Le gouvernement ivoirien, en novembre 1972, inaugure le barrage de Kossou, construit avec l'aide des Américains et des Italiens, dans le centre du pays. L'opération Kossou représente 100 millions de dollars d'investissements, près de 200 000 kWh de puissance installée et entraîne la formation d'un lac intérieur dont la superficie, au moment de sa plus grande extension, couvrira trois fois celle du lac Léman.

L'économie du centre du pays, son habitat et son écologie s'en trouvent modifiés. Félix Houphouët-Boigny inaugure, en décembre, le port en eau profonde et la ville nouvelle de San-Pedro, créée sur l'emplacement de la forêt vierge (à 300 km à l'ouest d'Abidjan), prélude à une immense opération de mise en valeur qui doit ouvrir tout le sud-ouest de la Côte-d'Ivoire.

Le paysannat ivoirien, composé de nombreux petits planteurs, continue de s'enrichir progressivement, mais, comme les autres paysannats du tiers monde, il ne contrôle pas les mécanismes financiers qui conduisent à l'établissement des cours des matières premières agricoles. La chute du prix mondial du café a eu des conséquences fâcheuses en 1972, tandis que la hausse des cours du cacao devrait en principe avoir des effets bénéfiques. Le budget ivoirien reste en équilibre, tandis que la balance commerciale est toujours largement excédentaire et que les tonnages de la production agricole poursuivent leur courbe ascendante.

Le gouvernement ivoirien est parfaitement conscient de l'apparition de certaines difficultés nées, notamment, de l'amenuisement des réserves de la caisse de stabilisation et du poids excessif de la dette publique. Aussi adopte-t-il des mesures d'austérité et réduit-il le train de vie de l'État.

Dahomey

Porto-Novo. 2 760 000. 25. 2,1 %.
Économie. PNB (63) 76. Énerg. (*70) : 32. C.E. (66) : 6 %.
Transports. (*70) : 71 M pass./km, 96 M t/km. (*69) : 10 600 + 6 500. (*10) : 64 864 000 pass./km.
Information. (70) : 2 quotidiens ; tirage global : 2 000. (70) : 85 000. (70) : 9 000 fauteuils ; fréquentation : 1,2 M. (70) : 6 000.
Santé. (70) : 84.
Éducation. (68). Prim. : 148 625. Sec. et techn. : 15 772. Sup. : 174.
Institutions. État indépendant le 1er août 1960. République (4 décembre 1958). Constitution de 1968. Président de la République : commandant Mathieu Kerékou, auteur du coup d'État militaire du 26 octobre 1972 qui renverse le Conseil présidentiel dirigé par Hubert Maga ; l'Assemblée nationale est dissoute.

Cinquième coup d'état militaire

Un coup d'État militaire éclate à Cotonou, le 26 octobre 1972, quelques jours avant la date prévue pour la visite officielle de Georges Pompidou. Le commandant Mathieu Kerékou dissout le Conseil présidentiel. Ses membres sont arrêtés, dont Justin Timotin Ahomadegbe, président en exercice depuis le 1er mai 1972.

Depuis l'accession du pays à l'indépendance, l'armée dahoméenne se pose en arbitre entre les politiciens pour la cinquième fois.

Les putschistes font connaître leur intention de conserver la responsabilité des affaires publiques pour une période indéterminée. Des officiers prennent le contrôle des principales sociétés d'État et le commandant Kerékou annonce que les officiers condamnés à mort par le précédent régime, pour tentative de coup d'État en février 1972 (Journal de l'année 1971-72), ne seront pas exécutés ; il les amnistie en décembre.

Socialisme

Dès sa mise en place, la junte prend une orientation socialiste, en partie sous l'influence de certains des cadets du commandant Mathieu Kerékou. Les jeunes cadres de l'armée commencent par demander, en novembre, la révision des accords de coopération franco-dahoméens.

En décembre, les militaires exigent la transformation de leurs relations monétaires avec l'ancienne puissance coloniale.

Tandis que les mises en garde aux commerçants étrangers se succèdent, la république de Guinée, où le chef de l'État s'est rendu en visite officielle peu après son accession au pouvoir, donne le ton à Cotonou. Le président de la République guinéenne est constamment cité en exemple par la radiodiffusion nationale qui a pris le nom de Voix de la révolution, comme Radio-Conakry. Des assistants techniques guinéens prêtent leur concours au gouvernement dahoméen.