secrétaire d'État aux Affaires étrangères, commence la seconde indépendance de Madagascar. Alors que plusieurs conventions sont paraphées, les Malgaches décident, le 22 mai 1973, de quitter la zone franc.

La veille de cette décision, le général Gabriel Ramanantsoa, en tournée au sud de la capitale malgache, annonce dans un discours particulièrement ferme son intention de « ne pas brader la patrie ». Plus intransigeant, le capitaine de frégate Didier Ratsiraka lève les derniers doutes et rappelle à ceux qui continuent d'espérer faire fléchir les représentants de Tananarive que le moment est venu de procéder non à un simple réaménagement des relations franco-malgaches, mais à la définition d'un nouveau type de rapports entre Tananarive et Paris.