Néanmoins, des accrochages isolés ont encore lieu en d'autres points du territoire tchadien : au Ouaddaï notamment, où, en février 1972, trois militaires français trouvent la mort près de la frontière soudanaise ; à proximité même de Fort-Lamy, où, exceptionnellement, une bande de rebelles venue du Cameroun est interceptée en juin.

Difficultés

Des tensions politiques persistent : en août 1971, un complot est découvert dans la capitale tchadienne, « destiné à installer un gouvernement fantoche à la solde de l'étranger ». Les principaux conjurés sont immédiatement arrêtés et leur chef, un certain Ahmed Abdallah, se suicide en prison. Quelques mois plus tard, en décembre 1971, les lycéens de Fort-Lamy provoquent des manifestations et se heurtent aux forces de police, qui les dispersent, faisant plusieurs blessés. Après ces graves incidents, le général Doumro, dont certains contestataires avaient acclamé le nom, est remplacé à la tête de l'état-major des forces armées par le colonel Malloum.

L'affaire libyenne

La visite officielle du président Pompidou, les 27 et 28 janvier, constitue un succès éclatant pour Tombalbaye. L'accueil chaleureux que la population de la capitale réserve au président de la République française démontre que la rébellion ne contrôle pas les centres vitaux du pays. Les discours prononcés par G. Pompidou à cette occasion prouvent que la France est décidée à aider les dirigeants de Fort-Lamy à rétablir l'ordre aussi longtemps que cela sera nécessaire. Le président de la République française proclame qu'il n'a pas l'intention de s'entremettre entre le Tchad et la Libye — qui accorde alors une sérieuse aide aux rebelles. Il lance cependant un appel au gouvernement de Tripoli pour l'inviter à cesser ses ingérences.

Réconciliation

Peu de temps après le passage de G. Pompidou au Tchad, une détente se manifeste dans les rapports entre Fort-Lamy et Tripoli ; les deux pays qui avaient rompu leurs relations diplomatiques après la découverte du complot du mois d'août les rétablissent en avril. Diori Hamani, président du Niger, qui est un ami personnel de Tombalbaye et qui n'a cessé de développer des liens de coopération entre son pays et la Libye, joue dans ces circonstances un rôle capital. Médiateur infatigable, n'hésitant pas à se rendre à plusieurs reprises à Tripoli et à Fort-Lamy, déléguant dans les deux capitales de nombreux émissaires, il finit par imposer une réconciliation dont la première conséquence est de priver les rebelles de leurs principales bases à l'étranger.

Avec le Soudan, dont les dirigeants fermèrent un moment les yeux sur les activités des rebelles, la coopération va si loin qu'en mai les dirigeants de Khartoum acheminent à partir de leur territoire des armes au gouvernement tchadien.

Rapports avec l'OCAM

Paradoxalement, c'est avec ses partenaires de l'Organisation commune africaine, malgache et mauricienne (OCAM) que F. Tombalbaye se brouille momentanément. Mécontent de diverses décisions adoptées sans aucune consultation préalable, le chef de l'État tchadien démissionne en février de son poste de président de l'OCAM et retire le Tchad de la compagnie aérienne Air Afrique. Bien qu'il ait toujours refusé de revenir sur ses deux décisions, F. Tombalbaye accepte pourtant de participer en avril 1972 à la Conférence des chefs d'État de l'OCAM qui se tient à Lomé, et il annonce à cette occasion que le Tchad entend bien demeurer membre à part entière de cette organisation francophone.

Togo

1 910 000. 34. 2,5 %.
Économie. PNB (66) 124. Énerg. (*69) : 67. C.E. (66) : 17 %.
Transports. (*69) : 88 M pass./km, 13 M t/km. (*69) : 5 900 + 4 500. (*69) : 60 597 000 pass./km.
Information. (67) : 2 quotidiens ; tirage global : 10 000. (69) : *40 000. (64) : 2 300 fauteuils ; fréquentation : 0,3 M. (69) : 4 567.
Santé. (67) : 87.
Éducation. (68). Prim. : 189 391. Sec. et techn. : 16 662. Sup. : 221.
Institutions. Indépendance le 27 avril 1960. République (30 août 1956). Président de la République et chef du gouvernement : général Eyadéma, confirmé dans ses fonctions par référendum le 9 janvier 1972. Constitution de 1963 suspendue. Le gouvernement exerce l'ensemble des pouvoirs.

Tunisie

5 140 000. 32.
Économie. PNB (68) 213. Production : G (68) 119 ; A (*69) 74 ; I (69) 101. Énerg. (*69) : 248. C.E. (68) : 15 %.
Transports. (*69) : 439 M pass./km, 1 093 M t/km. (*69) : 62 300 + 34 900. (*69) : 195 120 000 pass./km.
Information. (69) : 4 quotidiens ; tirage global : 80 000. (68) : 450 000. (69) : *37 000. (68) : 44 800 fauteuils ; fréquentation : 8 M. (69) : 68 908.
Santé. (67) : 656.
Éducation. (67). Prim. : 826 069. Sec. et techn. : 134 609. Sup. : 7 336.
Institutions. État indépendant le 20 mars 1956. République proclamée le 25 juillet 1957. Constitution de 1959, amendée le 29 décembre 1969. Président de la République : Habib Bourguiba. Premier ministre : Hedi Nouira.

Succession

Posé par lui-même il y a sept ans lors du Congres de Bizerte, le problème de la succession du président Bourguiba connaît une nouvelle acuité au cours de l'année 1971-72. « Il me reste assez de forces pour diriger le pays », affirme-t-il en qualifiant d'« inopportunes et de prématurées les spéculations et les intrigues » qui se font jour. Derrière une unité de façade, les partisans de l'ordre et de l'encadrement s'opposent aux libéraux. Le chef de file de ces derniers, Ahmed Mestiri, estimant que des réformes ne sont pas entreprises assez rapidement, remet sa démission de ministre de l'Intérieur. Son éviction du gouvernement, au mois de septembre 1971, crée un malaise : la cohésion n'est plus parfaite autour du Combattant suprême.