L'empereur Haïlé Sélassié, qui a célébré, le 23 juillet 1972, son 80e anniversaire, et, le 2 novembre, le 52e anniversaire de son accession au trône de la reine de Saba, enregistre avec satisfaction les déclarations faites, à Djibouti d'abord, puis à Addis-Abeba, par G. Pompidou, à propos du maintien de la présence française.

La libre navigation en mer Rouge, garantie par la présence de la flotte française à Djibouti, intéresse le gouvernement impérial, qui continue d'entretenir d'étroites relations de coopération avec l'État d'Israël. Or, l'entrée du détroit de Bab el-Mandeb pourrait, comme l'avait été celle du golfe d'Akaba au moment de la guerre de Six Jours, être fermée par les Yéménites s'il n'existait aucun contrepoids.

Inquiet du regain d'agressivité des dirigeants de Mogadiscio, qui relancent régulièrement leurs revendications territoriales sur l'Ogaden, l'empereur Haïlé Sélassié met à profit la visite de G. Pompidou pour évoquer la coopération militaire franco-éthiopienne. Il est question d'achats d'hélicoptères et de bateaux de guerre français, déjà en concurrence avec les Américains. La construction de la route reliant Djibouti à Addis-Abeba, destinée à doubler le chemin de fer franco-éthiopien, est décidée. Cette réalisation présente un intérêt stratégique pour les forces armées éthiopiennes, qui disposeront ainsi d'un axe de transport rapide.

Vivement attaqué lors de la conférence des ministres des Affaires étrangères des pays islamiques qui s'est tenue en mars 1973 à Benghazi, l'empire d'Éthiopie est violemment mis en accusation lors des assises de l'OUA. La république de Somalie ranime avec éclat la querelle frontalière qui l'oppose aux Éthiopiens, tandis que la Libye dénonce l'alliance de fait existant entre l'État d'Israël et l'Éthiopie. C'est la première fois que l'empereur, dont l'autorité morale avait toujours été reconnue par ses pairs, est contesté avec autant de véhémence. L'incident est d'autant plus grave qu'il a pour cadre l'Éthiopie elle-même, pays hôte des représentants de l'OUA.

La majorité des délégations ont été choquées par l'attitude libyenne. La proposition de transfert du siège de l'OUA dans une autre capitale africaine a donc été rejetée. Mais, comme ses collègues, l'empereur a dû voter une résolution condamnant la politique israélienne au Proche-Orient et proclamant le soutien de l'OUA aux pays arabes. C'est un échec pour Haïlé Sélassié.

La place prépondérante occupée par la politique étrangère fait passer au second plan la guerre d'Érythrée. La rébellion séparatiste s'essouffle devant les coups de boutoir de l'armée impériale ; à l'extérieur même de l'Éthiopie, les dirigeants du Front de libération de l'Érythrée (FLE) ralentissent leur action.

Gabon

Libreville. 500 000. 2. 1,3 %.
Économie. PNB (70) 670. Énerg. (*70) : 818. C.E. (70) : 36 %.
Transports. (69) : 5 200 + 4 800. (*70) : 85 624 000 pass./km.
Information. (70) : *62 000. (70) : *1 200. (70) : 7 000.
Santé. (69) : 96.
Éducation. (69). Prim. : 94 914. Sec. et techn. : 8 255. Sup. : 58.
Institutions. État indépendant le 17 août 1960. République (28 novembre 1958). Constitution de 1961, révisée en 1967 ; régime présidentiel. Président de la République et chef du gouvernement : Bernard-Albert Bongo, réélu le 25 février 1973.

Un développement économique spectaculaire

Les élections anticipées du 25 février 1973 confirment Bernard-Albert Bongo dans ses fonctions de chef de l'État avec 99,6 % des suffrages exprimés.

Le président de la République gabonaise consacre tous ses efforts à une vigoureuse offensive diplomatique destinée à recueillir les fonds nécessaires à la construction du chemin de fer transgabonais. La réalisation du premier tronçon de cette voie ferrée, qui ouvrira le centre du pays à la vie moderne et donnera accès aux gisements de fer de Belinga, nécessite un investissement de 50 milliards de francs CFA. Or, la Banque mondiale se refuse à appuyer les dirigeants de Libreville, tandis que les experts de la BIRD affirment que leur projet est dépourvu de tout réalisme. En revanche, le gouvernement français décide, à la fin juin 1973, de fournir 7 milliards de francs CFA. Il apportera, de plus, tout son soutien au financement de cette opération, lors des prochaines négociations avec la Communauté économique européenne à Bruxelles, où Bernard-Albert Bongo s'est déjà rendu personnellement en mai 1973.

Controverse

Une vive controverse frontalière éclate entre la République gabonaise et la Guinée équatoriale. Excipant de l'imprécision du traité franco-espagnol du 27 juin 1900 qui fixe les frontières de ce qui constituait alors la Guinée espagnole et le Gabon, les deux parties s'engagent dans une escalade verbale qui fait, en septembre 1972, redouter l'éventualité d'un affrontement armé.