Le gouvernement est conscient des atouts de cette région : équilibre villes-campagnes, jeunesse de la population, agriculture et élevage riches (cognac, beurre), tourisme (sur la côte charentaise), mais aussi de ses faiblesses, notamment de l'insuffisante formation professionnelle, et de l'industrialisation qui, ici comme dans d'autres régions, marque le pas.

Aquitaine

Après la croissance exceptionnelle de 1969 et le coup de frein de 1970, 1971 marque un retour à une tendance qui se dessine sur une longue période : accroissement continu des emplois tertiaires, conséquence de l'urbanisation et de la structure démographique (poids des jeunes et des vieillards) sans la contrepartie du développement industriel. La crise qui affecte le bâtiment depuis 1970, avec semble-t-il une légère reprise dans les premiers mois de 1972, est un élément important du dossier de l'emploi (le bâtiment représentait 100 000 emplois sur 306 000 dans tout le secondaire au 1er janvier 1971).

Une forte proportion des demandeurs d'emploi, surtout parmi les jeunes, est dépourvue de toute qualification. Selon une étude effectuée en Gironde, les jeunes demandeurs dépourvus de diplômes et de qualification représentaient 53 % de leur catégorie en novembre 1971 et 60 % en décembre. Pourtant, le manque de qualification n'est pas le seul ni même le principal obstacle au rapprochement des offres et des demandes. Il existe de fortes différences selon les activités.

– Si les jeunes femmes ont un léger avantage sur les hommes en matière de qualification, elles n'ont pas plus de facilités à s'insérer dans la vie active : un grand nombre de leurs diplômes concernent des spécialités où il y a peu d'offres (couture, coiffure, emplois de bureau).

– En règle générale, les offres les plus nombreuses proviennent du secteur industriel, alors qu'une grande partie des demandes d'emploi s'adressent au secteur tertiaire, surtout pour les femmes qui, en majorité, s'orientent vers des activités de services.

Fin 1971, on constate que 64,2 % des demandes féminines et 46,3 % des demandes masculines concernent le secteur tertiaire. Alors que les emplois industriels représentent 68,9 % des offres, les emplois du commerce et des services n'en représentent que 28,5 %.

En matière de formation professionnelle, une tentative a été effectuée par la Fédération des industries métallurgiques de la Gironde à la demande pressante du gouvernement. Cent postes de chaudronniers, soudeurs et mécaniciens ont été proposés en février 1971 aux demandeurs de moins de vingt-cinq ans. En mai, seuls 54 candidats sont recrutés. Après une enquête menée par le conseiller professionnel de la fédération, 11 candidats ont été admis dans les entreprises. Il n'en reste aujourd'hui plus qu'un ou deux en fonction.

Deux autres initiatives sont à retenir :
– les journées Portes de l'avenir, au lycée de Libourne, où les industriels sont venus au contact des lycéens, qui, pourtant, se sont montrés plus intéressés par les métiers du tertiaire ;
– l'entrée de 13 professeurs à l'usine pour tenter une expérience de rapprochement enseignement-industrie.

Enfin, il faut noter que le pourcentage des élèves de l'enseignement technique par rapport aux effectifs du second degré est, en Aquitaine, inférieur à la moyenne nationale. Dans l'enseignement technique court, sur 100 élèves 36 obtiennent un diplôme, 36 terminent les études sans être diplômés, 28 abandonnent en cours d'études. En outre, l'enseignement privé inonde le marché du travail d'élèves sans qualification suffisante.

L'afflux des clandestins

On a observé, surtout à partir du troisième trimestre 1971, une baisse très nette (par rapport à 1970) de la main-d'œuvre étrangère introduite et placée, ce qui confirme le faible courant d'embauche dans les entreprises.

Cependant, dans les Pyrénées-Atlantiques, département particulièrement touché par le chômage, on estime que 3 500 ouvriers venant d'Espagne transitent chaque jour par Béhobie et Hendaye ; la grande majorité travaille dans le bâtiment.