Problème particulièrement grave depuis septembre 1970, l'afflux des clandestins noirs (Sénégalais, Mauritaniens, Camerounais) pris en charge et exploités par des filières de passeurs. Le plus souvent ils sont arrêtés et refoulés après avoir déambulé plusieurs semaines à la frontière d'Irun.

Certaines zones, notamment dans les Pyrénées-Atlantiques et la Gironde, sont atteintes par le chômage. Une grande manifestation pour la sauvegarde de l'emploi dans le complexe de Lacq a réuni 6 000 personnes. Le département des Pyrénées-Atlantiques comptait, le 1er janvier 1972, le plus fort pourcentage de chômeurs par rapport au nombre de salariés (97 %). Aussi, sur l'insistance des élus, le département a-t-il été placé sur la carte des aides à l'industrialisation, situation identique à celle de la Bretagne.

En dépit des assurances que le gisement de Lacq demeurerait en pleine activité jusqu'en 1983, l'inquiétude grandit. Depuis plusieurs mois, les syndicats ouvriers, les comités d'entreprise et le groupement d'études statistiques des pays de l'Adour, le GETIS, s'inquiètent des rumeurs de rationnement du gaz.

Le particularisme tenace des élus et des habitants du bassin de l'Adour a tendance à se renforcer. On ne croit pas beaucoup, dans les Pyrénées-Atlantiques, aux retombées possibles d'un complexe pétrochimique dans l'estuaire girondin. Celui-ci reste d'ailleurs une hypothèse d'étude, et si l'on en croit l'évolution actuelle de la production d'éthylène en France, on ne voit pas pour demain un steam-cracking en Gironde.

Ce département n'a d'ailleurs guère été mieux loti que les Pyrénées-Atlantiques. Après quelques annonces d'implantations retentissantes en 1970, l'année a été plutôt marquée par des fermetures (industrie de la chaussure notamment).

On a noté 1 100 licenciements collectifs en Gironde, 23 en Dordogne, 500 dans les Pyrénées-Atlantiques et 135 dans les Landes en 1971.

Midi-Pyrénées

Avec ses huit départements, la région Midi-Pyrénées est la plus vaste de France (4 560 227 ha). En revanche, son taux démographique reste faible : sur les 2 200 000 habitants, on compte une population active de 840 000 personnes, dont 68 % d'hommes et 32 % de femmes.

À l'image de ce qui se produit dans diverses régions de l'Hexagone, Midi-Pyrénées n'échappe pas à une dégradation lente du marché du travail. La progression régulière des demandes non satisfaites (11 126 en 1970, 15 637 au 1er mars 1972) est préoccupante quand on sait que les objectifs du VIe Plan prévoient, d'ici à 1976, la création de 100 000 emplois nouveaux, soit 20 000 tous les ans.

3 000 emplois nouveaux

Les grandes industries métallurgiques ou chimiques, génératrices habituelles d'importantes charges de travail, sont peu nombreuses ici. De plus, les entreprises existantes enregistrent en général, depuis quatre ans, des normes de production stationnaires ou en légère baisse. C'est notamment le cas pour l'importante usine toulousaine d'engrais azotés, l'ACP (2 600 ouvriers), et, surtout, dans l'industrie aéronautique et spatiale qui est la mamelle nourricière de toute la région avec ses 15 000 emplois.

Ce secteur de pointe espère avec impatience le développement des nouveaux programmes Concorde, Airbus A 300 B, Jaguar.

Dans l'hypothèse la plus favorable, la mise en route des chaînes d'assemblage concernant ces appareils laisse prévoir, au cours des douze prochains mois, une embauche progressive de 2 000 techniciens dans les diverses usines du complexe aéronautique de Toulouse. À ce chiffre il faut ajouter un millier de créations d'emplois pour des entreprises sous-traitantes. Néanmoins, on ne voit pas comment les objectifs du VIe Plan pourront être atteints malgré les aides consenties par l'État aux industries qui implantent dans la région de nouvelles unités de production.

Fidélité au soleil

Parmi les demandeurs d'emploi, les jeunes de moins de vingt-cinq ans qui arrivent sur le marché du travail pour la première fois représentent 46,5 % (hommes 34 %, femmes 59 %) des 15 637 dossiers déposés à l'Agence régionale de l'emploi.