Autre grave lacune : il n'y a pas encore de centre de formation aux professions hôtelières dans une région dont les pouvoirs publics s'accordent à reconnaître la vocation touristique (320 000 touristes en 1968, 700 000 en 1972).

C'est pourquoi, devant l'aspiration grandissante des jeunes insulaires à cesser de s'expatrier, de nouvelles revendications sont exprimées ; il s'agit notamment de l'implantation d'une université et la création d'industries de transformation (non polluantes).

L'an I

Parce qu'elle est une île, la Corse est la seule région naturelle de France. Mais elle n'est la 22e circonscription d'action régionale que depuis 1970. Cette revendication a été satisfaite après douze années d'une campagne obstinée. Dès l'application de la réforme, en 1973, la Corse sera même la seule région métropolitaine à être dotée d'une assemblée régionale élue au suffrage universel indirect, puisque cette assemblée sera composée de tous les membres du Conseil général, des parlementaires (s'ils ne sont pas conseillers généraux) et des maires d'Ajaccio et Bastia, villes de plus de 30 000 habitants. L'opinion insulaire est en général satisfaite de ces dispositions que beaucoup considèrent encore comme insuffisantes. Elle estime qu'il s'agit d'un premier pas. Mais l'unanimité se fait lorsqu'il s'agit de réclamer le contrôle de la région sur l'ensemble des opérations de planification et d'équipement.

Rhône-Alpes

Aucune industrie nouvelle de dimensions importantes ne s'est installée dans la région Rhône-Alpes depuis une dizaine d'années, soit depuis la construction de la raffinerie de Feyzin. La remise sine die de la construction du second steam-cracking de Feyzin est une démonstration du refus de poursuivre l'industrialisation de la région. Conséquence : la perte de plusieurs milliers d'emplois qu'aurait engendrés l'implantation d'industries annexes.

Il faut y ajouter la concurrence qu'exerce désormais le complexe de Fos-sur-Mer, aspirateur de capitaux. Enfin, la disparition ou simplement le transfert des centres de décision de nombreuses sociétés de la région — séduites par Paris — constitue une cause importante de suppressions d'emplois. Mais, plus que régionales, les explications de la crise de l'emploi sont souvent locales.

– Dans le Rhône, le classement de Lyon en zone V, excluant pour les investisseurs toute aide de l'État sous forme d'exonération fiscale, peut être considéré comme un facteur de ralentissement du développement économique.

– Dans l'agglomération grenobloise, l'accroissement démographique est disproportionné par rapport au nombre d'emplois créés chaque année : en 1971 il n'y a pas eu une seule entreprise nouvelle, contre 13 en 1969 et 14 en 1970 ; les répercussions des concentrations, décidées souvent au plan national, sont très importantes. Les biscuits Lu-Brun, le chocolat Cémoi — activités alimentaires traditionnelles — et même les industries de pointe comme la Sogréah, Litton Business System France sont touchés par ces phénomènes de regroupement.

– Dans la Loire, la prudente réserve du patronat, la relative modicité des salaires — inférieurs en moyenne de 20 % à ceux qui sont pratiqués dans la région lyonnaise —, la difficile et lente reconversion des mines sont responsables d'une aggravation du marché de l'emploi.

Vendeuse ou ouvrière

Bien que le développement de l'industrie soit médiocre, 85 % des besoins exprimés par les entreprises concernent des métiers industriels faisant appel en premier aux ouvriers qualifiés.

Or, au cours du second trimestre 1971 par exemple, ces besoins n'ont été couverts qu'à raison de 34 % par les demandes d'emploi de même qualification. Dans la région Rhône-Alpes, on constate une pénurie pour les professions de l'électricité, du bâtiment et surtout de la mécanique. Et les chauffeurs de poids lourds font défaut. En revanche, pour les emplois de bureau ou de commerce on enregistre une place vacante pour deux demandes. Même à salaire inférieur, il est mieux porté d'être vendeuse qu'ouvrière.