Ce taux est de 7 % supérieur à la moyenne nationale. On déduit donc que les jeunes Pyrénéens répugnent à quitter leur région d'origine pour trouver du travail ailleurs. La grande majorité des demandeurs d'emploi ne présente pas de qualification particulière et postule dans des secteurs excédentaires comme le tertiaire. C'est notamment le cas des 10 000 jeunes agriculteurs de Midi-Pyrénées qui abandonnent la terre chaque année pour aller travailler en ville.

À leur intention, une demi-douzaine de centres de FPA fonctionnent dans plusieurs départements de la région. Pendant les neuf premiers mois de 1971, ces centres ont accueilli et orienté vers des professions du bâtiment, des industries métallurgiques ou électroniques 1 501 hommes et 123 femmes.

Un nouveau centre ultramoderne, spécialisé dans la formation accélérée des automaticiens, électroniciens et mécanographes, a été créé à Toulouse-Ronceval.

La jeune industrie toulousaine des composants électroniques (Sinelec, Motorola, Canon electric) et des ordinateurs (CII) recrute cette catégorie de main-d'œuvre spécialisée.

Parmi les demandeurs d'emploi, on constate une nette répugnance à l'égard de certains métiers pénibles. Ainsi, dans le bâtiment, on enregistre beaucoup de refus, surtout dans le gros œuvre. Les autres professions rejetées concernent aussi des tâches manuelles (éboueurs, balayeurs, cantonniers).

La main-d'œuvre étrangère profite de cette situation. Avec un chiffre de 48 000 personnes, elle représente 5,6 % de la masse active. Dans 85 % des cas il s'agit d'hommes, dont 48 % d'Espagnols et de Portugais, et 32 % de Nord-Africains.

En milieu urbain, leur logement laisse souvent à désirer. À Toulouse, c'est en particulier le cas pour les Nord-Africains et les Portugais employés comme manœuvres ou terrassiers dans de grandes entreprises de travaux publics. La plupart ont laissé leur famille dans leur pays d'origine, et ils refusent obstinément de consacrer un dixième de leur salaire pour se loger convenablement.

Toulouse et le désert languedocien

En liaison étroite avec la situation de l'emploi, deux autres problèmes sensibilisent l'opinion publique et les milieux économiques.

– Le nombre et la fréquence des liaisons aériennes ou ferroviaires reliant la métropole toulousaine à Paris et aux autres grandes cités françaises ou à celles de l'Ouest européen sont encore insuffisantes. De même le sous-développement de la région en matière de télécommunications freine l'expansion et empêche souvent l'implantation de nouvelles industries. Dans toute la vallée de la Garonne, les responsables économiques souhaitent également la construction rapide de l'autoroute A61 (Bordeaux-Toulouse-Montpellier-Marseille) ; les objectifs du VIe Plan ne prévoient que la réalisation du tronçon Narbonne-Grisolle (170 km). Quant à l'autoroute A 64 (Toulouse-Tarbes-Pau-Bayonne), sa réalisation n'est envisagée qu'au-delà des années 1980. L'opinion publique s'inquiète et parle déjà de Toulouse et du désert languedocien.

– Le développement de l'industrie touristique préoccupe les responsables régionaux. Pendant trois siècles, la proximité de l'Espagne opulente a offert ses marchés commerciaux. Ce n'est plus le cas aujourd'hui, où sa situation politique, sociale et monétaire l'oblige à vivre en économie fermée. Pire : l'Espagne contemporaine, avec ses plages séduisantes et les tarifs consentis pour les loisirs saisonniers, est devenue une concurrente sérieuse et même redoutable pour l'industrie touristique des régions voisines de Midi-Pyrénées et du Languedoc-Roussillon.

Languedoc-Roussillon

Pour le Languedoc-Roussillon, 1971 aura été l'année noire du chômage. Fin février 1972, les services du ministère du Travail enregistraient le chiffre le plus élevé de sans-emploi des 20 dernières années : 19 548. C'est-à-dire un taux de chômage de 3,2 % très largement supérieur à la moyenne nationale (1,9 %).

La période 1962-1964, où l'afflux des rapatriés avait fouetté l'activité économique régionale, prend aujourd'hui l'allure d'un bref âge d'or. Dès 1965, le plan de stabilisation avait marqué un brutal coup d'arrêt. Et, en 1970, le Languedoc-Roussillon fut la seule région de France à perdre des emplois : − 1 %. Pour Jean Durand directeur régional de l'ASSEDIC, 1971 a marqué « une stabilisation dans la dégradation ».