Le général Ramanantsoa se garde bien de faire réprimer cette révolte qu'il avait essayé de prévenir. Après avoir dosé avec soin son gouvernement, pour que soient représentées toutes les composantes d'une population très hétérogène, il évite depuis son accession au pouvoir de favoriser quelque ethnie, voire quelque classe sociale au détriment de l'unité nationale. Il multiplie les mesures d'apaisement et reconnaît implicitement que la malgachisation a parfois été menée trop rapidement et trop brutalement.

En février, Diégo-Suarez est le cadre d'événements qui ne sont pas sans rappeler ceux de Tamatave. Ces désordres confirment que le gouvernement du général Ramanantsoa doit toujours faire face à une situation délicate dans l'ensemble du pays. Regroupée derrière son maire, une partie de la population, préoccupée par l'évolution économique d'une région qui ne vit que par et pour la base navale et les arsenaux de Diégo-Suarez, redoute que le départ des troupes françaises n'entraîne une grave paupérisation. Comme toujours en pareilles circonstances, l'antagonisme entre Mérinas et côtiers connaît un regain de vigueur.

En dépit des arrestations qui ont eu lieu à Diégo-Suarez, les troubles s'étendent quelques jours plus tard à Majunga, Antsohy et Anahidrano dans le sud-est de la Grande Île. Les manifestants s'en prennent aux bâtiments administratifs et arborent des banderoles portant des slogans hostiles au régime et favorables au renforcement de la coopération avec la France.

Gauchisme

L'opposition politique reste vive. Si le parti du Congrès de l'indépendance de Madagascar (AKFM) soutient sans réserve le nouveau gouvernement, les gauchistes, qui prennent appui sur le Kim, fer de lance de la révolution de 1972, ne désarment pas.

Le parti MFM, abréviation malgache d'un sigle signifiant « le pouvoir aux petits », parti fondé en décembre par Rakotonirina Manandafy, est le plus violemment hostile. Ses militants exigent l'abrogation pure et simple des accords franco-malgaches, l'arrêt de toute coopération avec l'ancienne puissance tutrice, la nationalisation de toutes les entreprises étrangères. Arrêté en mai, le leader du MFM passe en jugement en juin pour incitation au désordre.

Le parti Monima, dont le chef de file est Monja Joana, responsable de la jacquerie d'avril 1971 dans le sud de Madagascar, peut être considéré comme relativement proche du MFM. Alors que l'audience de ce dernier reste limitée aux milieux intellectuels de la capitale malgache, celle de Monima est particulièrement forte parmi les paysans du sud et du centre de l'île, où l'on reste apparemment irréductiblement hostile au pouvoir mérina.

Marasme

La situation économique reste très médiocre. Les milieux officiels s'efforcent de minimiser tout ce qui touche au chômage, aux grèves, aux difficultés de ravitaillement et, plus généralement, au malaise économique et social, mais les faits sont là : l'insuffisance de l'approvisionnement est à peu près totale et l'ensemble du trafic portuaire est partout en nette régression.

C'est dans cette atmosphère de tension que six cyclones successifs s'abattent, en février, sur le pays. Ils ravagent la côte orientale, et notamment l'île Sainte-Marie, et causent de nombreux morts et blessés. Les transports sont totalement désorganisés, les rizières ensablées et les vivres manquent.

Malawi

Zomba. 4 550 000. 38. 2,3 %.
Économie. PNB (69) 64. Production (68) : G 123. Énerg. (*70) : 46. C.E. (69) : 19 %.
Transports. (*70) : 59 M pass./km, 193 M t/km. (*70) : 9 800 + 7 700. (*70) : 27 662 000 pass./km.
Information. (70) : *90 000. (65) : 1 900 fauteuils. (70) : 13 000.
Santé. (67) : 95.
Éducation. (68). Prim. : 333 876. Sec. et techn. : 10 904. Sup. : 788.
Institutions. État indépendant le 6 juillet 1964. République proclamée le 6 juillet 1966. Constitution de 1966. Président de la République nommé à vie et Premier ministre : Dr Hastings Kamuzu Banda, investi par le Parlement le 20 mai 1966.

Mali

Bamako. 5 140 000. 4. 1,9 %.
Économie. PNB (63) 75. Énerg. (*70) : 21. C.E. (63) : 4 %.
Transports. (68) : 77 M pass./km, 110 M t/km. (69) : 4 500 + 5 700. (*70) : 45 525 000 pass./km.
Information. (68) : 3 quotidiens ; tirage global : 3 000. (70) : *60 000. (68) : 17 100 fauteuils ; fréquentation : 2,5 M. (70) : 5 000.
Santé. (69) : 80.
Éducation. (69). Prim. : 218 416. Sec. et techn. : 7 181. Sup. : 392.
Institutions. État indépendant le 22 septembre 1960. République (24 novembre 1958). Chef de l'État et de l'exécutif : lieutenant Moussa-Traoré ; succède à Modibo Keita après le coup d'État du 19 novembre 1968.

Maroc

Rabat. 15 230 000. 35. 3 %.
Économie. PNB (70) 215. Production : G (69) 121 + A (*70) 129 + I (70) 131. Énerg. (*70) : 194. C.E. (70) : 15 %.
Transports. (*70) : 506 M pass./km, 2 648 M t/km. (*70) : 220 800 + 83 400.  : 56 000 tjb. (*70) : 383 765 000 pass./km.
Information. (66) : 9 quotidiens ; tirage global : 197 000. (70) : 935 000. (70) : *174 000. (67) : 107 700 fauteuils ; fréquentation : 18,2 M. (70) : 168 000.
Santé. (69) : 1 144.
Éducation. (69). Prim. : 1 142 810. Sec. et techn. : 295 434. Sup. : 12 770.
Institutions. État indépendant le 2 mars 1956 (le 8 avril 1956 pour l'ex-zone nord espagnole). Monarchie constitutionnelle. Nouvelle Constitution du 1er mars 1972, approuvée par référendum. Souverain : Hassan II ; succède le 3 mars 1961 à son père Mohamed V, décédé. Premier ministre : Ahmad Osmman.

Hassan II de plus en plus isolé

Trois mois après la tuerie de Skhirat (Journal de l'année 1971-72) où le roi Hassan II avait miraculeusement échappé à la mort, un nouvel attentat est dirigé contre lui.