Lorsque le VIIIe Congrès du PSD (Parti socialiste destourien) s'ouvre à Monastir le 11 octobre 1971, les militants sont bien décidés à exprimer librement leur avis. Le Premier ministre, Hedi Nouira, définit le socialisme destourien comme « une conciliation entre l'efficacité économique et les libertés humaines », donc une synthèse d'étatisation et de libéralisme tempéré. Ahmed Mestiri se prononce, naturellement, en faveur de la libéralisation, et à cette tendance se rallie la majorité du Congrès.

Le président Bourguiba prend, lui, ses distances avec le Congrès : il souhaite voir comment les militants et les cadres du parti se comportent en son absence. Toutefois, il recommande d'agir sans précipitation.

Après avoir, au cours d'une séance particulièrement pathétique, rejeté la proposition qui lui était faite d'être nommé président de la République à vie, il est réélu par acclamations à la présidence du Parti. Pour lui succéder, il désigne Hedi Nouira, que devront assister deux hommes plus jeunes : Mohamed Masmoudi et Ahmed Mestiri.

Mais la formation du bureau politique va constituer une pierre d'achoppement. Pour les congressistes, ses membres doivent être élus par le bureau central du Parti. Habib Bourguiba, lui, veut choisir ceux qui deviendront ses collaborateurs. Finalement, une transaction intervient : 14 personnes sont élues par le comité central sur une liste de 20 personnalités proposées par Habib Bourguiba.

Bien qu'ayant remporté un incontestable succès au VIIIe Congrès, les leaders de la tendance libérale sont écartés du pouvoir et Ahmed Mestiri, violemment pris à partie par la presse destourienne pour des jugements acerbes, est déféré devant une commission de discipline. Il est exclu du PSD par le bureau politique en janvier 1972.

Agitation

L'agitation universitaire provoque des affrontements entre la police et les étudiants. Ceux-ci demandent la libération d'un militant d'extrême gauche détenu depuis dix mois, Ben Othman Raddaoui, le respect des libertés démocratiques et l'élection d'une direction jugée représentative à la tête de l'UGET (Union générale des étudiants tunisiens). Les facultés de droit et de lettres restent fermées pendant deux mois, mais, lors de la reprise des cours, les grèves d'étudiants sont déclarées illégales.

Les difficultés économiques — notamment la hausse du coût de la vie — provoquent des grèves qui incitent le gouvernement à durcir sa position.

Tout au long de l'année, la Tunisie se trouve au centre d'une vaste activité diplomatique : le ministre des Affaires étrangères, Mohamed Masmoudi, se rend en Algérie et en Libye ; le président Boumediene effectue un voyage officiel à Tunis, et le président Bourguiba examine, à Alger, les relations bilatérales entre les deux pays, la situation au Proche-Orient, l'association de l'Algérie et de la Tunisie au Marché commun et la participation des deux pays à la conférence de sécurité européenne. L'idée d'une conférence des États méditerranéens non engagés est retenue. Le 28 juin, Habib Bourguiba est reçu officiellement à Paris, pour la première fois depuis l'indépendance de la Tunisie. Ce voyage marque le début d'une nouvelle entente franco-tunisienne.

Zaïre

22 480 000. 10. 2,2 %.
Économie. PNB (68) 79. Énerg. (*69) : 81. C.E. (68) : 42 %.
Transports. (*69) : 614 M pass./km, 2 073 M t/km. (*68) : 46 100 + 26 200. (*69) : 364 782 000 pass./km.
Information. (69) : 7 quotidiens ; tirage global : 25 000. (60) : *35 000. (69) : 33 478.
Santé. (67) : 599.
Éducation. (67). Prim. : 2 338 895. Sec. et techn. : 173 124. Sup. : 5 827.
Institutions. État indépendant le 30 juin 1960. République présidentielle. Constitution de 1967, amendée le 7 décembre 1970 : le parti unique devient l'« institution suprême de la République ». Président de la République et chef de l'exécutif : lieutenant général Joseph Désiré Mobutu, réélu pour la seconde fois le 31 octobre 1970. Le 27 août 1971, la République démocratique prend le nom de Zaïre.

Retour aux sources

Le changement de nom du pays, qui cesse en octobre 1971 de s'appeler la république démocratique du Congo et devient le Zaïre, souligne l'un des soucis essentiels du général Mobutu : effacer toute trace du passé colonial pour retourner aux sources de l'authenticité africaine.