Les étudiants exigent à cet égard des mesures draconiennes contre les intérêts américains, une attitude plus ferme à l'égard de l'Union soviétique, jugée trop complaisante envers Washington et Tel-Aviv, la démocratisation de la vie publique en Égypte et des mesures économiques et sociales propres à consolider le front intérieur.

Le président Sadate riposte en faisant occuper l'université par les forces de l'ordre, le 24 janvier, et en faisant arrêter un millier d'étudiants, qui devaient être libérés par la suite. Sa fermeté s'explique par la sympathie spontanée que suscite le mouvement étudiant dans diverses couches de la population, dans les syndicats, dans les associations professionnelles et dans l'armée notamment.

Complots

Le danger d'une sédition intérieure est bien réel puisqu'un mois plus tard, le 21 février, un complot est éventé et ses auteurs arrêtés. Certains parmi ces derniers appartenaient aux services de la présidence. Le 22 mars, des émeutes éclatent dans le faubourg ouvrier de Choubrah El Kheima, dont les traditions révolutionnaires sont bien établies. En même temps, une campagne antisoviétique se développe dans les milieux modérés, qui reprochent au président Sadate et à l'URSS de ne prendre aucune mesure concrète pour libérer le Sinaï.

Assailli sur sa droite et sur sa gauche, le chef de l'État déploie des efforts suivis, dès le printemps de 1972, pour élargir les assises internationales de l'Égypte. L'un de ses principaux objectifs est de gagner le soutien de l'Europe par le truchement de la France. À cet effet, il fait sienne la politique gaulliste en Méditerranée, entreprend début mai un voyage en Algérie et en Tunisie, avec lesquelles il consolide ses relations, envoie à Paris, le 16 mai, son ministre des Affaires étrangères pour préparer vraisemblablement la visite officielle qu'il doit effectuer lui-même en France à l'automne.

Le Caire rétablit le 8 juin ses relations diplomatiques avec la République fédérale allemande, rompues depuis 1965.

Tout en essayant d'obtenir des fonds et des armes ailleurs qu'en URSS, le président Sadate — toujours soumis à des fortes pressions intérieures — paraît durcir ses positions à l'égard de Moscou. Dans un discours prononcé le 5 juin, cinquième anniversaire de la guerre des Six-Jours, il déclare avoir informé l'allié soviétique que l'Égypte n'acceptait pas de limiter sa liberté de choix quant aux fournisseurs d'armement et qu'elle rejetait catégoriquement le statu quo militaire.

Le rédacteur en chef de l'officieux Al Ahram estime, pour sa part, que la situation dite « ni guerre ni paix » est intolérable parce qu'elle met en péril jusqu'à l'existence même du régime nassérien. Le 8 juin, le ministre de la Guerre, le général Sadek, se rend à Moscou, où il s'entretient notamment avec son homologue le maréchal Gretchko ainsi qu'avec Leonid Brejnev. L'objet de ces conversations n'est pas révélé. On présume qu'il s'agit de nouvelles livraisons d'armes.

Le tribunal militaire chargé de juger les 91 personnes impliquées dans la tentative de complot contre le président Sadate (Journal de l'année 1970-71) a rendu son verdict le 9 décembre 1971. Les trois principaux accusés Ali Sabri (ancien vice-président de la République), Charaoui Gomaa (ancien ministre de l'Intérieur) et Sami Charaf (ancien ministre) ont été condamnés à mort. Les peines ont été commuées en travaux forcés à perpétuité.

République Centrafricaine

1 640 000. 3. 2,5 %.
Économie. PNB (63) 108. Énerg. (*69) : 36. C.E. (65) : 17 %.
Transports. (*69) : 5 000 + 6 000. (*69) : 61 867 000 pass./km.
Information. (67) : 2 quotidiens ; tirage global : 800. (67) : 48 000. (65) : 400 fauteuils ; fréquentation : 0,5 M. (68) : *2 800.
Santé. (67) : 46.
Éducation. (68). Prim. : 156 178. Sec. et techn. : 7 282.
Institutions. État indépendant le 13 août 1960. République (1er décembre 1958). Président de la République et chef du gouvernement : général Jean Bedel Bokassa, auteur du coup d'État du 1er janvier 1966 qui renverse le président David Dacko. La Constitution de 1959 est abrogée. Le gouvernement exerce l'ensemble des pouvoirs. Le général Bokassa est nommé président à vie en février 1972.

République démocratique du Soudan

15 700 000. 6. 2,8 %.
Économie. PNB (67) 109. Production : G (64) 103 ; A (*69) 139. Énerg. (*69) : 100. C.E. (67) : 20 %.
Transports. (*69) : 2 398 M t/km. (*69) : 30 100 + 17 700. (*69) : 179 400 000 pass./km.
Information. (68) : 18 quotidiens. (68) : *180 000. (69) : 30 000. (68) : 42 000 fauteuils. (69) : 45 086.
Santé. (69) : 806.
Éducation. (67). Prim. : 496 088. Sec. et techn. : 144 481. Sup. : 10 404.
Institutions. République indépendante le 1er janvier 1956. République démocratique proclamée par la nouvelle Constitution provisoire du 13 août 1971. Président de la République et chef du gouvernement : général Gaafar El-Nemeiry, ancien président du Conseil de la révolution, élu le 12 octobre 1971. Le vice-président, Abel Alier, dirige depuis le 6 avril 1972 le Conseil exécutif provisoire régional du Sud-Soudan.

Un coup d'État suivi d'une sanglante répression

Le coup d'État procommuniste, le 19 juillet 1971, marque la rupture définitive entre le régime du général Nemeiry et le PC. L'épreuve de force paraissait inéluctable avant même qu'elle ne se produise. Selon l'un des conjurés, les préparatifs du putsch commencèrent dès février 1971, après que le chef de l'État eut promis publiquement « d'écraser et de détruire le prétendu parti communiste ». Les épurations, les arrestations, la dissolution de la CGT, de tous les syndicats, des ligues paysannes, des associations féministes, professionnelles, culturelles et tribales, avaient conduit le comité central du PC à lever, le 30 mai, l'étendard de la résistance, voire du soulèvement.

Coup d'État

Le colonel Hachem el-Atta, qui prit la tête du coup d'État, avait-il agi pour le compte de son parti ? Aucun document n'est venu confirmer nettement cette hypothèse, tenue pourtant pour probable par la plupart des observateurs. Toujours est-il que le leader de la conjuration prononce, le 19 juillet 1971 à la radio, un discours d'inspiration nettement marxiste, désigne un conseil révolutionnaire dont cinq des sept membres sont connus pour leurs sympathies communistes, libère uniquement les prisonniers politiques appartenant à l'extrême gauche, rétablit la légalité de toutes les organisations populaires dirigées par des membres du PC, et les invite à désigner leurs représentants au sein d'un gouvernement dit d'union nationale. Le secrétaire général du PC, Abdel Khalek Mahjoub, qui s'était évadé de prison le 29 juin, prête ostensiblement son concours au colonel Atta. Son intention, devait-il déclarer ultérieurement à son procès, était de favoriser la transformation du « mouvement du 19 juillet en une révolution du peuple », de transférer le pouvoir du conseil révolutionnaire — « détachement de l'avant-garde prolétarienne au sein de l'armée » — au « front national et démocratique » auquel les formations progressistes auraient été conviées à adhérer.