De nombreuses entreprises ont renforcé leurs effectifs, mais elles sont toujours gênées par le manque de main-d'œuvre qualifiée, général dans toutes les branches d'activité et dans l'ensemble de la région. À la veille de l'été 1972, les horaires, souvent raccourcis (dans le cadre des accords contractuels), se situaient en moyenne au-delà de quarante-trois heures, le chômage partiel étant exceptionnel.

Phénomène habituel

Le nombre de demandeurs d'emploi devrait croître légèrement en dépit du bon climat économique d'ensemble. En effet, le 1er avril 1972, les bureaux de la Somme et de l'Aisne de l'Agence nationale de l'emploi ont été ouverts (celui de l'Oise l'est depuis l'automne de 1971) et — phénomène habituel — dès lors que s'installe dans un département un tel organisme, il draine vers lui — par la publicité qu'il fait ou par l'information qu'il distille — des personnes jusque-là sans travail ; des mères de famille, par exemple, ou des jeunes proches de l'âge du départ à l'armée, qui se décident alors à se faire connaître officiellement comme recherchant un emploi.

À la fin de mars 1972, le nombre de demandeurs d'emploi en Picardie — 8 600 — avait progressé de 23,10 % par rapport à mars 1971. Sur une plus longue période, l'augmentation beaucoup plus forte avait été de l'ordre de 90 %. Au début du printemps de 1969 et de 1970, 4 900 à 4 800 demandes, en effet, avaient respectivement été recensées dans les trois départements picards. Ces deux dernières années ont été, il est vrai, économiquement exceptionnelles avec une croissance de la production industrielle forte et rapide en général ; les entreprises ont eu alors recours à un maximum de main-d'œuvre, même celle qui était la moins préparée, la moins apte. À la fin de mars 1972, 56 % des demandes concernaient un métier ou un emploi industriels et 41 % un emploi du commerce et des services.

L'amélioration du marché du travail en Picardie se reflète dans les statistiques depuis le début de 1972. Ainsi, au printemps dernier, près d'une demande sur quatre (exactement 24,80 %) était satisfaite au cours du mois suivant le dépôt de la requête, et cette tendance a été confirmée ensuite. Le pourcentage comparable était, à la fin septembre 1971, de 35 % (plus d'une demande sur trois) et de 37 % à la fin mars 1971.

Le privilège des jeunes

Ce sont surtout les jeunes de moins de 25 ans qui ont tiré parti de cette amélioration du marché du travail dans les trois départements picards. Une personne sur trois (exactement 32,90 %) qui était en quête de travail au printemps de 1971 appartenait à cette catégorie d'âge ; ce taux était de 29,50 % au printemps dernier, et cette meilleure tendance s'est poursuivie depuis.

L'évolution dans les deux autres catégories a été en revanche défavorable. Les salariés de 25 à 49 ans à la recherche d'un poste de travail représentaient 37,60 % du total des demandeurs en mars 1971, et 39,70 % un an plus tard. Pour ceux qui sont âgés de plus de 50 ans, les pourcentages sont les suivants : 29,50 % et 30,80 %. On peut prévoir qu'à nombre de demandes constantes le nombre des chômeurs âgés de plus de 50 ans va légèrement diminuer : depuis le printemps de 1972, en effet, les chômeurs de plus de 60 ans peuvent prendre leur retraite par anticipation et les observateurs pronostiquent que nombreux seront ceux qui demanderont à bénéficier de cette mesure.

Enfin, par département, les demandes ont augmenté, du printemps 1971 au printemps 1972, de 8 % dans l'Oise et dans la Somme, et de 12 % dans l'Aisne.

Industries et tertiaire

L'évolution du nombre des offres d'emploi en Picardie a été elle aussi favorable. Depuis janvier 1972, ces dernières ont augmenté lentement mais régulièrement. En mars 1972, on en dénombrait 3 600 contre 3 300 un an auparavant. Les offres sont, au demeurant, sensiblement plus élevées qu'en 1969 et 1970 (respectivement elles étaient alors de 2 700 et de 2 600).

En mars dernier, près de quatre offres sur cinq (exactement 79,70 %) concernaient des métiers ou des emplois industriels et 21,20 %, des emplois relevant des activités commerciales et tertiaires.